Trouver un mécanisme pour arrêter le vol de propriété intellectuelle

Trouver un mécanisme pour arrêter le vol de propriété intellectuelle
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Le compositeur Alexandre Raskatov a quitté la Russie en 1994 pour venir s’installer en Allemagne et finalement déménager en France en 2007. Malgré le fait que ses créations ne sont presque plus reprises en Russie, elles connaissent une popularité importante dans le reste du monde. Son Opéra « Cœur de Chien », commandé par l’Opéra National de Pays-Bas en 2008, a été désigné par les critiques comme le meilleur Opéra russe contemporain. Des représentations ont déjà eu lieu à Londres et à Milan et bientôt c’est la France qui verra son œuvre. Les disques avec la musique de Raskatov sont vendus par les leaders mondiaux de la branche, l’américain Nonesuch, le britannique EMI et d’autres labels musicaux largement connus. Néanmoins le Maestro avoue que les ventes de ses disques diminuent, pour lui la grande accessibilité au contenu intellectuel qu’offre Internet fait perdre sa valeur à la musique. Alexandre Raskatov nous a raconté sa vision du droit d’auteur et du partage de contenu en ligne :

Quel est votre point de vue sur la relation de l’art et du digital ?

 

Mon point de vue est très simple, je pense que c’est quelque chose qui ne doit pas exister. Mon point de vue est très négatif. Je vous donne un exemple, pour mon Opéra « Cœur de Chien » qui était enregistré à Dutch National Opera, à Amsterdam, j’ai reçu une proposition pour faire deux CD et j’ai dit non. Parce que pour beaucoup de raisons je n’étais pas prêt pour cette exploitation commerciale de ma musique, parce que je trouvais qu’il fallait attendre. Et finalement j’ai dit non et malgré tout cet Opéra existe finalement sur Youtube. C’est à dire que j’ai dit non à la distribution commerciale de cette œuvre, mais que je dise « oui » ou « non » finalement c’est la même chose. A mon avis c’est un vol de propriété intellectuelle. Il ne faut pas dire que ça permet la propagande de notre œuvre, parce que finalement ça joue contre nous, les gens achètent de moins en moins de CD, tous les magasins vendant des partitions sont de plus en plus petits et ferment. Nos Royalties sont chaque année de pire en pire. Il faut trouver un mécanisme pour arrêter cette escroquerie de notre propriété intellectuelle.

Est-ce que vous pouvez nous faire part de votre expérience cosmopolite, parce que vous êtes à la fois Russe et vous travaillez en France, quelle est la différence dans ces deux pays vis à vis de ce problème ?

 

Il y a une grande différence entre la Russie et l’Europe de l’Ouest par rapport aux matériaux en location. En Russie, les gens veulent avoir tout gratuitement, les gens ne sont pas encore habitués que ce travail du compositeur, de la maison d’édition, toutes les parties séparées pour orchestre doivent être payées par les orchestres, qui jouent avec ce matériel. Ici en France, aux Etats Unis, en Allemagne c’est clair que ça coute de l’argent, c’est une question de Royalties pour le compositeur.

 

Vous ne pensez pas qu’on devrait partager Internet entre les différents auteurs du monde culturel ? Un jeune compositeur ou artiste est-ce qu’il ne pourrait pas démarrer sur Internet pour lancer sa carrière ?

 

Bien sûr je suis d’accord, il faut utiliser les choses positives dans l’Internet. Il ne faut pas fermer cette possibilité d’être plus connu. La seul chose avec la quelle je ne suis pas d’accord, c’est que pour beaucoup de raisons ça peut jouer contre le compositeur. Par exemple si l’exécution n’était pas bonne avec beaucoup d’erreurs, alors sans permission tous les gens peuvent juger ce compositeur avec quelque chose qui ne va pas, qui n’est pas beau au niveau de la qualité professionnelle. Dans ce cas ça peut jouer aussi contre. Finalement de temps en temps, ça serait mieux que rien n’existe à la place de quelque chose de mauvais. De toute façon le compositeur doit avoir une certaine possibilité de contrôler, choisir et filtrer cette information, il doit être membre de ce processus. Ce processus qui est incontrôlable joue finalement contre nous dans tous les sens, de notre porte monnaie, jusqu’à notre question morale.

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