L’Iran évincé de Genève 2 : une erreur du SG de l'ONU (Lavrov)

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La crise politique ukrainienne doit être résolue par les Ukrainiens eux-mêmes, sans intervention extérieure. Il en est de même du destin de la Syrie, qui doit être décidé en premier lieu par les citoyens de ce pays. Toutefois, tous les acteurs importants de la région doivent être conviés à contribuer au règlement du conflit syrien. Pour cette raison, l’idée de tenir la conférence de paix Genève 2 sans l’Iran semble pour le moins étrange, a déclaré Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, lors d’une grande conférence de presse à Moscou.

Moscou souhaite que la situation en Ukraine revienne à la normale le plus rapidement possible. Pour cela, la Russie est prête à faire tout son possible pour éviter l’éclatement de l’Ukraine, y compris être médiatrice lors de négociations entre les deux parties. Certes, aucune proposition de ce genre n’est parvenue ni de la part des autorités ukrainiennes, ni de la part de l’opposition. Sergueï Lavrov est convaincu que, dans ce contexte, les actions des différentes personnalités politiques occidentales semblent irresponsables.

« Nous sommes convaincus que les problèmes intérieurs de n’importe quel État, y compris l’Ukraine, doivent être résolus par le dialogue, dans le cadre légal de la législation. Et sans ingérence. Je ne sais pas qui nous en veut au sein de l’Union européenne en ce qui concerne l’Ukraine et pour quelle raison. Toutefois, nous aurions préféré que plusieurs de nos collègues européens ne se soient pas comportés de façon cavalière par rapport à la crise ukrainienne, lorsque des membres de plusieurs gouvernements européens, sans y être invités, ont pris part aux manifestations antigouvernementales dans un pays avec lequel ils entretiennent des relations diplomatiques. C’est tout simplement inconvenant. Et c’est cela justement qui, en fait, envenime la situation. »

Le conflit syrien, qui dure depuis déjà trois ans, est un autre thème international brûlant abordé par le ministre lors de la conférence de presse. Ce mercredi 22 janvier doit avoir lieu la conférence Genève 2. Selon Sergueï Lavrov, une des principales questions qui seront soulevées lors de cette réunion est la neutralisation des groupements terroristes sévissant en Syrie, ceux liés à Al-Qaïda en tout premier lieu. L’Iran aurait dû jouer un rôle important lors de cette conférence. Or, Ban Ki-moon a révoqué l’invitation du délégué de Téhéran. Pour Sergueï Lavrov, cette décision est une erreur. D’ailleurs, toujours selon le ministre, le secrétaire général de l’ONU a rusé, en affirmant que Téhéran « ne partage pas les principes du règlement consacrés dans le communiqué de Genève », ce qui signifie qu’il n’estime pas que la démission de Bachar al-Assad est une condition sine qua non du règlement du conflit syrien. Sergueï Lavrov explique que, si l’on suit cette logique, alors la Russie ne doit pas participer à Genève 2, parce qu’elle ne souhaite pas la destitution de Bachar al-Assad et pense que les négociations de paix doivent débuter sans condition préalable. En d’autres mots, le prétexte pour ne pas inviter l’Iran semble être inventé, et la composition de la conférence, incomplète.

« Il s’agit d’un évènement d’un seul jour, auquel sont invités quarante ministres des Affaires étrangères de différents pays, parfois de régions éloignées, comme l’Amérique latine ou l’Asie de l’Est. Et, bien sûr, malgré le caractère solennel de cette réunion, l’absence de l’Iran de la liste des quarante États ne peut pas ne pas poser de questions. Qui plus est, lors de toutes les étapes de notre travail commun avec les Américains, John Kerry et nous même, comme beaucoup d’autres, avons reconnu, même publiquement, que l’Iran devait jouer un rôle important dans la recherche d’une solution à la crise syrienne. »

Entre temps, hier, l’Iran et les pays occidentaux ont commencé à mettre en œuvre l’accord conclu par les négociateurs de la République islamique et du groupe des 5+1 à Genève. Dans le cadre de cet accord, Téhéran doit cesser l’enrichissement de l’uranium à 20 %. De leurs côtés, les États-Unis et l’Union européenne lèvent une partie des sanctions imposées à l’Iran, comme l’interdiction d’exporter des produits pétroliers. Les États-Unis sont prêts à dégeler une partie des actifs iraniens, dont la valeur dépasse les trois milliards d’euros. Il n’est pas négligeable non plus que les sanctions levées concernent le secteur des transports iranien. Cela permettra à la République islamique de renouveler son parc aérien obsolète. Toutefois, comme le rappelle Sergueï Lavrov, il ne s’agit que de la première étape menant au règlement du problème nucléaire iranien. Le ministre a annoncé que Téhéran et le groupe des 5+1 devraient discuter des étapes suivantes au cours des prochaines semaines. T


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