Poutine dans le métro parisien. Une nouvelle farce ?

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Pour commencer, permettez-moi une anecdote particulièrement représentative. Jimmy Carter s’adresse à Léonid Brejnev : - L’ennui M. Brejnev, c’est que la liberté d’expression en Union Soviétique n’existe pas. – Mais comment donc, rétorque aussitôt Brejnev, bien sûr qu’elle existe ! – Ah bon ? En auriez-vous des preuves ? – Mais naturellement, M. Carter ! N’importe quel citoyen soviétique peut descendre à tout moment sur la Place Rouge et crier tout son soûl « A bas Carter ! » Il vous en faut d’autres, de preuves ?

Cette anecdote qui tient presque lieu de parabole déborde amplement de son contexte de Guerre froide. Le sarcasme du Secrétaire général est en réalité tout à fait transposable aux bizarreries pseudo-démocratiques du gouvernement actuel dans la mesure où la démocratie française telle qu’elle apparaît aujourd’hui s’exerce essentiellement aux dépens d’autrui. La description que je vais vous faire maintenant n’est pas une anecdote, ceux qui habitent Paris le savent aussi bien que moi.

Un immense portrait de Poutine (ou plutôt une photo retouchée en mode Photoshop) tapisse le mur de la station de métro Opéra. Poutine, l’air inquisiteur, toise dédaigneusement les passagers tout en leur faisant un doigt d’honneur. Une légende aussi laconique que propagandiste accompagne cette adorable image : « Sans liberté de l’information, pas de contre-pouvoir ». Il semblerait en plus que Poutine ne pèche pas en solitaire puisqu’il partage son vice avec des « tyrans » de l’acabit de Bachar el-Assad, Mahmoud Ahmadinejad, Kim Jong-un et Xi-Jinping. Eux aussi, mines tantôt ironiques, tantôt clownesques, adressent de sincères doigts d’honneur aux passagers et… aux passants, puisque l’organisation Reporters sans frontières n’a pas épargné non plus le Centre Pompidou devenu victime des expériences journalistiques de nos collègues français.

J’aurais presque apprécié leur humour si ce n’était le manque de culture impardonnable que celui-ci recèle. En effet, quel lien entre M. Bachar al-Assad, Président légitime de la Syrie, élu à une grande majorité, toujours soutenu par une grande majorité et M. Kim Jong-un, dirigeant de la Corée du Nord, furieux de voir s’étendre des bases militaires américaines dans le Pacifique ? Quel lien entre M. Poutine, élu à une majorité écrasante n’en déplaise à une poignée d’opposants manifestement anarchiques et M. Ahmadinejad, pris dans l’étau des caprices israéliens et du protectionnisme étasunien dont jouit traditionnellement Israël ?

Or, toute réflexion faite, il s’agit bien plus que d’un manque de culture. Il s’agit, primo, d’un acte de mauvaise foi patent, d’une intox comme on en voit peu, et secundo, d’un message propagandiste génial dans la mesure où le rapprochement de dirigeants extrêmement différents n’a rien de fortuit, le but étant d’emmêler encore davantage les pinceaux aux Français. Iran – puissance atomique en gestation antioccidentale. Idem pour la Corée du Nord. Bachar el-Assad – tyran-usurpateur. Poutine … Faites la synthèse des deux, vous obtiendrez un ennemi des valeurs occidentales et un usurpateur sadique. Quelle horreur, en effet ! Pourtant, ceux qui connaissent un peu le mécanisme de propagande étatique qui d’ailleurs n’a pas tellement changé depuis l’époque du IIIe Reich se rendront vite compte qu’une fois de plus, les oligarchies françaises jouent sur le subconscient des masses en appuyant sur un certain nombre de boutons sensibles. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le message démocratique vire de plus en plus au message de paix messianique. La façon dont il est livré, pieusement, solennellement, sur un ton ne souffrant d’emblée aucune contestation, désarme la population. Beaucoup de gens ne s’aperçoivent toujours pas du fait qu’ils sont manipulés par cette démocratie de façade qui se définit à travers l’inlassable critique des états souverains et n’a d’autre fonction pratique que de tenir en laisse les élans populaires.

Cette réalité comporte un autre aspect, celui-ci étant autrement plus profond. Toute élite, comme toute personne, a ses idéaux qu’elle s’applique à servir jusqu’au bout. Les idéaux du PS ne sont pas solidaires des intérêts de la France. Les cinq « prédateurs de l’information » exposés par RSF (Reporters sans frontière) à la station Opéra et devant le Centre Pompidou ont pour ennemi commun, cela à des degrés divers, les USA. Je dirais même que ce sont les USA qui se font sciemment les ennemis des pays représentés qui eux ne veulent pas de cette confrontation. Derrière les USA, nous avons Israël et derrière Israël, les élites mondialistes. Celles-ci n’ont d’autre credo que l’acclamation du déracinement et du partage du monde en deux parties : ceux qui règnent de droit et ceux qui servent parce que tel est leur seul destin. La première catégorie, cela va de soi, est minoritaire. La Russie, l’Iran, la Chine etc. devraient faire partie de la deuxième catégorie mais, ô comble du malheur, ils ont le toupet de s’y opposer. Voici donc, en quelques mots, la nature réelle de cette nouvelle « campagne d’information » encore plus engagée que toutes celles qui avaient été mises en œuvre ces dernières années.

Enfin, comme c’est pour moi la journée des anecdotes en mode reality show, je vous raconterai une troisième petite histoire. M. Navalny, grand dissident russe persécuté par le régime Poutine, a eu l’étrange courage de défiler en plein Moscou entouré de drapeaux américains, britanniques et LGBT. Curieux comme dissidence, n’est-ce pas ? A vrai dire, je ne lui soupçonnais aucun lien avec les USA et les homos militants, mais enfin … la vie est plein de surprises. Devrait-on s’étonner plus longtemps des allers-retours de l’opposition à l’ambassade américaine, sachant en plus que le nouvel ambassadeur américain est un spécialiste en herbe de ce qu’on appelle des révolutions colorées ? Ces faits démontrent une fois de plus l’exactitude de la remise en contexte qui vient d’être effectuée.

Dent pour dent, humour pour humour. Si les lois russes le permettaient, j’accrocherais bien un joli portrait de M. Hollande sur le mur d’une station de métro moscovite en l’ornant d’une légende dans le style « sans liberté de la désinformation, il n’y a pas de PS ». N

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