Iran: large victoire de la modération

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La présidentielle a donné un résultat complètement inattendu puisque le candidat modéré Hassan Rohani, 64 ans, a emporté une large victoire dès le premier tour, écrit le quotidien Kommersant du 17 juin 2013.

La présidentielle a donné un résultat complètement inattendu puisque le candidat modéré Hassan Rohani, 64 ans, a emporté une large victoire dès le premier tour, écrit le quotidien Kommersant du 17 juin 2013.

Le triomphe du seul candidat à avoir la réputation de réformateur modéré était écrit d’avance: la population iranienne est fatiguée des problèmes économiques croissants, de l'isolement du pays et de sa confrontation avec l'Occident. Mais surtout, l'élection s'est déroulée sans scandales: le gouvernement a tiré les leçons des protestations de 2009, quand la réélection du conservateur Mahmoud Ahmadinejad avait été suivie de grandes manifestations sous le slogan "Où sont nos voix?".

Les experts avaient annoncé qu’un second tour serait inévitable et que si Rohani parvenait à ce stade, ce serait déjà un énorme succès. Le seul adversaire des conservateurs parmi les six candidats en course a finalement réfuté tous les pronostics. Avec 50,68% des voix Hassan Rohani a semé le favori – le maire de Téhéran et conservateur Mohammad Bagher Ghalibaf, qui a terminé deuxième. Saïd Jalili, proche du guide suprême Khamenei et chef du dossier nucléaire dans les négociations avec les six médiateurs, n'a pas non plus répondu aux attentes des partisans de la politique sévère du président sortant Mahmoud Ahmadinejad. Jalili a dû se contenter de la troisième place avec 11,3% des voix. L'élection a été marquée par un fort taux de participation: 72,7%.

La consolidation des représentants du camp modéré autour de Hassan Rohani, à quelques jours de l'élection, fut l'un des facteurs clés de la victoire. Deux ex-présidents iraniens réformateurs ont en effet annoncé leur soutien à Rohani – Mohammad Khatami et Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, qui n'a pas pu participer à la course présidentielle car sa candidature avait été rejetée par le Conseil des gardiens de la Constitution. D'autres candidats modérés s'étaient retirés au dernier moment. Contrairement aux réformateurs, les conservateurs n'avaient pas réussi à s'unir autour d'un seul candidat.

Cependant la victoire d’Hassan Rohani n'a pas été possible que par cette bonne décision de son groupe de soutien. Les électeurs ont vu en lui une alternative au président sortant Mahmoud Ahmadinejad, dont le règne de huit ans a entraîné une détérioration significative de la situation économique, un isolement international et une confrontation croissante avec l'Occident. C'est pourquoi après l'annonce des résultats des milliers de personnes scandaient dans les rues de la capitale "Vive les réformes!", "Vive Rohani!", "Ahmadi, bye-bye".

Commentaire du principal intéressé: "C'est la victoire de la sagesse, de la modération et du développement sur l'extrémisme et les mauvaises intentions". Selon Rohani, après sa victoire "ceux qui respectent réellement la démocratie, la coopération et les négociations honnêtes auront une nouvelle chance sur l'arène internationale". Jusqu'en 2005 Hassan Rohani était en charge du dossier nucléaire iranien dans les négociations avec les six médiateurs internationaux sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et a été renvoyé de ce poste par Ahmadinejad pour "fermeté insuffisante" – après quoi les négociations se sont retrouvées dans l'impasse.

Contrairement à la présidentielle de 2009 après lesquelles le pays avait été frappé par des manifestations de masse contre les falsifications, accompagnées par des arrestations et des procès contre les activistes d'opposition, l'élection actuelle s'est déroulée sans scandales. L'Occident, qui jusqu'à présent critiquait la campagne électorale iranienne, a fait des commentaires modérément positifs. Seul Israël n'a pas été impressionné par la victoire du réformateur. "La communauté internationale ne doit pas prendre ses désirs pour des réalités et alléger la pression qui pèse sur l'Iran pour qu'il mette fin à son programme nucléaire, a déclaré le premier ministre Benjamin Netanyahou. L'Iran sera jugé sur ses actes."

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