Les études spatiales face au déficit budgétaire

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La principale agence spatiale du globe, la NASA, se voit obligée de procéder à des coupes dans son programme en raison du déficit budgétaire. Quels volets du programme spatial seront les premiers concernés et quel en sera l'impact sur les études spatiales à long terme ?

A la mi-novembre James Green, chef de la division de la science planétaire à la NASA, a annoncé sur son blog la fin des travaux sur le générateur Stirling à radioisotope avancé (ASRG). Les sources d'énergie à radioisotope sont indispensables pour les missions spatiales pendant lesquelles il est impossible ou inutile de recourir à l'énergie solaire, notamment pendant les vols vers des planètes lointaines.

Le générateur avancé devrait remplacer les générateurs thermoélectriques à radioisotope multi-mission (MMRTG) installés à l'heure actuelle sur le robot Curiosity. La NASA voudrait utiliser d'une façon optimale le stock limité de plutonuim-238. L'ASRG demande environ quatre fois moins de plutonium que le MMRTG pour produire la même puissance. En outre, les experts notent que l'ASRG se rechauffe moins ce qui est important quand il faut mesurer la température du milieu environnant.

L'arrêt du développement de l'ASRG apportera une économie de 170 millions de dollars en trois ans. Etant donné que la NASA et le ministère de l'Energie des Etats-Unis reprennent la production de plutonium-238 (arrêtée en 1989), James Green estime que le stock en présence et la production nouvelle (1-1,5 kg par an) suffiront aux besoins de l'agence.

Beaucoup craignent cependant qu'il faille réduire d'autres projets, plus modestes, comme Dicovery (d'un coût inférieur à 425 millions de dollars) ainsi que les missions possibles vers des planètes lointaines qui demandent une grande réserve de plutonium. Notons, à titre de comparaison, les chiffres concernant l'appareil New Horizon qui partira pour Pluton : il a à son bord quelque 11 kg de plutonium, la quantité que l'on ne pourra obtenir qu'en 7-10 ans à un rythme de production annoncé. Cela veut dire que les missions de ce type pourront être lancées à cet interval ou même plus rarement.

L'arrêt des travaux sur l'ASRG est un signal alarmant pour la cosmonautique donné par la crise budgétaire. La menace pèse non seulement sur les études planétaires. Selon le chef de la NASA Charles Bolden si le budget est une nouvelle fois réduit en janvier, il n'est pas exclu que la NASA devra renoncer aux programmes importants comme le développement d'un système habité nouveau SLS, le soutien des vols spatiaux privés ou le télescope spatial James-Webb. Dans son document récent portant sur les mesures à prendre pour réduire le déficit le département budgétaire du Congrès a mentionné « l'arrêt du programme spatial habité ». Selon les auteurs du document cela permettra d'économiser 73 milliards de dollars entre 2015 et 2023.

Bien que l'utilité des vols habités reste un sujet de débats au sein de la branche spatiale, le problème n'est pas là. Il paraît que l'âge d'or de la cosmonautique touche à sa fin et pas seulement aux Etats-Unis.

D'une par l'abandon temporaire de certains projets par les Etats-Unis peut stimuler d'autres pays spatiaux : ainsi la Russie participe au projet ExoMars à la place de la NASA. Un regain d'activité de la Chine et de l'Inde peut modifier sensiblement le rapport de forces dans les études spatiales, mais aussi freiner l'essor technologique étant donné que ces nouveaux participants à l'activité spatiale devront découvrir à leur tour les choses déjà connues.

D'autre part, on comprend que la crise budgétaire aux Etats-Unis aura des répercussions inévitables sur la situation financière d'une partie importante du globe et l'exploration de l'espace ne sera pas en tête de la liste des priorités.

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