L'Iran exige des changements

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Hassan Rohani, soutenu par un large spectre de forces politiques, a remporté l'élection présidentielle iranienne dès le premier tour avec 50,7% des voix, écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Sa victoire, annoncée samedi dernier, a réjoui les Iraniens qui sont descendus dans la rue pour scander "Vive Rohani, Vive Khatami et Rafsandjani !". La nuit même, la police interpellait poliment les joyeux citoyens : il était temps de cesser de troubler l'ordre public.

Hassan Rohani, soutenu par un large spectre de forces politiques, a remporté l'élection présidentielle iranienne dès le premier tour avec 50,7% des voix, écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Sa victoire, annoncée samedi dernier, a réjoui les Iraniens qui sont descendus dans la rue pour scander "Vive Rohani, Vive Khatami et Rafsandjani !". La nuit même, la police interpellait poliment les joyeux citoyens : il était temps de cesser de troubler l'ordre public.

Pour les analystes, la victoire de Rohani au premier tour est une grande surprise. "Il était soutenu par les libéraux réformateurs, les partisans du mouvement vert et le clergé conservateur. Sa victoire révèle le fait que le peuple iranien exige des changements", explique Vladimir Sajine, expert à l'Institut d'études orientales de l'Académie des sciences de Russie. Au cours de sa campagne Rohani a proposé un programme de sauvetage économique, d'amélioration des relations avec l'Occident, d'éventuelles négociations avec les USA et de sortie de l'impasse nucléaire. En politique intérieure, il prône la "multifrontalité" : pour lui diverses forces politiques doivent exister et s'affronter légitimement. Tout cela est nouveau et demandé dans le pays.

L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution islamique, a félicité Hassan Rohani et remercié la population : "Le véritable vainqueur de la présidentielle est la grande nation iranienne qui a agi avec raison et tact dans la guerre des nerfs imposée par les laquais de l'hégémonie mondiale", a-t-il déclaré, cité par Press-TV.

L'Occident comme l'Orient ont positivement accueilli la victoire de Rohani. Selon les félicitations de l'Europe, des USA, de la Russie et des voisins arabes, il est considéré comme un partenaire international. "Mon gouvernement relancera un développement économique stable, renforcera les véritables valeurs dans la société et améliorera les relations avec le monde extérieur", a promis Rohani. Sous la pression de quatre résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies il est aujourd’hui impossible pour l’Iran de sortir de la crise économique sans la levée des sanctions, qui dépend des solutions qui seront trouvées dans le secteur nucléaire. Rohani devra se plier aux prescriptions du Conseil de sécurité et aux exigences de l'AIEA et a déjà annoncé être prêt à faire des compromis, tout en respectant les intérêts nationaux de l'Iran.

"Le règlement du problème nucléaire permettra de libérer le pays des sanctions économiques, relèvera une économie aujourd’hui au bord de la ruine et changera la situation intérieure dans le pays", affirme Vladimir Sajine.

Les négociations sur le programme nucléaire ne sont pas une nouveauté pour Rohani. Jusqu'en 2005 il était le principal interlocuteur des médiateurs internationaux, en tant que secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale. "Jusqu'en 2005 l'Iran avait fait des progrès positifs sous la direction de Rohani : à titre unilatéral il avait suspendu la production d'uranium enrichi, il avait signé le protocole d'accord avec l'AIEA et commencé à le mettre en œuvre. Mais après l'arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad en 2005, l'Iran avait repris l'enrichissement d'uranium et le parlement iranien n'avait pas ratifié le protocole", rappelle Vladimir Sajine.

La communauté internationale ne force par l'Iran à cesser son développement nucléaire. Les six médiateurs ne s'opposent pas à la production d'uranium enrichi jusqu'à 3,5-5% et sont prêts à contribuer au développement de l'énergie nucléaire dans le pays mais uniquement sous le contrôle total de l'AIEA. Pour l'Iran il est important que ses concessions ne soient pas présentées au monde comme une défaite de la politique iranienne mais comme une victoire. Après tout, le programme nucléaire du pays est une idée nationale de l'Iran.

Avec l'arrivée d’un réformateur au poste présidentiel il faut s'attendre à la fin de la forte rhétorique anti-israélienne, propre à Ahmadinejad. Mais il n'y aura pas de tournant vers Tel-Aviv : la politique antiaméricaine et anti-israélienne est la base de l'idéologie établie à l'époque de la révolution islamique par l'ayatollah Khomeini.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le président est seulement le deuxième homme en Iran, derrière le guide spirituel. La lourde expérience de la présidence d'Ahmadinejad, qui a connu plusieurs conflits avec l'ayatollah Khamenei lors de son dernier mandat, a certainement déjà été prise en compte. Il ne faut pas non plus s'attendre à une forte confrontation entre le président et le guide à terme. Rohani est loyal envers l'ayatollah, qui devra également prendre en compte le fait que les voix de plus de 50% des Iraniens sont derrière le président.

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