Une Vera Moukhina inconnue

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La sculpture l’Ouvrier et la Kolkhozienne réalisée en 1937 a fait sensation à l'Exposition universelle de Paris devenant l’un des symboles de l'Union soviétique. Dans l'esprit de la plupart des gens, le nom de Vera Moukhina était associé à cette réalisation. Peu de gens savent que son talent était beaucoup plus diversifié.

Vera Moukhina s’est notamment occupée des arts décoratifs et de design, créant en 1940 les fameux verres à facettes, et plusieurs lignes de vêtements qui ont remporté les meilleurs prix lors des différents concours internationaux. Moukhina a également réalisé des décorations théâtrales. Ces travaux au théâtre, dont la plupart sont méconnus du grand public, sont exposés au Musée d'art moderne de Moscou. Parmi les objets qui y sont exposés, on retrouve des graphiques, des sculptures, des costumes et les scénographies des pièces La Rose et la Croix d’Alexandre Blok, Le diner des mauvaises plaisanteries de Sem Benelli, Electre de Sophocle et du ballet Nal et Damayanti, mais aussi des photos d'archives et des vidéos.

Vera Moukhina a commencé à travailler avec le théâtre en 1916. C’est son amie proche, la célèbre artiste avant-gardiste Alexandra Exter qui l’a amenée au théâtre Kamerny d’Alexandre Taïrov. Exter s’occupait des costumes, et Moukhina était chargée de la partie sculpturale et scénographique des pièces de théâtre. On lui a confié la réalisation des croquis du costume de Pierrette pour l’actrice Alice Koonen dans la pantomime Couverture de Pierette réalisée par Taïrov. Anatoly Efros a alors écrit une correction par la force et le courage, qui fut représentée avec les costumes de la « jeune cubiste » durant le spectacle.

Moukhina est vite devenue une habituée du théâtre. En un an, elle a réalisé des esquisses pour les costumes des différents spectacles, notamment pour Le diner des mauvaises plaisanteries de Sem Benelli et La Rose et la Croix d’Alexandre Blok. Mais ces costumes n’ont pas été réalisés pour des raisons différentes.

Une autre fantaisie théâtrale de Moukhina, qu’elle a réalisée dans les années 1916-1917 est un ballet. Elle s’est occupée à la fois des décorations et des costumes. Il s’agit de Nal et Damayanti sur le sujet de l'épopée indienne Mahâbhârata. Le travail sur ce projet a tellement fasciné Moukhina, qu’elle s’est même mise à composer des éléments de la chorégraphie. Selon Moukhina, trois dieux, des fiancés de Damayanti, devaient apparaître sur scène, attachés avec un foulard et danser comme une seule créature à plusieurs bras. Ensuite ils devaient se séparer et chacun avait sa propre chorégraphie et sa plastique.

Vera Moukhina a toutefois été obligée de quitter le théâtre pendant une trentaine d’années. Ce n’est qu’en 1944, pour la mise en scène d’Electra de Sophocle, que la dessinatrice a créé des robes qui répètaient par leur forme les colonnes de la scène. Un fait intéressant : Moukhina a commencé à les créer non pas avant les répétitions, comme cela arrive souvent, mais après qu’elle ait vu les acteurs en mouvement lors d’une répétition sur scène.

L'exposition comprend également des sculptures de Vera Moukhina notamment des bustes des grandes ballerines Marina Semenova et Galina Oulanova. Il est évidemment difficile d’imaginer cette exposition de Moukhina sans son œuvre principale – l’Ouvrier et Kolkhozienne. Les visiteurs pourront voir dans la salle d’exposition l’une des esquisses de la sculpture, réalisée en bronze en 1937.

L’exposition intitulée Théâtre de Vera Moukhina au musée d'art moderne de Moscou est une véritable révélation pour les amateurs de son art, permettant de réévaluer l'héritage de l'une des meilleurs artistes-peintres du 20ème siècle. /L

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