Le commissaire du projet Antonio Geusa qui vit depuis 15 ans en Russie a sélectionné spécialement des œuvres qui ont poussé sur le sol russe et ont du succès en Russie. Par conséquent, estime Antonio, on est confronté à certains problèmes de traduction quand on les expose à l’étranger :
« Le nom est très important parce qu’il explique la conception de l’exposition. Il s’agit en effet d’œuvres typiquement russes qui nécessitent une explication pour être comprises. Elles sont pourtant bien claires pour les Russes et ceux qui connaissent le contexte. Ceux qui ne le connaissent pas disposeront ainsi d’un guide ».
C’est le cas des tableaux du célèbre conceptualiste Ilya Kabakov. On s’attachera le cas échéant à expliquer aux visiteurs ce qu’est qu’un appartement communautaire habité par plusieurs familles qui partagent la cuisine la salle de bain et les toilettes. De nombreux tableaux et installations de Kabakov incarnent la vie soviétique sevrée de tout. D’ailleurs, le classique lui-même estime que les annotations n’ajoutent rien à la valeur de l’œuvre :
« Chaque fois nous essayons de saisir le sens de ce que veut dire le peintre-conceptualiste et chaque fois ce sens nous échappe. C’est comme la vie dont nous ignorons la finalité et le but que nous poursuivons. La polémique autour de cette question est loin d’être finie ».
On dit au sujet du non-conformiste Léonid Skokov, qui participe également à l’exposition qu’il est capable de réaliser une sculpture avec n’importe quoi. Ses compositions cinétiques sont ingénieuses et pleines d’humour. Il ironise sur les symboles soviétiques et les portraits des guides communistes. On ne lui a pas pardonné la liberté qu’il prenait et l’artiste a dû émigrer :
« J’ai dû émigrer comme beaucoup d’artistes de ma génération mais je me considère néanmoins comme un artiste russe dans la culture russe. C’est vrai qu’on le pense aussi maintenant en Russie ».
L’exposition « Lost in translation » se déroulera à l’université de Ka Foscari, centre bien connu d’études slaves en Italie. T