Irak: le prix de la guerre et les problèmes de la paix

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A la veille du neuvième anniversaire des opérations militaires en Irak (le 20 mars), Bagdad, la capitale du pays, est très animée. Mais l’animation n’a rien à avoir avec cette triste date. D’ici à une semaine, la ville accueillera le sommet de la Ligue des pays arabes et la réunion des ministres des Affaires étrangères et de l’Economie. Irak retourne petit à petit à la vie normale, et le sommet doit le démontrer. Reste à savoir à quel rythme la situation dans le pays se stabilise.

Le dernier soldat américain a quitté l’Irak à la fin de décembre 2011. Mais malgré tous les discours, qui ont été prononcés à ce propos, on n’arrive pas à comprendre si les troupes américaines reviennent aux Etats-Unis avec la victoire, si les objectifs de la guerre ont été atteints, et si les menaces, évoquées par l’administration américaine précédente, ont bien été parées. Et plus largement - quelle paix, les Américains, ont-ils laissé en Irak?

La raison officielle de l'invasion de l'Irak pour l’administration de Georges W. Bush, c’est les craintes que le régime de Saddam Hussein serait en train d’accumuler les armes de destruction massive. Toutefois, les inspecteurs de l'ONU, qui travaillaient en Irak avant la guerre, n’ont pas réussi à confirmer ces craintes. C’est principalement pour cette raison que l’ONU n’a pas donné l’accord à une opération militaire en Irak. L’Allemagne, la France, et la Russie étaient activement et successivement opposées à cette opération militaire. Cependant, après avoir créé une coalition anti-irakienne le 20 mars 2003, les Etats-Unis ont commencé une invasion militaire en Irak, en transgressant la charte de l’ONU.

Le président Bush a reconnu qu'il a été choqué, quand il a réalisé que les services de renseignement lui ont fourni de fausses informations sur les armes de destruction massive. «La réalité est telle que j’ai envoyé les troupes américaines me basant principalement sur les données des services de renseignement, qui se sont avérées fausses. J'ai été choqué et furieux, lorsque nous n'avons pas trouvé d'armes. J'avais un sentiment nauséabond à chaque fois que je pensais à cela», précisait Bush dans ses mémoires.

Cette guerre a coûté la réputation aux Etats-Unis. La démocratisation de l'Irak aurait pu y apporter ses correctives, mais cela ne s’est pas produit. Le pays n'est pas devenu un modèle de la démocratie pour le Moyen-Orient, comme le prévoyait l'administration de Bush. Au contraire, comme le prévoyaient de nombreux experts, une discorde entre plusieurs confessions et l’activation des groupes extrémistes a commencé dans le pays.

Se sentant à l’aise dans le chaos, qui a suivi la chute du régime totalitaire iraquien, Al-Qaïda est devenue un joueur important sur la scène politique du pays. Juste pour cette année, l’organisation a revendiqué une série d’attentats, qui ont été réalisés en même temps dans 12 villes, et à la suite desquels 60 personnes sont mortes et 225 ont été blessées. En tout 91 personnes sont mortes en février à cause de la terreur. Deux autres explosions puissantes ont été enregistrées mardi dernier. Le nombre total de victimes a atteint 39 personnes, et 188 personnes ont été blessées.

En dépit de la forte baisse des effectifs de l'Ambassade américaine à Bagdad, le bureau de la CIA y il reste intact. Au contraire, son activité continue à s’étendre. Les employés des services de renseignement américain vont se concentrer non seulement sur la surveillance de la situation en Irak, et son gouvernement, mais aussi sur les mesures de la répression de l’activité de l’Al-Qaïda dans le pays.

Les troupes américaines, qui maintiennent l'ordre dans le pays, ont modifié leur structure en recrutant des mercenaires des entreprises militaires et des compagnies de garde du corps privées. Mais cela n’a pas discipliné davantage les troupes.

Le gouvernement irakien était obligé de prendre des mesures pour renforcer le contrôle des sociétés de sécurité privées que les autorités de Bagdad considèrent comme une «immense armée», menaçant la stabilité du pays. En tout 109 entreprises enregistrées légalement sont en activité en Irak dans le secteur de la sécurité, employant plus de 36.000 personnes. Et la plupart des employés de ces entreprises sont des citoyens étrangers. En février le parlement a introduit un projet de loi, qui prévoit l’imposition des limitations supplémentaires sur l’activité de ces sociétés et la réduction de leur nombre et leurs effectifs.

Il n’est pas clair comment peut-on briser ce cercle vicieux. Car l’Al-Quaïda et d’autres groupes extrémistes sunnites continuent de se battre non seulement contre les mercenaires étrangers, mais aussi contre le gouvernement chiite. Et les chiites ne demeurent pas en reste.

Un scandale reste actuellement au centre de la vie politique iraquienne. Le vice-président sunnite Tariq al Hashemi est accusé par les partisans du premier-ministre Nouri al Maliki, et un certain nombre d’hommes politiques de collaborer avec les terroristes. Hashimi s’est dépêché de fuir Bagdad pour se réfugier sur le territoire de l'autonomie kurde, mais il nie tout en bloc. On ignore par ailleurs quel est le sort du vice-premier ministre sunnite Saleh Mutlaq, qui a été écarté par Maliki en décembre 2011.

En fait, la faiblesse du pouvoir législatif, qui se trouve au bord de la crise gouvernementale, provoquée par la confrontation entre les sunnites et les chiites, devient progressivement le principal facteur d'instabilité dans le pays.

Le sommet de la Ligue arabe à Bagdad abordera certainement la question syrienne, et les problèmes actuels de l'Irak pourraient servir d'avertissement pour tous ceux qui se prononcent pour l’ingérence extérieure en Syrie. Un autre exemple, celui de la Libye, pourrait également être pris. En 2010, le pays accueillait une réunion de la Ligue arabe, et Mouammar Kadhafi était alors le maître de la cérémonie.

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