La Culture et les Arts 24.11.2011

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La Culture et les Arts 24.11.2011 - Sputnik Afrique
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Au sommaire: - La princesse russe et le prince americain dans un palais français - Les quarante «


Au sommaire:

- La princesse russe et le prince americain dans un palais français

- Les quarante «immortels» de la culture russe

- Les acteurs russes dans le cinema européen

- La nouvelle maison Fabergé au musee de l’Ermitage

 

La princesse russe et le prince americain dans un palais français

«La Belle au bois dormant» le premier ballet sur la scène rénovée du Bolchoï est d’emblée devenu un projet véritablement international.

Il faut sans doute commencer par dire que le célebre conte de Charles Perrault avait été en son temps mis en musique par le génial Piotr Tchaïkovski. Quant au nouveau spectacle du Bolchoï, on peut seulement ajouter que la chorégraphie est russe, la scénographie est italienne et que les rôles principaux sont interprétés par la ballerine russe Svetlana Zakharova et la nouvelle étoile du Bolchoï, l’Américain David Kholberg.

Cela peut paraître étrange mais ce sont les scénographes italiens qui apparaissent cette fois comme gardiens des traditions, ce côté «musée» qu’on reproche souvent au Bolchoï.

«Cette histoire d’amour et de mort se déroule dans les salles d’un palais et dans son jardin. J’ai conçu ce spectacle comme une reprise de ce conte du 16e siècle. Il est donc conforme à tous les canons du 16e siècle mais sans rapport avec aucun lieu historique réel», explique Enzo Frigero, décorateur de «La Belle au bois dormant» dans la mise en scène de Rudolf Noureev à l’opéra de Paris, de Gênes et de Varsovie.

«Le décor de fond de scène a été réalisé en Italie où seulement deux artisans maîtrisent cette technique particuière. Par conséquent, ce spectacle ne fait pas appel aux potentialités virtuelles qu’offre la scène du Bolchoî après sa rénovation. Créés dans les ateliers du Bolchoï sur les croquis de Fanca Squarciapino, les costumes sont également conformes aux modèles historiques. Le spectacle devient une sorte d’encyclopédie qui raconte l’histoire du costume à tel point que les tissus, les couleurs, les décors, les broderies et même les motifs historiques sont une réplique exacte de l’époque. Il y a en tout plus de 400 costumes cousus main!», ajoute Ezio Figero

La mise en scène est de Youri Grigorovitch, «le coryphée de la chorégraphie russe» comme on l’appelle souvent dans le monde. Il en est à sa cinquième version du spectacle. Le maître affirme que «toute sa vie depuis sa prime jeunesse est liée à ce ballet» parce que c’est le premier spectacle qu’il a vu dans sa vie. Pourtant sa mise en scène se fonde aujourd’hui sur «une nouvelle conception du conflit entre le bien et le mal». Le maître réalise son projet avec des hommes nouveaux sur scène et dans la salle. Il estime toutefois qu’il faut se garder de violer grossièrement les traditions artistiques. Par conséquent, les spectateurs qui ont vu les mises en scène antérieures ne constateront vraisemblablement qu’un seul changement à savoir que le ballet est devenu plus dynamique et qu’il y a moins de temps morts.

Youri Grigorovitch n’a pas hésité à donner le rôle du personnage principal, la princesse Aurore, à Svetalana Zakharova en lui proposant au choix six candidatures de Princes. Son choix s’est porté sur David Kholberg, le nouveau danseur-étoile de la troupe du Bolchoï.

«Tous ceux qui nous ont vus aux répétitions, conviennent que nous formons un couple parfait. Mon partenaire de toujours Andreï Ouvarov s’est retiré de la scène. Je ne peux pas dire si David peut remplacer pleinement ce remarquable danseur héritier des traditions de l’école russe de ballet, mais il n’en reste pas moins que c’est quelqu’un dont le Bolchoï peut être fier», raconte Svetlana Zakharova

«Faire partie de la troupe du Bolchoï, qui peut se prévaloir de ses riches traditions, est un grand honneur pour moi. Quand je danse sur la scène je le fais à ma façon et je suis en même temps ouvert à tout ce que je peux puiser dans l’héritage du Bolchoï. Il me semble que cette mise en scène se distingue réellement de tous les spectacles auxquels j’avais pris part en ce sens qu’elle est respectueuse des traditions. Il s’agit pour moi du spectacle qui incarne le mieux l’esprit du Bolchoï à commencer par ma partenaire Svetlana Zakharova, les costumes, les décors et tout ce qui se passe sur la scène. J’ai énormément de respect pour tout cela.», raconte David Kholberg.

