La Libye – casser, c’est plus facile que construire

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Selon les derniers messages des agences internationales étrangères, samedi dernier, Washington et Londres ont annoncé l'évacuation partielle du personnel des ambassades à Tripoli.

Selon les derniers messages des agences internationales étrangères, samedi dernier, Washington et Londres ont annoncé l'évacuation partielle du personnel des ambassades à Tripoli. Il convient de rappeler, - écrit Alexeï Grigoriev, qu'en avril, après l'attentat contre le bâtiment de l'ambassade dans la capitale de Libye, Paris a pris la décision semblable, et Berlin a fermé en général son ambassade, évidemment, jusqu'à l’arrivée d’une période plus tranquille. La capitale de Libye et avec elle, tout le pays, semble cependant, plongée dans l'atmosphère du chaos de la crise politique. Le 28 avril, les détachements armés de la milice composés d’anciens rebelles appelant eux-mêmes des « thowars » (révolutionnaires), ont assiégé les bâtiments du Ministère de la Justice et des Affaires étrangères à Tripoli et ont demandé au parlement de Libye - le Congrès général libyen (CGN) d’adopter la loi, interdisant aux fonctionnaires ayant travaillé du temps de Mouammar Kadhafi d’occuper des postes élevés dans la nouvelle administration. En craignant le pire, le parlement a rapidement adopté cette loi. Cependant, pour les ex-leaders des rebelles représentant pour l'essentiel Benghazi, cela ne suffisait pas. Ils ont demandé aussi de limoger tous les anciens fonctionnaires du temps de Kadhafi dans le pays et de les remplacer par « leurs gens, fidèles à la révolution ». Ils ont également exigé la démission du chef du gouvernement Ali Zeidan, accusé par eux de la sympathie pour les anciens partisans de Kadhafi. L'attaque contre deux commissariats de police à Bengali qui étaient pillés et ensuite brûlés, est une preuve de la gravité de leurs intentions. À son tour, le premier ministre, en craignant le développement de la crise et le début de « la chasse aux sorcières », a promis de procéder à un remaniement dans le gouvernement et d’y donner cinq sièges aux « thowars ». Mercredi, le 9 mai, dans le communiqué commun des départements diplomatiques, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont publié un appel aux Libyens “à cesser les protestations armées et le recours à la violence". Le même jour, la Haute représentante de l'Union européenne aux affaires étrangères Catherine Ashton est intervenue au sujet des événements à Tripoli. Les incidents des derniers jours en Libye risquent de saper le processus du passage du pays à la démocratie, stipule cette déclaration. Catherine Ashton a appelé tous les Libyens à respecter les chefs du pays élus par eux en juin de 2012. Elle a confirmé aussi la volonté de l'Union européenne de soutenir le peuple de Libye dans son aspiration à la stabilité et à la prospérité dans le cadre du processus de réconciliation.

Il paraît, cependant, - continue notre commentateur, - que ces appels venus de l’étranger n'ont pas trouvé d’écho dans les rangs des anciens rebelles. Ils restent toujours dans la capitale, en aggravant l'anarchie. Au dire des experts, « la chasse aux sorcières, commencée par « la milice révolutionnaire », était tout à fait prévisible. De plus, il paraît que pendant plus que d'une année et demie après la chute du régime de Kadhafi en octobre de 2011, les pouvoirs centraux à Tripoli et n'ont pas pu régler le système de gestion dans le pays et chacune des provinces vit à sa manière. Voici ce que le politologue arabe Riad Segaoui dit sur l’atmosphère générale dans le pays dans l'interview à la chaine de télévision France-24 :

Et ces anciens rebelles, qui les soutient, qui représentent-ils et que veulent-ils des pouvoirs centraux ? - Voici ce que Riad Segaoui répond à ces questions …

Evgeny Satanovsky, le président de l'Institut russe du Proche-Orient, dit, lui aussi, qu'en Libye, les islamistes étaient majoritaires parmi les opposants du régime de Kadhafi, et que les pays occidentaux, en particulier, la France ne veulent pas le reconnaître.

On ne veut pas voir les islamistes en Libye ? Eh bien, cela signifie qu’à Benghazi, l'ambassadeur américain était tué par des martiens. En Libye, peu de gens participaient à la guerre civile contre Kadhafi, excepté les islamistes-« l’Al-Qaïda au Maghreb islamique », l’Al-Qaïda dans son aspect classique dans l'émirat de Derna, divers groupements à Benghazi que poursuivait Kadhafi. Ceux qui affirment qu’en Libye ont vaincu des non-islamistes, ne savent rien sur la Libye. Les tribus qui ont vaincu en Libye manifestent aujourd'hui plus de tribalisme que les pan-islamistes. S'ils ne sont pas des islamistes, qui sont-ils alors ? Peut être sont-ils orientés vers l'Ouest? En fin de compte, ce n’est pas le problème de la Russie. 18 millions – c’est le nombre d’habitants de l'Afrique qui voudraient traverser la Méditerranée pour vivre en Europe. La chute du régime de Kadhafi qui nourrissait plus de 20 pays sur 53 de la communauté africaine donne une nouvelle impulsion à l'immigration illégale sur le continent européen. L'Europe occidentale est déjà sursaturée de ressortissants de l'Afrique et ne sait pas que faire avec eux. Mais leur nombre augmentera encore. De sorte que la chute du régime de Kadhafi a eu également cet impact négatif. Mais il est sûr et certain que l’intégrité du pays est menacée à cause des islamistes. C’est ce qu'ont montré justement les derniers événements à Tripoli.

Le politologue Jussef Chakir, l’ancien conseiller de Mouammar Kadhafi, parle de la menace à l'existence même de la Libye, en tant qu’État souverain, à la préservation de son intégrité territoriale. Il réfléchit sur les tendances politiques dans l'interview à notre station de radio La Voix de la Russie. « Ces gens, qui ont pris dans leurs mains aujourd'hui l'arme à Tripoli, et qui trouvent qu'ils aident le pays en expulsant les anciens fonctionnaires de Kadhafi, pourraient se rendre compte de l’état du pays qui est déjà ruiné et volé. Et ils doivent protéger le pays non contre les concitoyens qui travaillaient autrefois sous le régime de Kadhafi, mais contre une multitude innombrable de groupements extrémistes qui se sont implantés aujourd'hui dans notre pays et le déchirent littéralement » - trouve-t- il. « Si la guerre actuelle pour le pouvoir se prolonge, probablement, son résultat final, ce sera la décomposition de la Libye en 3 ou 4 États séparés, – et la Libye n’existera plus, voilà son avenir », - telle est la conclusion de Jussef Chakir.

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