Tour du monde des sommets. De Rambouillet à Séoul

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A trois jours près, le dernier G-20 de Séoul aurait coïncidé avec l’anniversaire des plus Grands sommets : le 15 novembre marque le 35ème anniversaire de la première réunion du G-6 au sommet dans le château de Rambouillet, près de Paris.

A trois jours près, le dernier G-20 de Séoul aurait coïncidé avec l’anniversaire des plus Grands sommets : le 15 novembre marque le 35ème anniversaire de la première réunion du G-6 au sommet dans le château de Rambouillet, près de Paris. Elle s’est tenue du 15 au 17 novembre 1975 et a donné naissance à tous les sommets suivants, devenant l'anniversaire du club mondial le plus exclusif qui n’a ni siège, ni  membres officiels. En fait, même les décisions prises lors de ces réunions n’ont pas de caractère contraignant. Cela concerne les discussions facultatives des problèmes mondiaux principaux : la sécurité, la politique mondiale, les finances, la famine, la démographie, la toxicomanie, etc. En principe, ‘’ les grands ‘’ et ‘’ les plus égaux ‘’ étaient sensés y déterminer des axes à suivre afin de résoudre les problèmes mondiaux le plus rapidement et le plus efficacement possible.

Le premier sommet de Rambouillet était organisé en raison du choc pétrolier arabe du début des années 70 et de la récession économique mondiale. L’idée de se réunir sous la forme désormais traditionnelle de sommets a été proposée par le président français Valéry Giscard d’Estaing. Il conviendrait pourtant de rappeler que la G-6 (la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et le Japon) n’existerait pas sans le ‘’ Groupe de la bibliothèque. ‘’ En 1973, les Américains ont proposé de réunir régulièrement les ministres des Finances des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Allemagne et du Japon pour discuter des problèmes survenus suite à l’embargo du pétrole arabe en 1973. Cela a eu lieu dans la bibliothèque de la Maison Blanche, d’où le nom du groupe. Giscard D’Estaing, remarquant la prépondérance des Anglo-Saxons et des Japonais qui leur obéissaient, avait proposé de conférer au G-5 une note européenne en y invitant l'Italie.

Le G-8, un anachronisme élitiste

Au cours du temps, lorsqu’il s’avérait que l’Europe était ‘’ trop présente ‘’ aux réunions, les Etats-Unis ont insisté sur l’adhésion du Canada, bien qu’à l’époque, en termes d’économie, il ne prétendait aucunement à ce statut. C'est ainsi qu'en 1976 est apparu le G-7.

La Russie a été acceptée au sein du club en 1998 afin de l’empêcher principalement de ‘’ revenir dans le passé ‘’, plutôt qu’en tenant compte de son potentiel économique (de quel potentiel pouvait-on parler si le PIB de la Russie était inférieur au PIB du Portugal). A vrai dire, elle n’est toujours pas dans les dix premiers en termes du PIB nominal (elle occupe la douzième position, et sera dans les cinq premiers seulement en 2020). Pour cette raison, nous préférons donner les indices du PIB selon la parité de pouvoir d’achat. De cette manière, la Russie occupe la septième place mondiale. Mais vu le poids politique et économique immense de la superpuissance dans les domaines de l'énergie et des matières premières, la Russie s’assure une place dans tous les G.

Le G-8 commence déjà à être considéré comme un anachronisme élitiste. Et ce n’est pas faux. Au cours des 15-20 dernières années, AUCUNE décision du G-8 n’a été mise en œuvre par TOUS les membres du club. Le dernier cas de ‘’ conscience collective ‘’ date de 1985 au sommet de Bonn. A l’époque le G-7 avait convenu d'abaisser le taux de change exagéré du dollar. Les banques centrales des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et du Japon ont fait des interventions monétaires, et le dollar a, en effet, perdu 30% en deux ans. Plus rien de similaire ne s’est plus jamais produit. Et a peu de chance d’arriver.

Les G-20 plus efficaces que les G-8?