 

Les quarante «immortels» de la culture russe

«Nous avons décidé de nous unir au mépris de l’époque», déclarent les plus grandes personnalités des arts russes membres de l’Académie des arts des XXe-XXIe siècles. Le portrait collectif de cette association informelle de créateurs fait l'objet d'un livre dont la présentation vient d’avoir lieu à Moscou.

L’Académie russe des arts est effectivement née au mépris de l’esprit du temps, dans les années tourmentées de 1990, quand le secteur associatif et les unions professionnelles étaient en pleine déliquescence. L'union était inexistante et il fallait la retrouver. Les personnalités des arts et des lettres ont alors choisi comme modèle l’Académie française instituée au XVIIe siècle par le cardinal Richelieu. Elle se fondait sur la communauté des «quarante immortels» conformément au nombre des membres de l’Académie qui faisaient le rayonnement de la France. La conception de la version russe de l’Académie avait été suggérée par le pianiste de renommée internationale Nikolaï Petrov qui, malheureusement, s’est éteint en août dernier. Il est devenu le nouveau Richelieu des «quarante immortels»  de l’art russe. Leur parcours est raconté dans un nouvel ouvrage qui, de l’avis du peintre Evgueni Zewine, également membre de l’Académie, est destinée à rester dans l’histoire.

«Le livre traite des personnalités qui sont ou ont été membres de l’Académie. Elles sont restées à tout jamais dans l’histoire de la culture russe. C’est à dessein que nous en avons fait une édition rare tirée à seulement 400 exemplaires. Ce livre ne se vend pas dans les librairies. Une partie du tirage a été répartie entre les grandes bibliothèques et le reste offert en cadeau.»

Il s’agit d’un volume impressionnant in-folio doré sur tranche et édité en russe et en anglais. C’est un rappel pour les uns et la découverte des grands noms de la culture russe pour les autres. Le livre peut également être qualifié de portrait de l’époque façonnée notamment par le poète et chanteur Boulat Okoudjava, la danseuse Eraterina Maximova, le chef d’ochestre et jazzman Oleg Loundstrem et le chorégraphe Igor Moïsseev. A cette liste s’ajoutent aujourd’hui les noms de la cantatrice Elena Obraztsova et du réalisateur Eldar Riazanov. Au lieu de prendre la forme d’un arcticle encyclopédique aride, le parcours de chacun d’eux est raconté par un essai vivant. Même sur les photos des personnalités cultes apparaissent au coeur des occupations professionnelles - sur la scène, devant le pupitre de chef d’orchestre ou une caméra, tout autant que dans l’ambiance décontractée d’une soirée entre amis. Le portrait collectif des hommes illustres est finalement devenu  vivant et sympathique, n’ayant rien d’une image officielle.

Le peintre Oleg Savostiouk se souvient pendant la présentation comment il a fait le portrait du pianiste Nikolaï Petrov, le premier chef des «immortels» russes.

«J’ai beaucoup aimé sa façon de poser.  Il est venu dans mon atelier mais n’est resté immobile que deux secondes tout au plus! Le reste du temps il tournait sur sa chaise, racontait des histoires, se lamentait, après quoi nous avons bu du cognac! J’ai quand même réussi à finir le portrait du vivant du musicien et notre dernier entretien portait justement sur ce livre.»

La page de garde s’orne d’un bateau phénicien stylisé. On sait que les Phéniciens étaient les meilleurs marins de leur temps. Il en va de même du «bateau artistique» russe qui doit pouvoir naviguer en toute quétude avec un équipage semblable à la barre.

