Discrédité, Hollande trouve du soutien auprès des ennemis de l'Iran

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Avant le nouveau cycle de négociations sur le nucléaire iranien cette semaine, on se demande si la position intransigeante de la France ne va pas faire échouer l’accord des médiateurs internationaux au dernier moment, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Avant le nouveau cycle de négociations sur le nucléaire iranien cette semaine, on se demande si la position intransigeante de la France ne va pas faire échouer l’accord des médiateurs internationaux au dernier moment, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Paris peut compter sur Israël et l'ennemi irréconciliable de Téhéran, l'Arabie Saoudite, qui cherchent eux aussi à empêcher une entente entre les six médiateurs internationaux et l'Iran. Pourquoi la France multiplie-t-elle ses efforts sur ce dossier?

Pendant sa visite en Israël Hollande a avancé quatre conditions pour qu'un accord "intermédiaire" soit signé entre les six médiateurs : le placement sous contrôle international de l'ensemble des sites nucléaires iraniens ; la limitation de l'enrichissement d'uranium à 20% ; la réduction des réserves déjà accumulées ; et la fermeture de la construction du site nucléaire d’Arak. L'Iran a immédiatement laissé entendre qu'en réponse à ces exigences sa position sera plus ferme pendant les négociations.

L'activation soudaine de la France sur le dossier iranien coïncide avec la chute de la cote de popularité du président Hollande. Premier dirigeant de l'histoire française à être publiquement hué pendant la commémoration de l'armistice de 1918, Hollande traverse la période la plus difficile de son mandat. D'après les derniers sondages, sa popularité est tombée à 20% chez les Français - un record pour les dirigeants de la Ve république. Par ailleurs, les appels à renvoyer le premier ministre Jean-Marc Ayrault se font de plus en plus entendre au sein du PS après que l'agence de notation Standard & Poor's a pour la deuxième fois abaissé la note de la France (de AA+ à AA).

Hollande perd sa popularité et ses leviers d’influence en France: il cherche à renverser la situation par des manœuvres internationales. La position intransigeante de Paris lors du dernier cycle de négociations entre Téhéran et les six médiateurs pour le règlement de la crise nucléaire iranienne contraste avec les prévisions optimistes des ministres des Affaires étrangères de l'Iran, des USA et de la Russie. En revanche, la position de la France est soutenue par Israël, l'Arabie saoudite et d'autres monarchies du Golfe.

Bien que les Etats-Unis demeurent le principal fournisseur d'armes dans les pays du Golfe (Washington a récemment signé un contrat de 60 milliards de dollars avec Riyad), les producteurs français pourraient sérieusement renforcer leurs positions sur le marché du Golfe. D'autant qu'il existe un argument historique à une telle coopération. Paris livrait déjà des armes à Bagdad à l'époque de la guerre entre l'Iran et l'Irak par le biais des régimes arabes sunnites, qui considèrent l'Iran comme leur ennemi juré.

Cette position intransigeante sur le dossier iranien offre au président Hollande de nouvelles opportunités de coopération avec Israël qui cherche à utiliser tous les mécanismes pour empêcher une entente avec Téhéran. La visite de Hollande en Israël dimanche s'achèvera à la veille de la reprise des négociations des Six.

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’entretiendra cette semaine avec le président russe Vladimir Poutine et le secrétaire d'Etat américain John Kerry pour évoquer les paramètres de l'entente nucléaire entre les Six et Téhéran. En prévision de ces rencontres le dirigeant israélien a donc obtenu un soutien psychologique très important de la part du président français. Ce dernier a assuré à Netanyahou que Paris ne cèdera pas sur la prolifération nucléaire en Iran. "Tant que nous n'aurons pas la certitude que l'Iran a renoncé à l'arme nucléaire, nous maintiendrons toutes nos exigences et les sanctions".

Toutefois, en dépit de l'activité internationale tumultueuse de Hollande, les experts ne pensent pas qu’il arrivera à renverser sa chute de popularité en France. "Le président Hollande a été incapable de régler des problèmes bien plus graves concernant la récession, la réforme des retraites, la hausse des dépenses publiques et le chômage. Il n'a tenu qu'une seule promesse de campagne : la légalisation du mariage gay, rappelle Nadejda Arbatova de l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO). Dans ces conditions, son hyperactivité sur l'arène extérieure est une tentative d'apporter du poids à sa politique. Mais en l'absence de repères précis cette politique se transforme en passage désespéré d'un extrême à l'autre."

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