Cinq mythes sur Poutine ou la présidentielle vue de l’étranger

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En apprenant que Vladimir Poutine s’était imposé à l’élection présidentielle dès le premier tour, les habitants des pays occidentaux ont émis un bâillement incoercible avant de retourner à leurs occupations. Aux Etats-Unis, la journée ne faisait que commencer, mais les Américains ont eu la même réaction. La raison est très simple : bien que l’élection présidentielle en Russie ait fait les unes de la presse, depuis le début on ne s’attendait pas à un scoop.

En apprenant que Vladimir Poutine s’était imposé à l’élection présidentielle dès le premier tour, les habitants des pays occidentaux ont émis un bâillement incoercible avant de retourner à leurs occupations. Aux Etats-Unis, la journée ne faisait que commencer, mais les Américains ont eu la même réaction. La raison est très simple : bien que l’élection présidentielle en Russie ait fait les unes de la presse, depuis le début on ne s’attendait pas à un scoop.

La seule discussion intéressante tournait autour du thème de la politique du nouveau président (notamment politique étrangère) après les événements politiques de l’hiver 2011-2012. Autrement dit, à qui aura-t-on affaire, à une Russie forte ou faible?

Les arguments des deux camps

Pour commencer, il faut reconnaître qu’il existe dans le monde bien d’autres sujets importants en dehors de la Russie. Pour l’Europe, il s’agit de la Syrie qui occupe la première place. Pour le Japon on cherche à savoir qui a menti à la population concernant la radiation à Fukushima. En Inde se sont tenues les élections législatives partielles, et la tension faisait des étincelles.

Les Etats-Unis sont également au point culminant de la campagne électorale. Demain se tiendra le Super Mardi, et on saura définitivement si Mitt Romney sera le principal candidat républicain à la présidentielle, ou si le pays se retrouvera avec un système pratiquement monopartite. Et le président Obama se prépare à dissuader le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’attaquer l’Iran. Bref, il faut reconnaître que la Russie est loin d’être une priorité à l’étranger.

En ce qui concerne la Russie, il existe une constante dans les communiqués détaillés et objectifs de la presse occidentale constamment mis à jour depuis Moscou – c’est la première (seconde) phrase, dans laquelle on s’efforce généralement d’inclure l’évaluation des événements. C’est la phrase qui est par la suite tweetée à l’échelle mondiale, et tout se limite généralement à cette phrase (lorsqu’il s’agit d’un public de masse).

Voici un exemple : "Vladimir Poutine tente, dans le contexte des communiqués rapportant les fraudes et les infractions, de réoccuper le poste présidentiel après avoir été premier ministre pendant quatre ans". C’était le quotidien britannique The Guardian. D’ailleurs, il n’est pas le seul. Partout dans ce paragraphe clé on pourra lire que "les observateurs indépendants et les activistes d’opposition ont déclaré avoir des preuves matérielles de nombreux cas de fraude et d’infractions électorales".

Non pas que ces faits soient erronés – c’est effectivement le cas. Ils ont réellement des preuves matérielles. Mais on pourrait également ajouter des arguments de l’autre camp. Par exemple, la Commission électorale centrale a annoncé qu’elle disposait d'informations sur des plaintes préalablement préparées contre des infractions électorales, et qu’une grande partie des dénonciations d'infractions était injustifiée. Et ce ne sera également qu’un simple fait. Enfin, il y a aussi des photos sur lesquelles vous ne verrez aucun autre rassemblement que ceux de l’opposition, et des individus cités dans des communiqués.

C’est de cette manière curieuse qu’on respecte un ancien principe journalistique "Ecoute les arguments des deux camps ". Au final, pour commencer les médias forment l'opinion publique, puis les gouvernements déclarent qu'ils sont forcés de la prendre en compte. Ce qui engendre des problèmes.

Des problèmes tels que la Syrie (on ignore qui sera le bénéficiaire des armes si elles sont envoyées à l’opposition syrienne – elles pourraient se retrouver entre les mains d’Al-Qaïda, déclare Hillary Clinton lors des audiences au Congrès), la question de savoir qui a initié la guerre d'août 2008 près de Tskhinvali…

Les Russes sont partout

Après le rassemblement de l’avenue Sakharov, j’écrivais que dans les communiqués en provenance de Moscou et les commentaires à ce sujet on apercevait parfois des noms russes, ce sont des Russes qui ont couvert ces événements. Aujourd’hui, la situation a quelque peu changé. Les informations sur les événements actuels sont plus souvent rapportées par des étrangers, mais dans les commentaires d’analyse publiés la semaine dernière on voit plutôt des noms russes. Tels que Mikhaïl Kassianov dans le Japan Times et Mikhaïl Khodorkovski dans le New York Times.

