L'Abkhazie vers la reconnaissance malgré la pression US - diplomatie

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A la veille de sa visite en Russie, le ministre des Affaires étrangères de l'Abkhazie Viatcheslav Tchirikba a accepté de partager ses impressions avec le correspondant spécial de RIA Novosti Andreï Malychkine sur les pays qui pourraient reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie, l'enquête sur la tentative d'assassinat du président du pays Alexandre Ankvab, ainsi que sur la diaspora Abkhaze de la Syrie en proie à la violence.

A la veille de sa visite en Russie, le ministre des Affaires étrangères de l'Abkhazie Viatcheslav Tchirikba a accepté de partager ses impressions avec le correspondant spécial de RIA Novosti Andreï Malychkine sur les pays qui pourraient reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie, l'enquête sur la tentative d'assassinat du président du pays Alexandre Ankvab, ainsi que sur la diaspora Abkhaze de la Syrie en proie à la violence.

Lors de la dernière visite du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aux îles Fidji, certaines sources affirmaient que le ministre russe cherchait à convaincre le gouvernement de ce pays de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Est-ce que le ministère des Affaires étrangères de l'Abkhazie est en négociations avec cet Etat insulaire à ce sujet?

Evidemment, nous sommes intéressés par une reconnaissance diplomatique maximale de la république d'Abkhazie, et nous sommes reconnaissants envers la Russie pour sa contribution dans cette question cruciale pour nous. Vous savez que trois pays de la région, Nauru, Tuvalu et Vanuatu, ont reconnu l'indépendance de l'Abkhazie et ont établi des relations diplomatiques avec elle, en dépit de l'immense pression exercée par l'Occident. Récemment, nous avons eu l'honneur d'accueillir en Abkhazie le premier ministre de Tuvalu Willy Telavi. Et si les Fidji rejoignent ces trois pays sur cette question, nous le saluerons. Cependant, pour l'instant je n'ai aucune information concernant des négociations à ce sujet avec le gouvernement des Fidji.

Les représentants de l'Abkhazie entretiennent des contacts intensifs avec les pays d'Amérique latine. Est-ce qu'on peut s'attendre à court terme à la reconnaissance de l'Abkhazie par l'un des pays de cette région? Si oui, lequel, car les discussions à ce sujet durent depuis des années?

En effet, on travaille diplomatiquement dans ce sens, mais étant donné la pression et même les menaces de la part des Etats-Unis contre les pays qui ont l'intention d'effectuer un pas vers notre reconnaissance, ce processus ne sera certainement pas facile. Les Etats-Unis et leurs alliés proches ont annoncé une véritable croisade contre la sortie de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud de l'isolement international et leur reconnaissance diplomatique par divers pays. Les doubles standards prévalent dans l'attitude de l'Occident envers les deux jeunes Etats caucasiens, notamment dans le contexte de la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo. Malheureusement, les Etats-Unis disposent de beaucoup de leviers de pression, notamment économiques. Cependant, je suis convaincu qu'au XXIe siècle, le siècle de la mondialisation, il est impossible d'isoler des peuples entiers, même en dépit des efforts de certaines puissances.

Le processus de reconnaissance se poursuivra.

Si je vous ai bien compris, en raison de la pression des Etats-Unis, à court terme il ne faut pas non plus compter sur la reconnaissance de l'Abkhazie par des pays tels que Cuba, l'Equateur et la Bolivie?

Il est difficile de prédire quoi que ce soit. Cependant, c'est un fait que les pays qui ont reconnu l'Abkhazie font l'objet d'une forte pression politique et économique de la part des Etats-Unis et de l'Union européenne. Ce facteur complique forcément le processus de reconnaissance, ce qui concerne également les pays que vous avez mentionnés.

Si ce n'est pas un secret, avec quels pays de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) les diplomates abkhazes sont-ils en négociations?

Les négociations se tiennent à huit clos, mais si leur résultat était positif, il deviendra immédiatement de notoriété publique.

Pourriez-vous expliquer la situation survenue autour de la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie par la république du Vanuatu dans l'océan Pacifique. Est-ce que les autorités de ce pays ont révoqué leur décision de reconnaître l'Abkhazie?

Le gouvernement de la république de Vanuatu reconnaît la république d'Abkhazie. Mme Te Moli Venaos Mol Saken Goyset a été nommée ambassadrice du Vanuatu dans notre pays.

Après la tentative d'assassinat du président de l'Abkhazie, la Russie a proposé son aide dans l'enquête sur ce crime et des agents du FSB russe (ex-KGB) se sont rendus à Soukhoumi. Alexandre Ankvab a déclaré que les auteurs de l'attentat auraient pu venir de l'étranger. Comment l'enquête avance-t-elle  et peut-on affirmer l'absence de "piste géorgienne" dans ce crime?

L'enquête se poursuit. Pour l'instant, il est trop tôt pour parler de "piste géorgienne".

Près de 10.000 Abkhazes vivent en Syrie. Est-ce que les autorités abkhazes ont reçu de leurs compatriotes en Syrie des messages faisant part de leur volonté de revenir dans leur patrie historique en raison du conflit syrien?

Nous avons déjà organisé deux missions en Syrie pour éclaircir la situation de nos compatriotes dans ce pays frappé par la crise. Près de 100 personnes ont rempli des formulaires pour revenir dans leur patrie historique, en Abkhazie. Leur déménagement, notamment les questions d'obtention des visas de transit russes, est coordonné par le ministère abkhaze des Affaires étrangères et l'ambassade de Russie à Damas. Les premières personnes rapatriées sont déjà sur place, et on attend l'arrivée des autres personnes qui ont exprimé la volonté de revenir.

Quand la frontière avec la Russie sera-t-elle définitivement tracée, y compris la zone litigieuse près du village Aïgba?

A l'heure actuelle une commission intergouvernementale chargée de la démarcation de la frontière terrestre et maritime entre la Russie et l'Abkhazie se réunit régulièrement dans une atmosphère calme et conviviale et discute toutes les questions, y compris litigieuses, liées à la frontière. Je pense que nous arriverons à trouver des solutions acceptables pour les deux pays.

Propos recueillis par Andreï Malychkine

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