Syrie: Paris ne doit pas torpiller les accords russo-américains (expert)

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La conclusion d'un accord sur les armes chimiques syriennes par Moscou et Washington devrait pousser la France à cesser de torpiller les négociations sur la Syrie, estime Fabrice Balanche, maître de conférences à l'université Lyon 2 et spécialiste du Proche-Orient.

La conclusion d'un accord sur les armes chimiques syriennes par Moscou et Washington devrait pousser la France à cesser de torpiller les négociations sur la Syrie, estime Fabrice Balanche, maître de conférences à l'université Lyon 2 et spécialiste du Proche-Orient.  

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius n'approuve pas l'accord russo-américain sur le désarmement chimique de la Syrie conclu par les chefs de la diplomatie russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry, réunis le 14 septembre à Genève. Il est irrité par le fait que la France, "plus ancien allié des Etats Unis", n'ait pas été conviée à cette rencontre. Washington avait besoin de Paris lorsqu'il envisageait de bombarder la Syrie, mais la France reste à l'écart lorsque des négociations sérieuses s'imposent, a décrypté l'expert lundi dans une interview à RIA Novosti.  

Selon M.Balanche, en parvenant à un accord avec les Etats-Unis, la partie russe a fait comprendre à la France qu'"il est temps de cesser de torpiller les négociations sur la Syrie", comme elle l'avait fait avec le scandale entourant les armes chimiques employées à Damas pour saper la conférence Genève 2.  

L'expert français considère en outre que le processus de destruction des armes chimiques ne sera pas simple: il existe un risque que la partie syrienne fasse traîner la mise en place de cette initiative. Ceci étant dit, la France devrait s'abstenir de s'adresser à l'Onu à chaque fois que Damas déroge au plan de désarmement en question. 

M.Balanche est persuadé que le président syrien Bachar el-Assad acceptera de détruire les arsenaux chimiques de son pays en échange de son maintien au pouvoir.  

L'Occident devra arrêter de soutenir l'opposition syrienne et exercer des pressions sur les pays du Golfe s'il  ne veut pas que les armes chimiques tombent entre les mains des insurgés, a expliqué l'expert avant d'ajouter que la France, pays qui a pris part à la création de l'opposition syrienne, risquait de se retrouver dans une situation délicate. Elle devrait donc éviter de saboter les accords parachevés et se contenter de "tourner la page". 

Samedi 14 septembre, les chefs de la diplomatie russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry, sont parvenus à une entente sur le dossier syrien. Les parties ont notamment prôné le règlement politique du conflit syrien et la non-intervention armée dans ce pays et se sont mis d'accord sur la destruction complète des stocks d'armes chimiques de Damas d'ici le milieu de l'année 2014. Cette entente servira de base pour l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu sous chapitre VII de la Charte des Nations unies, prévoyant un recours à la force en cas de non-respect des obligations. 

La situation en Syrie a atteint sa "phase critique" le 21 août, date à laquelle certains médias ont fait état de l'attaque chimique lancée par les troupes gouvernementales syriennes dans une banlieue de Damas. Selon le renseignement US, cette attaque présumée aurait fait plus de 1.400 morts. Malgré le démenti formel de Damas, l'Occident s'est mis à parler d'une opération militaire en Syrie.

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