 

Les acteurs russes dans le cinema européen

L’éminent réalisateur néerlandais Jos Stelling a invité des acteurs russes pour interpéter les rôles principaux dans son nouveau film. Le projet qui porte pour le moment le nom «La jeune fille et la mort» est une coproduction russo-germano-néerlandaise.

Selon le réalisateur, «La jeune fille et la mort» est un rappel des grandes histoires d’amour comme «Roméo et Juliette», «La Dame aux camélias» et «Bohème». «Personne n’invente les histoires d’amour. L’amour existe déjà et il n’y a rien à inventer. En revanche, ce sont les obstacles faits à l’amour qu’il faut inventer», affirme Jos Steling et l’auteur du film en a trouvé un grand nombre.

L’action du film dont les tournages ont commencé en Allemagne s’échelonne sur trois époques: la fin du 19e siècle, le milieu des années 1920 et aujourd'hui. Les évènements ont lieu dans un sanatorium où se trouve une jeune fille étonamment belle mais atteinte d’une maladie incurable. «Elle doit mourir et on le sait dès le début. Un homme tombe amoureux d’elle. L’état de la jeune fille empire quand il est à ses côtés et elle se porte mieux dès lors qu’il s’en éloigne. Son amour la tue». Bien des années plus tard, le personnage principal du film, un russe, revient dans le sanatorium à l’abandon où il a eu une aventure romantique avec la jeune fille malade. C’est ce personnage justement qui est incarné par les acteurs russes Léonid Bitchevine (dans sa jeunesse) et l’éminent comédien Sergueï Makovetski (à l’âge mûr).

Pour Jos Stelling ce n’est pas la première expérience de coopération avec des collègues russes, fait remarquer le coproducteur du film Evgueni Gindilis.

«Nous en sommes à notre deuxième projet commun avec Jos Stelling. «Le mignon», également une coproduction russo-néerlandaise, est sorti sur les écrans en 2007. Il est bien connu du public parce qu’il a été distribué par une des plus grandes chaînes de télévision russe. Les Néerlandais l’ont même proposé pour les Oscars. Après le succès du film, nous avons compris, Jos et moi, qu’il fallait poursuivre et développer la coopération. Jos vient souvent en Russie, il s’intéresse à la culture et à l’histoire russes. L’oeuvre de Tchékhov est une véritable source d’inspiration pour lui. Pour revenir au film «La jeune fille et la mort», l'idée nous est venue il y a quelques années. Il est devenu évident dès les premières ébauches du scénario qu’écrivait Stelling que la Russie serait très présente dans ce projet, autant au niveau des acteurs que de la société «Twindy» qui coproduit le film.»

Jos Stelling a inventé un procédé original pour son nouveau film. Comme les personnages du film parlent différentes langues et ont parfois du mal à se comprendre, ils ont recours à un recueil de poèmes du grand poète russe Pouchkine pour se dire les choses les plus secrètes.

En plus de deux acteurs russes, Jos Stelling a fait appel à deux actrices également russes: la blonde raffinée Renata Litvinova, connue aussi comme écrivain et auteur de scénarios et la beauté impérissable du cinéma soviétique Svetlana Svetlitchanaïa. «Nous tenons à ce que les acteurs russes soit connus non seulement chez eux mais encore au niveau international », se réjouit le producteur Evgueni Gindilis.

Le nouveau film fascine par le degré d’interpénétration jusqu’ici impossible entre la Russie, ses acteurs et une histoire typiquement européenne. Il y a aussi la capacité de Steling en tant qu’auteur à pénétrer le fond de l’âme des acteurs russes et des personnages qu’ils créent à l’écran.

Le film «La jeune fille et la mort» sortira sur les écrans en 2012.

 

La nouvelle maison Fabergé au musee de l’Ermitage

Le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg a annoncé la création d’une exposition permanente consacrée au légendaire joaillier russe Karl Fabergé. Ce musée dans le musée ouvrira ses portes en 2014 à l’occasion du 250ème anniversaire de l’Ermitage et occupera trois salles dans les locaux de l’édifice historique de l'État-major général, sur la Place du Palais, qui fait désormais partie de l’Ermitage.

