Une révolution importée en Arabie Saoudite

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L’Arabie Saoudite est en train de focaliser l’attention des experts en Proche-Orient. A l’est du pays la police a dispersé une manifestation des shiites et les autorités ont interdit les rassemblements de toute nature.
L’Arabie Saoudite est en train de focaliser l’attention des experts en Proche-Orient. A l’est du pays la police a dispersé une manifestation des shiites et les autorités ont interdit les rassemblements de toute nature. Les journalistes occidentaux se sont même empressés s’inscrire l’Arabie Saoudite sur la liste des pays prêts pour la prochaine révolution et la presse abonde en termes dépréciatifs concernant la famille régnante. D’ailleurs, les analystes sont sûrs que l’Occident n’est pas du tout intéressés à voir se déstabiliser la situation dans ce pays qui est le principal partenaire des États-Unis dans le monde arabe en pleine ébullition.

Pendant que les révolutions se déchaînaient en Tunisie, en Libye et en Égypte et les autorités de Bahreïn et du Yémen cherchaient à apaiser l’opposition, l’Arabie Saoudite restaient un îlot de stabilité dans le Proche-Orient en pleine tourmente. Sans attendre que les masses se soulèvent, les autorités saoudiennes ont annoncé une augmentation de 35 milliards de dollars de leurs dépenses sociales. Le prince Thalal ibn Abdel Aziz, membre de la famille royale régnante a déclaré à son tour que le roi Abdallah devait accorder plus de droits et libertés politiques. Or, ces mesures n’ont pas brisé l’élan révolutionnaire de l’opposition. Un site spécial du nom de shakwa-net a fait son apparition dans le net pour servir d’exutoire des mécontentements exprimés par les critiques du régime. En même temps, la presse occidentale se met en dénigrer la famille royale. C’est ainsi que l’agence Reuter a accusé les membres de la famille royale de corruption s’inspirant des documents du portail WikiLeaks. Pourtant, on n’est pas en présence d’une discréditation ciblée des autorités saoudiennes, - pense l’expert de l’Institut des études orientales de l’Académie russe des sciences Vladimir Issaev. Selon lui, l’Occident n’a aucun intérêt à altérer ses relations avec Er Riyad.

L’Arabie Saoudite est le plus gros acheteur d’armements américains et un des principaux fournisseurs de pétrole des États-Unis. De surcroît, le territoire d’Arabie Saoudite est parsemé de bases militaires américaines qui veillent à l’ordre dans cette région agitée. Mieux encore, la régime saoudien coopère étroitement avec les États-Unis sur plus d’une question, c’est pourquoi il y a peu de chances que les États-Unis prennent position contre leur principal allié dans le monde arabe.

Pourtant, les autorités saoudiennes ont désormais un opposant à l’intérieur du pays. Des désordres de masse ont éclaté dans l’est du pays peuplé de shiites. Soucieux de couper court à toutes les manifestations, le gouvernement a tout simplement interdit toutes les actions de prestation. Or, les shiites de l’entendent pas de cette oreille et vont continuer à descendre dans la rue. Vladimir Issaev n’exclut pas que ce mouvement de protestation prend sa source à l’extérieur et notamment en Iran.

Les shiites ont le sentiment d’être une minorité opprimée en Arabie Saoudite. Et là il faut tenir compte de l’influence de l’Iran qui a intensifié ces dernières années sa politique de noyautage des communautés shiites. C’est ainsi qu’il y a dix ans il y a eu une tentative d’occupation d’une mosquée à la Mecque qui était, comme on l’a appris par la suite financée par l’Iran.

Le clergé a pris la défense de la famille royale en déclarant ouvertement que les protestations de masse étaient contraires aux normes de l’islam. Dans cette situation, - pensent les experts, - les autorités saoudiennes parviendront à maintenir le contrôle de la société.

D’ailleurs, cela a été confirmé par l’échec de l’action de protestation du vendredi. Il était prévu que des marches de protestation auraient lieu dans les différents quartiers d’Er Riyad après la prière du vendredi. Pourtant, une seule personne a pris part à cette «journée de la colère» sur laquelle tablait l’opposition.

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