La grave crise financière de 2008-2009 qui ne s’est toujours pas terminée a contraint le G-8 à approuver la création du G-20. A cet instant il était déjà clair qu’en l’absence d’un géant tel que la Chine, la deuxième économie mondiale, ainsi que des pays émergents comme l’Inde, la Corée du Sud, le Brésil, la Malaisie, l’Indonésie, etc. il est inutile de discuter (ne pas confondre avec régulariser) des problèmes financiers et économiques. Le G-20 se réunit régulièrement depuis 2009.

Mais comme le montre la pratique, les solutions aux casse-têtes mondiaux ne sont pas devenues plus évidentes. Lors du dernier sommet du G-20 à Séoul, il y a eu plus d’échecs que de réussites.

Dans l’ensemble, toutes les péripéties financières actuelles ne nous enseignent qu’une seule chose : il faut abandonner l’habitude d’évaluer les sommets selon le résultat final. Dans le meilleur des cas, ils empêchent la situation de s’aggraver. Au pire, ils n’apportent rien.

La multiplication successive des ces groupes (il existe au moins six G différents) manque totalement de logique. Le club économique exclusif actuel efficace ne peut pas s’élargir constamment. Et ne peut assumer le rôle de club ad hoc, autrement dit d’une organisation ou d’un mécanisme temporaire, pendant les périodes de crise. Il est clair que ces organismes ne peuvent combattre que les conséquences, or quelque chose de permanent est nécessaire pour éliminer les causes. Si les sommets allaient jusque-là, cela serait une franche réussite. Mais rien ne se profile à l’horizon.

Pour l’instant, le ‘’ tuning ‘’ pratiqué aux frais des nouveaux membres ne donne aucun résultat. Il est difficile d’arriver à quelques chose de ‘’ collectivement significatif ‘’ et de radicalement positif dans un monde regroupant 194 Etats (selon l’ONU, en réalité il en existe plus), dont la majorité, en particulier ceux du  G-8, se distinguent par leur égoïsme économique national exacerbé.

L’un des meilleurs économistes américaines, lauréat du prix Nobel d’économie et chef d’un groupe spécial d’experts de l’ONU en économie, Joseph Stiglitz, propose de créer une sorte de Conseil économique mondial fonctionnant en permanence. Il remplirait les fonctions d'organisme de surveillance financière mondiale, de détermination des problèmes dans le système économique et financier mondial et élaborerait des recommandations. Son efficacité nécessitera, bien sûr, la création d’une sorte de police financière internationale qui serait chargée de contrôler le respect des ‘’ règles du jeu ‘’ communes et aurait le pouvoir de ‘’ punir ou de gracier. ‘’

Pour l’instant, seulement trois organisations remplissent ces fonctions, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Et les trois sont dominés par les Etats-Unis (la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et le Japon). Au sein de l’OMC la situation est légèrement différente mais les voix du ‘’ monde émergent ‘’ ont du mal à se faire entendre.

Globalement, il est clair que le régime prescrit à la planète par les nombreux G ne fait pratiquement aucun bien à son organisme exténué.


La France a promis de révolutionner le G-8

Il serait déplacé de terminer, au moment de l’anniversaire du sommet de Rambouillet, sur quelque chose qui ne soit pas français. Surtout lorsque le pays du vin, du parfum, du fromage et de la galanterie possède un président aussi remarquable que Nicolas Sarkozy. Ce dernier a promis que la France, qui à partir de janvier 2011 présidera le G-8, révolutionnerait l’organisation des sommets. Lorsqu’à la dernière réunion du G-8 au Canada en été 2010, on lui a posé la question : pourquoi les sommets sont-ils devenus aussi chers (le Canada aurait dépensé près d’un milliard de dollars pour la préparation et la sécurité du G-8 et du G-20), Sarkozy a répondu : ‘’ En ce qui concerne le G-8/G-20 français, bien que je ne puisse pas confirmer le chiffre canadien, il sera dix fois moins onéreux. ‘’

Est-il possible d’organiser sur la Côte d’Azur, à Nice, un sommet de plus de 30 chefs d’Etat moins cher que le forum canadien?

Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti.

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