Les Etats-Unis misent sur une nouvelle révolution en Iran

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Triomphe de l’islam conservateur ou victoire de la liberté libérale?

Triomphe de l’islam conservateur ou victoire de la liberté libérale? Vendredi 18 février, les personnes qui répondent différemment à cette question concernant les événements en Tunisie et en Egypte, descendront dans les rues de Téhéran. Leur réponse est importante pour l’avenir du pays, d’autant plus que les Iraniens ne sont plus unanimes.

Cependant, il serait dangereux et prématuré de miser sur une nouvelle révolution iranienne. Et c'est ce que font les Américains, mettant en danger l’opposition locale, ainsi que les intérêts des voisins et des partenaires de l'Iran.

Etant donné que la majorité des Iraniens sont partisans du conservatisme, et vu que les manifestations du 18 février sont organisées par les autorités, on pourrait supposer que les manifestants témoigneront leur solidarité avec l’avis de leur guide spirituel, l'ayatollah Ali Khamenei.

Mais ce sont les événements historiques qui définiront le prétexte des manifestations prévues ce vendredi. Il existe parfois des coïncidences surprenantes dans l’histoire. Le 11 février 2011, le Conseil militaire suprême d’Egypte a pris le pouvoir après la démission forcée du président Moubarak. Et en Iran, il y a 32 ans, le 11 février le conseil militaire local avait fait une déclaration importante d’un autre genre, disant que l’armée n’avait pas l'intention d'interférer dans la situation et n'empêcherait pas les révolutionnaires de renverser le régime du chah. Avec un peu de retard, c’est précisément ce que la population va fêter.

En Iran, en 1979, dans un élan spontané les étudiants sont également descendus dans la rue, et les groupes islamistes, socialistes, communistes et libéraux, portés par la vague de colère, ont rejoint la lutte pour le pouvoir. A l’époque, les islamistes ont remporté la victoire.

L’opposition dirigée par les anciens candidats à la présidence, Mehdi Karroubi et Mir Hossein Mousavi, rêvent de prendre leur revanche pour leur défaite lors de l’élection présidentielle de l'été 2009, lorsque Mahmoud Ahmadinejad a gagné avec 30% d’avance sur son principal adversaire Mousavi. Récemment, l’opposition a déjà organisé des manifestations présentées comme des actions de soutien à ses frères d'Egypte et de Tunisie, mais qui ont dégénéré en actions de protestations contre les autorités et en affrontements avec la police. Les manifestations à Téhéran, à Ispahan et dans d’autres villes n’avaient pas été autorisées, et au cours de leur dispersion plusieurs personnes ont été tuées et blessées.

Il n’est pas exclu que ce vendredi l’opposition tente d’organiser parallèlement ses propres manifestations. Pour les autorités c’est une source d’inquiétude. Cependant, le fait que les Américains se soient ingérés dans ce processus à un moment inopportun joue en leur faveur.

Le soutien américain ouvert de l’opposition, allant jusqu’aux appels à poursuivre les actions de protestation, donne l’impression qu’ils ont l’air de contrôler les manifestations.

Or il est risqué de provoquer l’Iran, centre du chiisme, dans le contexte des nouveaux troubles dans les pays arabes. Le virus des protestations antigouvernementales pourrait paralyser pendant une longue période toute la région. Dans l’émirat arabe de Bahreïn, voisin de l’Iran, il y a eu également des morts au cours des manifestations de cette semaine. Or les principaux manifestants dans ce pays sont des musulmans chiites qui ressentent l’injustice sociale sous le régime de la minorité sunnite. Ainsi, l’Iran pourra probablement bientôt compter sur un Bahreïn chiite, tout comme il peut déjà s’appuyer sur l’Irak devenu chiite en 2003 et sur le mouvement Hezbollah, également chiite, qui s’est ensuite renforcé au Liban? Il y a également les Syriens, alliés de l’Iran, et on assiste par ailleurs à l’apparition d'alliances inattendues entre les shiites et les sunnites: entre l’Iran, d’une part, et la Turquie, le mouvement palestinien Hamas, et maintenant avec les Frères musulmans en Egypte, de l’autre.

Les régimes des pays arabes loyaux envers les Etats-Unis pourraient être remplacés par des gouvernements alliés à l’Iran légitimement élus. Ainsi, les déclarations des politiciens américains soutenant les manifestations de l’opposition iranienne sont dues à la peur face au renforcement de l’influence iranienne dans la région. Ainsi qu’à l’idéalisme du président romantique américain. Ce n’est pas par hasard que les Israéliens font preuve de plus de retenue dans cette situation, connaissant bien mieux que les Américains leurs voisins régionaux.

Début février, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans son discours au parlement au sujet des troubles en Egypte, a parlé de la "menace iranienne." Et l’ancien ambassadeur américain en Israël, Martin Indyk, qui connaît bien la situation, craint que l’augmentation des prix mondiaux du pétrole et du gaz, conséquence de l’instabilité croissante au Proche-Orient, n'aide l’Iran à renflouer ses caisses et à tenir le coup malgré le renforcement des sanctions internationales contre Téhéran.

Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti.

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