La plus célèbre Maison de joaillerie de tous les temps a été fondée au 19ème siècle en Russie par le pétersbourgeois Peter Karl Fabergé. Le grand joaillier et les artisans qui travaillaient sous sa direction ont littéralement inondé le pays de trésors qui, hélas, se sont éparpillés aux quatre coins du monde après la révolution de 1917.

Certaines oeuvres de Fabergé reviennent maintenant en Russie grâce aux mécènes. l’Ermitage compte sur leur aide pour créer le premier musée Fabergé. «Tout ce qui apparaît actuellement aux ventes aux enchères coûte très cher. Nous tâchons de participer aux ventes au travers de sponsors et mécènes qui se portent volontaires pour acquérir les pièces pour le musée. Il faut surtout être sûr de l’authenticité des objets proposés», explique le directeur de l’Ermitage Mikhaïl Piotrovski.

Les oeuvres de Fabergé se comptent par milliers dans le monde. J’ai beaucoup de respect pour Fabergé personnellement mais son nom cache le travail d’un grand nombre de maîtres joailliers, des pièces uniques ou destinées à la grande consommation. On apprécie surtout les pièces historiques de la maison Fabergé qui existait à Saint-Pétersbourg avant la révolution de 1917. Il y a eu par la suite un grand nombre de contrefaçons qui venaient de la Russie soviétique et étaient si proches des originaux qu’on avait du mal à les distinguer. C’est pour cette raison qu’une preuve documentaire s’impose dans tous les cas. Un oeuf de Pâques, par exemple, si on a son croquis, on est à peu près sûrs qu’il s’agit d’un Fabergé véritable.

Des authentiques Fabergé se trouvent évidemment au musée de l’Ermitage et notamment dans son splendide «Cabinet des diamants» avec des copies des insignes impériales russes en forme de bijoux comme la grande et la petite couronnes, le globe et le sceptre en or, argent, platine, diamants, perles et saphirs. Ces parures ont rencontré un succès fou à l’Exposition universelle de Paris de 1900 et c’est après cette présentation que Karl Fabergé est devenu mondialement célèbre. Le  précieux «jouet» a été acquis par le dernier Empereur russe Nicolas II.

On trouve également dans le «Cabinet des diamants» d’autres objets rares de la maison Fabergé, le collier en oeufs de Pâques ou le plateau en cristal de roche orné d’émaux et de diamants. En prévision de l’ouverture du musée Fabergé, chaque pièce a été soigneusement restaurée et ce travail requiert la finesse d’une opération neurochirurgicale. On fait, par exemple, appel aux nanotechnologies et notamment «à des appareils de nettoyage et de soudure au laser uniques au monde», explique Igor Melkiel qui dirige l'unique laboratoire de restauration des pièces en métaux précieux du musée de l’Ermitage.

«Plus l’impulsion est courte, plus sa puissance est élevée et plus le nettoyage est facile. Nous préservons le support. Je peux, par exemple, enlever une tâche d’encre sans altérer le papier. On peut même faire disparaître un tatouage sans blesser la peau.», raconte Igor Melkiel.

Il est notoire que l’exposition du musée Fabergé ira au-delà de cette marque et montrera également  des pièces de joaillerie et des gemmes modernes à condition qu’elles soient dignes de figurer dans un musée. Les jeunes joailliers russes se bousculent pour nous proposer leurs oeuvres mais le musée ne se hâte pas de passer les contrats. Il n’est pas facile de trouver un nouveau Fabergé dont les pièces seraient évoquées avec amour par les gens à la fin de leur vie. La célèbre danseuse du théâtre impérial Mariinski Mathilda Kshessinskaïa écrivait par exemple: «J’avais un tas de bijoux Fabergé et notamment une énorme collection de fleurs en pierres précieuses dont un petit sapin en or aux branches serties de diamants qui avaient l’air de glaçons. J’avais également une grande quantité de petits objets en émaux et de gobelets en or. Le Grand Duc Vladimir Alexandrovitch m’a fait parvenir à Pâques un énorme bouquet de muguet auquel était attaché un petit oeuf Fabergé».

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