Le Congo devant le choix : le pétrole ou la conservation du parc des Virunga

Le Congo devant le choix : le pétrole ou la conservation du parc des Virunga
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Les Européens se soucient de l’environnement dans leurs pays. Je me souviens, écrit Igor Yazon, que mes amis français du Périgord m’ont invité à un pique-nique dans une magnifique forêt de conifères dans la vallée de la Dordogne. Nous avons mis du pain, des fromages, des primeurs sur les nattes, ouvert le vin. Nous bavardons en admirant la nature, en écoutant les oiseaux chanter. Je sors des cigarettes, je me mets à fumer et ayant remarqué mes amis me regarder avec reproche, je comprends qu’il ne faut pas le faire. « Chez nous il est interdit de fumer dans les forêts », m’expliquent-ils. Ensuite, comme c’est l’usage partout en Europe, on met tout ce qui reste du pique-nique dans des paquets pour le laisser dans des containers sur la route. L’herbe se redressera un jour après et rien n’évoquera notre présence dans la forêt. « Il m’est arrivé de travailler pendant deux ans comme interprète dans la mission des géologues soviétiques à Congo-Brazzaville. Un jour on nous envoie : un géologue spécialiste ediamants, les ouvriers congolais et moi pour plusieurs mois dans la chaîne de montagnes Maiombe couvertes presque entièrement de forêts équatoriales vierges … Nous y prospectons de la kimberlite. Le bruit de l’installation de forage retentit dans la forêt. Des tuyaux, des sacs avec l’équipement, des tonneaux avec des combustibles, la boue, des flaques d’eau sale – bref, un segment de la forêt tout à fait détruit. Le Congo a sans doute besoin de diamants. Toute prospection géologique porte préjudice à l’environnement, à tout ce qui est vivant dans la nature, ce sont des pertes inévitables. L’essentiel consiste à trouver ce qui peut être vendu. Certaines compagnies internationales procèdent depuis plusieurs années aux préparatifs à l’extraction du pétrole au Nord-Kivu dans l’Est de la République démocratique du Congo. Les travaux sont réalisés là où dans n’importe quel pays européen il est interdit de s’ingérer dans la nature. Il s’agit du site classé des plus anciens en Afrique noire : le parc des Virunga proclamé par l’UNESCO patrimoine mondial. Le parc s’étend sur 8 mille kilomètres carrés de forêts équatoriales avec plusieurs volcans en activité et éteints, avec des monts aux cimes de 5 mille, des lacs, des marais, avec la faune richissime, en particulier l’unique population de gorilles beringei beringei. D’importantes réserves de pétrole y sont prospectées. En 2009 le gouvernement de la République démocratique du Congo a délivré à Total, à ENI (Italie) et à COKO (Grande-Bretagne) la licence d’extraction du pétrole sur la superficie constituant 85% du territoire du parc. N’était l’ingérence des organisations écologiques internationales, en premier lieu de Greenpeace, du WWF et de l’UNESCO ainsi que de plusieurs associations congolaises pour la protection des droits de l’homme exhortant les compagnies à suspendre les travaux et les autorités de Kinshasa – à révoquer les licences, le sort du site classé des Virunga aurait été décidé. Total et ENI ont prêté il y a plusieurs mois attention aux appels et ont suspendu les préparatifs à l’extraction du pétrole. Le politologue congolais : le rédacteur en chef de la revue журнала Ngambo Na Hgambo, Lilo Miango parle dans une interview téléphonique de la lutte inégale contre les compagnies internationales pour sauver le parc :

Le WWF a proclamé le 1er août le début d’une campagne internationale en vue de sauver le parc des Virunga ayant exigé que COKO britannique arrête les travaux dans l’Ouest du site classé. Le WWF fonde, en particulier, ses conclusions sur les estimations. Selon les experts du Fonds, la sauvegarde du parc dans l’état actuel assurera au Congo les bénéfices de l’écotourisme de 350 millions de dollars par ans (actuellement moins de 50 millions), de la pêche dans les lacs des Virunga – 90 millions et encore 10 millions de la production de l’électricité. Ces millions seront versés dans le Trésor public. La coordinatrice du projet la Hollandaise Anneke Galava a dit à ce sujet par téléphone à notre correspondant en commentant la campagne engagée par le WWF.

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