Les États-Unis et l’alimentation des régimes autoritaires

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Les États-Unis persistent à déclarer leur mission de la mise en application de la démocratie dans le monde entier. Toutefois en réalité la source principale d'alimentation des leaders autoritaires demeure les États-Unis. Or, les chefs autoritaires se subdivisent nettement en « les nôtres » et « les autres ». La phrase connue de l'un des Présidents américains Franklin Roosevelt concerne le dictateur du Nicaragua Somos : « Lui est sans doute un fils de pute, mais il est notre fils de pute ».

Aujourd'hui l'autoritarisme est soutenu et financé sur l'arène post-soviétique au plus grand degré par l'Occident, y compris les États-Unis. Les derniers développent activement des relations avec les autorités du Turkménistan, mènent un jeu politique complexe avec le Kazakhstan, soutiennent les méthodes autoritaires du Président géorgien, coopèrent avec enthousiasme dans les domaines économique, avant tout énergétique et politique avec l'Azerbaïdjan. Les régimes autoritaires de ces états ne suscitent pas aux États-Unis de rejet. De surcroît, tous ces pays sont étroitement liés au complexe pétrolier et de gaz.

Par exemple, à Washington lors des négociations des membres de la délégation turkmène avec les dirigeants des sociétés clés du pétrole et du gaz américaines, notamment, de Chevron, Exxon, Mobil, Conocophilips, les représentants du milieu des affaires se sont dit largement prêts à apporter la plus grande contribution possible au Turkménistan. Notamment en ce qui concerne la mise en place de la stratégie et de la diversification d'exportation des sources d’énergie au marché mondial et à prendre une part très active à la mise en œuvre des projets de la construction de nouveaux oléoducs et gazoducs transnationaux, de nouvelles installations de la sphère pétrolière et du gaz et de ses prestation de services. La discussion a également touché aux questions des modalités de la participation du commerce américain au Turkménistan, du lancement de nouvelles technologies dans le pays, de l'apport d’investissements. De la même façon les États-Unis « apprécient le rôle très important du Turkménistan dans le soutien des relations amicales entre les pays voisins », particulièrement à la résolution du conflit afghan.

Le Kazakhstan et les États-Unis sont des partenaires stratégiques, dont les rapports se caractérisent par un spectre large et une interaction profonde. Il existe une base contractuelle légale solide et des relations bilatérales. Les consultations politiques kazakho-américaines se tenant annuellement jouent un rôle primordial dans le renforcement des relations entre les États-Unis et le Kazakhstan. L'année 2012 a été marquée par la décision sur un plus haut niveau des consultations politiques bilatérales, notamment sur la création de la « Commission kazakho-américaine du partenariat stratégique ». Au cours des premières consultations en septembre 2010 le Département d'État américain a reconnu que « le Kazakhstan est le seul pays en Asie centrale avec lequel les États-Unis possèdent un projet très vaste et intensif de la coopération bilatérale ». Les États-Unis sont l'un des plus grands partenaires commerciaux du Kazakhstan. En 2011 le chiffre d'affaire entre le Kazakhstan et les États-Unis s'est élevé à 2, 743 milliards de dollars américains. Ce résultat dépasse de 26 % le montant de 2010 (2,181 milliards de dollars américains). De plus, les États-Unis soutiennent l'intention du Kazakhstan d'entrer à l'Organisation mondiale du Commerce vers la fin 2012.

L'alimentation sous tous les aspects américains de la politique de Mikhaïl Saakashvili est mondialement connue. Les États-Unis soutiennent l'intention de Tbilissi de devenir membre de l'Organisation mondiale du Commerce. Parallèlement la Géorgie participe aux opérations de l'OTAN en Afghanistan. En juin 2012 à Batoumi le Secrétaire d'état américain Hillary Clinton lors de l'ouverture du travail de la commission américano-géorgienne sur la coopération stratégique a déclaré : « La Géorgie fait son apport dans l'assurance de la sécurité internationale en prenant part aux opérations de l'OTAN en Afghanistan où la Géorgie deviendra bientôt le principal contributeur parmi les états qui ne sont pas membres de l'Alliance. Nous le saluons et l'apprécions ».

L'Azerbaïdjan représente déjà depuis longtemps un partisan des États-Unis sur l'arène post soviétique et l'acteur principal dans la mise en œuvre de la stratégie « de la grande mer Caspienne ». Déjà en septembre 1994 les États-Unis et l'Azerbaïdjan avaient conclu le « contrat du siècle » : une convention sur le partage des produits d’élaboration des gisements Azeri, Chirag et Guechi (ACG) pour une durée de 30 ans. Le pas suivant consiste dans la mise en place d’un oéloduc « Bakou-Tbilissi-Jay Khan » (BTC) de la région Caspienne en dehors de la Russie. Malgré l'absence de la faisabilité économique du projet en raison de la fausse information sur un stock réel de gisement azerbaïdjanais, la direction américaine a proposé son concours financier en cas de nécessité. De surcroît, le gazoduc au sud du Caucase « Bakou-Tbilissi-Erseume » (BTE) a été construit. L'Azerbaïdjan représente bien pour les États-Unis un premier maillon de la chaîne de la réalisation de la stratégie « de la Grande mer Caspienne ». BTC et BTE sont devenus des relais des oléo- et gazoducs magistraux où s'ajouteraient les ressources hydrocarbures de l'Asie centrale (pétrole kazakh et gaz turkmène).

Ainsi les États-Unis alimentent les régimes autoritaires non seulement de l'espace post soviétique mais dans d’autres parties du monde. Lors de la guerre civile soudanaise entre le Soudan et le Soudan du Sud pour les très riches gisements de pétrole, les États-Unis ont soutenu le dernier malgré les condamnations des actions du Soudan du Sud de la part de l'ONU. Le Président du Soudan du Sud Salva Kiir occupe une position dure puisqu'il est certain du soutien inébranlable des États-Unis qui ont assisté les Sud-soudanais dans leur lutte contre le « régime dictatorial de Khartoum ». Le résultat a été l’apparition sur le territoire du nouvel État et d’une base militaire américaine, la plus grande en Afrique. Les entreprises américaines exercent du lobbying également dans la construction d'un oléoduc qui relierait les gisements soudanais avec le port kenyan de Lamou sur les bords de l'Océan indien. Affaire à suivre ! /L

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