Davos: un forum où les problèmes ne sont pas réglés

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Le Forum Davos 2011 a débuté le 26 janvier sous le slogan "Des normes communes pour une nouvelle réalité." La nouvelle réalité sous-entend certainement les problèmes qui sont apparus pendant la crise de 2008-2009, or aucune norme commune n’existe pour cette réalité.

Le Forum Davos 2011 a débuté le 26 janvier sous le slogan "Des normes communes pour une nouvelle réalité." La nouvelle réalité sous-entend certainement les problèmes qui sont apparus pendant la crise de 2008-2009, or aucune norme commune n’existe pour cette réalité. Et on peut affirmer qu’elle ne pourra être élaborée ni lors du forum, ni après. L’économie mondiale est sérieusement malade, et les nombreux experts n’ont aucun remède, sinon un palliatif, à proposer. De plus, la crise semble derrière nous, alors pourquoi remuer les thèmes douloureux?

Les vieux problèmes refont surface

En fait, Davos n’est pas une plateforme destinée à la prise de décisions officielles, mais un lieu où les grands acteurs de l’économie et de la politique mondiale synchronisent leurs montres. Cependant, les avis exprimés lors du forum ont souvent constitué la base de décisions politiques et économiques internationales essentielles. Mais au fur et à mesure de la transformation du club élitaire en une soirée ouverte à tous, il perd le rôle de lieu où sont prises les décisions informelles capables d’influencer les destinées du monde. C’est un processus naturel. En pleine crise, les dirigeants de l’économie mondiale souhaitaient partager la responsabilité avec les autres Etats. Il a fallu également inviter ceux dont le rôle dans l’économie mondiale est actuellement mineur.

Mais ce n’est qu’une partie du problème qui n’est probablement pas des plus importantes.

Le principal problème réside dans le fait que tous ces déséquilibres macroéconomiques, les risques de bulles financières, dont parle le rapport intitulé "Les risques mondiaux 2011, sixième édition", font, en fait, partie intégrante de l’architecture de l’économie mondiale, et les supprimer intégralement signifierait démanteler tout le système mondial. Qui prendrait un tel risque! Il ne reste plus qu’à chercher de nouveaux moyens de geler les problèmes en les rejetant sur les épaules de futures générations.

C'est la raison pour laquelle, aujourd’hui surgissent des problèmes qui, en réalité, ne datent pas d’il y a un an, voire une décennie. Les risques mondiaux 2011 parlent de cinq risques en gestation qu’il faudra surveiller, dont le déficit des ressources imposant des "restrictions draconiennes" à la croissance économique, et la démographie galopante dans les régions en développement.

Mais ces problèmes ont déjà été décrits au début des années 1970 dans le rapport Halte à la croissance? rédigé par Meadows et Forester. Ce rapport a eu l’effet d’une bombe: les scientifiques, les politiciens et les économistes débattaient activement des moyens permettant de débarrasser l’économie des éventuelles restrictions écologiques, des restrictions frappant les ressources, et autres.

Comment éliminer les obstacles à la croissance

Les économistes n'ont toujours pas trouvé le moyen d'éliminer les obstacles freinant la croissance, mais ils ont trouvé celui de compenser l’épuisement des ressources naturelles, de travail, etc., dans les pays développés. Il suffit de "projeter" les problèmes d’une partie de la planète vers une autre, par exemple l'Asie. Evidemment, avec les installations industrielles. Cela s’appelle la mondialisation. Mais avec la disparition des anciens problèmes, de nouveaux surviennent: l’éloignement du producteur par rapport au consommateur a nécessité la création d’une importante infrastructure de transport, et l’extension des chaînes commerciales a conduit à l'augmentation de la monétisation de l’économie. Et la superstructure financière, qui figure souvent parmi les principaux facteurs de risque, est apparue. Evidemment, plus il y a de liquidité dans les institutions financières, plus la fluctuation des fonds est forte. Et l’argent accumulé dans la bulle financière dépasse largement les fonds dans l’économie réelle.

Cela dérange beaucoup de monde, mais cela fait partie intégrante de l’économie contemporaine. Pour cette raison, les auteurs des Risques mondiaux parlent, d’une part, de l’épuisement des capacités de l’économie mondiale et, d’autre part, appellent à éviter à tout prix de s’écarter de la mondialisation. Cette dernière est considérée par la majorité non plus comme un outil pour gagner de l’argent, mais comme la principale valeur de la société contemporaine.

La croissance chinoise profite à la Russie

Toutefois, les thèmes globaux ne seront que mentionnés, et les débats se tiendront autour des questions plus terre à terre. Le directeur adjoint de l’Institut de l’Extrême-Orient de l’Académie des sciences de Russie, Andreï Ostrovsky, est convaincu que l’un des problèmes qui sera abordé à Davos concernera la réévaluation du yuan chinois, chose sur laquelle les Etats-Unis insistent depuis longtemps poussés par leur important déficit commercial. Un taux de change élevé du yuan ne serait pas rentable pour la Chine. Cela impacterait les branches exportatrices, base de l’économie chinoise. De plus, le renforcement de la monnaie chinoise, selon M.Ostrovsky, attirerait dans le pays les capitaux spéculatifs du monde entier, ce qui est susceptible d’engendrer des problèmes supplémentaires.

Personne n’a besoin de problèmes au sein de l’économie chinoise, notamment les Etats-Unis. Il n’existe pour l’instant aucune alternative aux importations en provenance de Chine, et s’en passer conduiraient à une brusque augmentation des prix dans les magasins et au mécontentement de la population américaine.

La Russie est également intéressée par la stabilité de l’économie chinoise en croissance rapide. En commençant dans les années 1990 à importer du pétrole, la Chine a contribué à la hausse des prix mondiaux de l’or noir. Vu que l’exportation des hydrocarbures est le principal pivot de l’économie russe, les succès de la Chine sont aussi des succès de la Russie.

Bien sûr, la Russie a annoncé à maintes reprises son intention de se libérer de la dépendance vis-à-vis des matières premières. Les experts étrangers interprètent généralement avec enthousiasme les déclarations des autorités russes concernant la mise en place d’une économie de l’innovation. Les spécialistes russes sont bien plus prudents. "Nous n’avons rien fait dans ce domaine, estime le professeur du Haut collège d’économie Leonid Grigoriev. Ce n’est pas un programme, un discours ou la construction d’une entreprise, mais la création massive d’emplois bien rémunérés pour des spécialistes qualifiés qui témoignera de la libération de la dépendance pétrolière." Dans ce domaine, la situation laisse fortement à désirer.

Mais il y a également une bonne nouvelle. Le directeur adjoint de l’Institut de l’Extrême-Orient est convaincu qu’au cours des dix prochaines années, l’économie chinoise poursuivra sa croissance de 8-10% par an. Ainsi, la Russie pourra se sentir très à l'aise dans le rôle du fournisseur des matières premières.

Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti.

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