Bosnie-Herzégovine. Décembre 1995. Partie 5. Les Serbes quittent Sarajevo

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Malgré de fortes chutes de neige et des froids sibériens dans la région des Balkans, l’opération de maintien de paix en Bosnie de l’OTAN se déroulait comme prévu. Les Français qui sont restés à Sarajevo ont tout simplement troqué leurs bérets bleus contre des bérets verts ou rouges. Quant aux Américains, ils ont dû fournir beaucoup d’efforts pour transférer leur contingent de 40.000 soldats vers la ville de Tuzla. La situation à Sarajevo était alors relativement calme. Les experts militaires supposaient, non sans fondement, que les opérations à Sarajevo pourraient constituer un premier test sérieux pour l’OTAN. Car le Pentagone avait renforcé son soutien militaro-technique dans la région dès le mois de décembre. Deux radars pour détecter les positions de tir ont été acheminés dans le secteur français de Sarajevo. Le cas échéant, ces zones pouvaient être bombardées à partir du sol ou depuis le ciel.

Les Serbes n'avaient aucune envie de cohabiter avec les Musulmans et se plier à leurs règles. Beaucoup d’entre eux faisaient leurs valises et partaient. Le journal britannique The Guardian a alors décrit des cas de familles particulièrement désespérées, prêtes à emmener avec elles les os de leurs ancêtres, enterrés dans la région. Toutefois peu de gens savaient où aller.

En ces jours de décembre 1995, des catastrophes climatiques sans précédent se sont abattues sur la région. Le fleuve Neretva est sorti de son lit à Mostar, inondant non seulement une partie de la ville, mais aussi le camp des légionnaires français. Les militaires ont été évacués de cette zone à l’aide d’hélicoptères. Les Américains qui construisaient un pont sur la Save dans la ville croate de Županja se sont également retrouvés confrontés à des difficultés. C’est par ce pont qu’une grande partie du contingent américain devait être transférée. Mais le fleuve emportait systématiquement les équipements de soutènement de l’ouvrage d’art.

Les participants britanniques et français à l’opération de maintien de la paix entretenaient des relations assez complexes. Selon certaines sources, pour sauver les deux pilotes d’un Mirage abattu en août 1995 par les Serbes, les Français auraient passé un pacte secret avec les Britanniques. Ayant retenu en otage les pilotes pendant plusieurs mois, les Serbes voulaient obtenir des représentants français à Sarajevo des garanties sur leur propre sécurité. Les Britanniques ont affirmé qu’ils y étaient parvenus.

Enfin, il y avait un autre problème à résoudre : celui des réfugiés. Il fallait non seulement réconcilier les populations, mais créer également toutes les conditions pour qu’ils puissent rentrer chez eux. L’Allemagne a accueilli à elle seule près de 320.000 refugiés, ce qui a coûté près de 15 milliards de marks allemands aux contribuables. Les Bosniaques, les Serbes et les Croates recevaient des indemnités mensuelles s’élevant à 400 marks, on leur fournissait un logement gratuit, ils bénéficiaient d’une protection sociale et d’un accès à l’éducation secondaire pour les enfants. Evidemment, ces refugiés vivaient mieux dans les pays occidentaux que dans leurs pays respectifs. Ils y menaient une vie à la limite de la légalité, en falsifiant les tickets de transport en commun, travaillant au noir, et pour certains, participant à des activités criminelles. Cependant nombreux d’entre eux avaient des appartements luxueux et des voitures haut de gamme.

Un autre détail important : ceux qui quittaient, même malgré eux, le pays par ces moments difficiles étaient considérés comme des traîtres à Sarajevo. Non seulement on les méprisait, mais on les considérait même comme dangereux. La plupart d’entre eux avaient un très fort pouvoir d’achat et pouvaient s’acheter à Sarajevo tout ce qu’ils souhaitaient, parce qu’ils étaient en possession de sommes considérables en monnaie convertible. En même temps, la plupart des Bosniaques n’avaient même pas d’argent pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Pour décourager les refugiés de rentrer chez eux, divers moyens étaient mis en œuvre : des menaces directes « pour trahison » à l’occupation des appartements qui leur appartenaient par les nouveaux arrivants qui affluaient des campagnes vers les grandes villes de Bosnie-Herzégovine. T (A suivre)


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