Le radicalisme islamiste au Magreb – une menace à l’Occident

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La Tunisie et les Tunisiens ont le droit d'être appelés les précurseurs du « printemps arabe ». En 2013, dans le pays, devaient avoir lieu de nouveaux changements politiques importants liés à l'adoption de la nouvelle constitution et la tenue des élections, qui, selon les projets des auteurs des réformes, devaient faire revenir le calme en Tunisie.

Il paraît, cependant, - écrit Alexeï Grigoriev, - que maintenant, le déroulement de ce processus a été freiné rudement à cause d'une puissante opposition entre les milieux laïques de la société tunisienne, représentés, pour l'essentiel, par les intellectuels, d'une part, et les islamistes de tous acabits, d’autre part. Et bien que les pouvoirs de la Tunisie aient annoncé que les réformes conçues par eux étaient visaient le renforcement de la démocratie, en fait, dans le pays, on observe une grande activité des partis islamistes et des groupements radicaux. Parmi ces derniers, au cours des derniers mois, les salafistes font parler d’eux, demandant l'accès aux structures du pouvoir dans le pays. La direction de la Tunisie, comme d'ailleurs celle des autres pays d'Afrique du Nord, nie le passage à l'islamisme radical et aux lois de la charia. Il y a cependant des raisons de douter de ce que les partis modérés islamistes puissent tenir la situation sous leur contrôle. Hatem Ben Calem, l'ex-ministre du temps du président Ben Ali, trouve qu'aujourd'hui, la Tunisie a besoin d’un gouvernement de l'unité nationale prêt à se consolider autour de l'idée de l'éradication de l'extrémisme islamique. « Les jihadistes ont en Tunisie une liberté du déplacement sans précédent, ils ont des médias pour la diffusion de leurs idées, ils sont bien financés et leur influence grandit », a dit Bassel Torjeman, l'expert algérien sur le terrorisme, dans l'interview au journal français la Tribune. D’après ses estimations, la Tunisie « a mûri pour devenir la terre du djihad ».

La situation analogue explosive est notée dans d'autres pays du Maghreb. C’est ce que dit dans l'interview par téléphone de Paris au correspondant de La Voix de la Russie Louis Caprioli, l’ancien chef du département antiterreur du service français de contre-espionnage intérieur (DST), le spécialiste en réseaux terroristes en Afrique du Nord.

Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, - continue Alexeï Grigoriev, - l'Occident se montre trop tranquille face à la montée des forces extrémistes en Tunisie et en général dans le Maghreb. Аujourd'hui, en Syrie, il les aide tout simplement. Pourtant, comme il me semble, il devrait sonner l’alarme, en prévenant du danger qui le menace réellement. Ainsi, l'ambassade américaine en Tunisie a dit être « profondément inquiété » au lendemain de la condamnation à deux ans de prison avec sursis de 20 assaillants de la représentation diplomatique américaine attribuée à la mouvance islamiste radicale. « Nous sommes profondément inquiets par les condamnations avec sursis. Les verdicts ne correspondent pas de manière appropriée à l'ampleur et à la gravité des dégâts ainsi qu'à la violence qui a eu lieu le 14 Septembre 2012 », a indiqué l'ambassade dans son communiqué. Pourquoi cela se passe ainsi, est-ce que les principaux pays occidentaux sont tellement aveugles pour ne pas voir où avance le Maghreb, et en général le monde arabe ? Notre correspondant a demandé au président de l'Institut du Proche-Orient Evgeny Satanovsky de répondre à cette question …

Où sont les yeux des Occidentaux, leurs têtes ? - répond durement Evgeny Satanovsky. – Il y a des fonctionnaires concrets dans les services secrets, dans le Département d'État et dans les Ministères des Affaires étrangères, dans les administrations gouvernementales qui sont intimement liés avec les sponsors des salafistes, qui aidaient à bâtir depuis plus de trente ans le jihad d'abord contre l'Union Soviétique en Afghanistan, puis contre Saddam en Irak, contre les ennemis non de l'Amérique en premier lieu ou de l'Ouest, mais des monarchies de la Péninsule Arabique. Là, sont accumulés des contrats militaires infrastructurels gigantesques, les intérêts pétroliers et gaziers, là, il y a la présence constante dans les bases militaires, là se fait la formation de l'élite, et des parachutes d'or sont préparées pour les anciens professeurs et élèves des corporations d'Arabie. Pourquoi doivent- ils gâcher leurs carrières à cause de l’attentat à Boston, où ont péri un enfant, une Américaine et une Chinoise anonymes? En effet, la reconnaissance de la réalité signifie qu'il faut chasser dans la rue certaines gens pour leur incapacité de travailler pour le bien de leur pays – les directeurs de la CIA, les secrétaires d'État américains, les ministres de la France et de la Grande-Bretagne et les chefs de leurs services secrets. Qui ferait cela ?! Voici le secret de Ponichenelle. Karl Marx a dit à l’époque que le capitalisme lui-même crée son propre fossoyeur en la personne du prolétariat. Je ne suis pas un Européen ou un Américain, et souvent, je le rappelle assez durement aux collègues occidentaux. Parce que la cécité ou la surdité qu'ils manifestent sont absolument dangereuses pour toute la civilisation moderne occidentale, pour leurs propres pays. Plusieurs politiques à l'ouest ne comprennent pas que les marchés avec les islamistes radicaux ne sont simplement pas possibles. Partout, dans le Maghreb, en Syrie, dans d’autres pays, les extrémistes islamiques ont toujours été les tueurs de l’Occident. Et si ce dernier ne s’en rend pas compte, tant pis pour lui.

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