N’oublions pas qu’il existe pas loin de 200 pays dans le monde. Mais on y constate un problème : une bonne partie de ces pays estime que le journalisme international à part entière n’est pas fait pour eux, que c’est trop coûteux. Ainsi, les communiqués identiques avec la même première phrase font le tour des continents.

Mais il existe des exceptions. Par exemple, l’Inde, où il y a beaucoup de journaux pour des gens sérieux, y compris qui prennent des décisions d’ordre international. C’est, en particulier, le quotidien Pioneer où une recherche simple montre que des Indiens et des étrangers avec des points de vue différents ont écrit et écrivent sur l’élection en Russie. Et les lecteurs comparent et se font leur idée.

Le Royaume-Uni est un cas particulier : c’est ici qu’on écrit énormément et de manière très détaillée sur l’élection russe (à la différence des Etats-Unis), et qu’on ouvre des blogs en temps réel. La communauté russe dans ce pays est estimée à 500.000 personnes, ce qui n'est pas rien.

Qui écrit quoi? L’entrepreneur Evgueni Tchtchvarkine, résidant à Londres, estime qu’après l’annonce des résultats de l’élection, la communauté russe de "Moscou sur la Tamise" (Londres) sera rejointe par de nouvelles personnalités intéressantes, et Masha Gessen raconte qu’elle sillonne actuellement les Etats-Unis avec son livre qui vient de sortir, dans lequel elle voudrait prouver que la protestation sociale en Russie n’est pas minoritaire, et qu’elle dépasse le cadre de la classe moyenne.

Toute cette solennité des Russes sur la Tamise ressemble à l’histoire américano-iranienne de 1979 jusqu’à nos jours. Les Etats-Unis ne réagissent pas de manière très cohérente à tout ce qui se réfère à l’Iran non pas parce qu’ils souscrivent toujours à la position d’Israël. Après la révolution iranienne de 1979, les perdants de cette révolution sous l’égide de Mohammed Reza Pahlavi, qui était personnellement aux commandes de son avion à destination des Etats-Unis, ont fui aux USA. Et aujourd’hui, si les Etats-Unis décidaient de réduire le niveau de tension de leurs relations avec l’Iran, cette communauté pourrait provoquer des difficultés.

On aura affaire à Poutine

Revenons au début de la discussion concernant ceux qui ont bâillé à l’annonce des résultats de l’élection présidentielle en Russie. "D’une manière ou d’une autre, la Russie se réveillera demain matin avec son ancien-nouveau président Poutine, les Moscovites iront manifester pour et contre… Mais comment Poutine verra son nouveau mandat? Assistera-t-on à une transition vers un Poutine davantage pluraliste?... "

Cela fait partie des sujets d’une sérieuse discussion pour un lecteur sérieux (magazine Foreign Policy). Ce n’est peut-être pas une discussion plus profonde par rapport à celle qu’on peut lire dans les journaux pour les Moscovites intelligents. Il y a simplement beaucoup de choses écrites, mais c’est toujours ça.

Les idées d’Andrew Weiss, qui a travaillé dans l’administration de Bill Clinton, actuellement analyste du centre RAND, publiées dans les pages du Washington Post, méritent qu’on leur accorde un peu d’attention. Il s’est fixé pour objectif de dissiper les "cinq mythes concernant Poutine".

Le premier mythe est que Poutine deviendra désormais président à vie. Le deuxième est qu’il utilisera les ressources naturelles de la Russie en tant qu’arme. Le troisième : il veut recréer l’URSS. Le quatrième : sa réélection est un préjudice pour les forces démocratiques. Et le cinquième : son antiaméricanisme bloquera les relations avec les Etats-Unis. L’idée générale – vu qu’il a été élu, est qu'on aura affaire à lui.

Puis il dissipe ces mythes. D’ailleurs, cet article ressemble fortement à l’analyse de la situation dans Foreign Policy. Son auteur déclare qu’en dépit du style ferme des discours de Poutine, en réalité pendant toutes ces années il voulait trouver un terrain d’entente avec les USA, mais on ne l’écoutait pas. C’est écrit par Dmitri Trenine, un homme pas du tout progouvernemental, chef du centre Carnegie de Moscou. Une fois de plus les Russes sont partout.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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