Le cosmodrome Vostotchny, dont la construction a commencé en 2011, devrait être entièrement prêt pour un premier lancement dans l’espace en 2015. On prévoit d'y lancer la première fusée-porteuse Soyouz-2, qui sera ensuite testée à Plesetsk. Ensuite, c’est Angara qui décollera de ce site de lancement, un projet plus problématique.
Problèmes d’Angara
La famille des lanceurs Angara, qui inclut plusieurs modifications destinées au transport de fret de différentes catégories, est développée depuis 1995 par le Centre M. V. Khrounitchev. Le premier lancement d’une fusée-porteuse de cette série devrait avoir lieu en 2013. Cependant, à la fin d’octobre de cette année, la Corée du Sud a annulé le lancement de sa fusée KSLV-1, dont la première étape était développée par le Centre Khrounitchev et présente une version de la première étape d’Angara. Le service de presse de l’Agence spatiale fédérale russe précise que lors de la préparation au lancement, des problèmes au niveau des systèmes de bord de la première étape ont été découverts. La fusée KSLV-1 a été retirée de la rampe de lancement et est retournée au complexe d'assemblage. Depuis lors, la Corée du Sud n’a pas donné de date ultérieure pour le lancement. KSLV-1 qui a déjà essuyé des échecs en 2009 et 2010 en raison des défaillances des éléments sur la fusée sud-coréenne. Les sceptiques doutent qu’après tous ces échecs de la fusée coréenne, les constructeurs russes puissent lancer Angara dans les délais prévus par le projet. Toutefois certains spécialistes restent optimistes, considérant que le problème détecté pourrait permettre d’éviter les problèmes techniques lors du lancement d’Angara en Russie, étant même à son avantage.
Les constructeurs du secteur de l’aérospatiale russe placent de grands espoirs dans le projet Angara. Non seulement elle doit remplacer le lanceur Proton, mais elle devrait devenir à terme la base du programme lunaire russe. D’ailleurs la nouvelle fusée, fonctionnant à l’oxygène et le kérosène est plus sûre, sans présenter des risques d’exploser au décollage. Le Centre M. V. Khrounitchev a remporté l’appel d’offre pour la préparation des esquisses de la nouvelle fusée-porteuse qui pourrait être utilisée pour les vols pilotés vers la Lune et les stations orbitales proches de la Terre. Ce centre sera également chargé de la mission de réaliser tout le projet.
Ainsi, le cosmodrome de Vostotchny et la fusée-porteuse Angara deviendront les principaux éléments du futur programme spatial russe. Mais elle n’a toujours pas été formée. La stratégie de développement de l’aérospatiale russe jusqu’à l’année 2030 est à l'heure actuelle en cours d’élaboration, contenant uniquement des directions générales de développement, et non pas des projets de lancements spécifiques.
Inquiétude du Kazakhstan
La construction du cosmodrome Vostotchny préoccupe en revanche le gouvernement du Kazakhstan. Il était prévu qu’Angara soit lancée depuis le système « Baïterek » à Baïkonour, construit conjointement par le Kazakhstan et la Russie. Toutefois les délais de réalisation de ce projet sont constamment reportés. Dans le contexte de la reprise des travaux de construction sur le site de Vostotchny, les fonctionnaires kazakhs constatent une baisse d’intérêt des autorités russes pour le projet « Baïterek » et en perspective - pour le cosmodrome Baïkonour.
La raison pour laquelle Baïkonour ne se présente pas comme le site de lancement idéal pour la Russie est tout à fait compréhensible. Baïkonour se trouve sur le territoire d’un autre Etat et le gouvernement russe doit payer pour sa location. Par ailleurs, le programme spatial russe commence à dépendre de la situation politique dans ce pays.
Mais l'espace ne se limite pas aux sites de lancement. Baïkonour avait été inscrit au programme spatial précédent de la Russie et déterminait largement les lancements de fusées russes. Le cosmodrome Vostotchny est un nouvel élément dans ce programme aérospatial. L’avenir décidera donc du rôle de ce site de lancement. /L
