Syrie : les perspectives de Genève-3

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La Syrie a établi un record dramatique avec plus de 200.000 victimes de la guerre civile, dont un tiers sont des civils et des enfants. Selon les données de l’ONU, le nombre de réfugiés syriens avoisine déjà les trois millions. Ces statistiques terrifiantes progresseront encore davantage si la communauté internationale ne prend pas des mesures urgentes pour faire cesser le bain de sang.

La guerre civile en Syrie dure depuis 3 ans mais elle est loin d’être terminée. Les forces des adversaires sont épuisées, de nombreuses villes sont en ruines, mais les tentatives de mettre les parties en conflit à la table de négociations ont jusqu’ici échoué. Cela s’explique avant tout par le fait que l’opposition radicale activement soutenue de l’étranger, pose des conditions préliminaires très contraignantes, comme la démission du président syrien légitime Bachar al-Assad. Il est évident qu’une telle revendication, comme beaucoup d’autres qui ne profitent qu’à une des parties prenantes du conflit, soit rejetée par les autorités syriennes officielles.

La communauté internationale a procédé entre-temps à la préparation d’une nouvelle conférence sur la Syrie sous le nom de Genève-3. Le forum précédent initié par Moscou et Washington n’avait hélas produit aucun résultat tangible, a avoué le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-moon. Nous avons demandé au politologue Stanislav Tarassov si Genève-3 allait obtenir une percée :

« Le scénario du processus du règlement pacifique en Syrie évoluait initialement d’une façon positive dans le cadre de Genève-1. On avait notamment fixé un plan pas à pas qui prévoyait l’arrêt des hostilités, la création d’un gouvernement de transition et une élection présidentielle. Mais il a été bloqué par la faute de l’Occident et les forces avec lesquelles on pouvait mener le dialogue n’ont pas été identifiées. Le succès de Genève-3 qui se situe dans le prolongement de Genève-2 n’est pas acquis d’avance, mais l’espoir demeure toujours. Si la Russie et les États-Unis souhaitent toujours coopérer sur la Syrie et manifestent de la volonté politique, il y aura aussi des progrès dans le règlement de la crise en Ukraine. »

On a l’impression que la formule concernant les travaux qu’on ne peut pas achever mais seulement arrêter, s’applique déjà au conflit syrien. Les parties se battent avec des fortunes diverses mais aucune d’elles n’a plus la capacité d’infliger une débâcle à l’adversaire. D’ailleurs, a-t-on besoin d’une débâcle qui va sûrement faire de nouvelles victimes ? Les parties engagées dans la bataille n’ont pas l’intention de se rendre sans livrer combat. Les forces pro-Assad ont actuellement la supériorité mais tout peut changer du jour au lendemain. Les collègues de Lakhdar Brahimi, émissaire du Secrétaire général de l’ONU pour la Syrie, sont sceptiques et disent qu’il y a peu de chances de reprise dans l’immédiat de négociations de paix entre l’opposition et Damas. C’est aussi l’opinion du spécialiste de l’Orient Semion Bagdasarov :

« Les conférences précédentes ont montré que ce n’était pas un bon format et que les interlocuteurs étaient mal choisis. En plus, Genève-3 aura pour toile de fond l’aggravation de la situation à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Qu’on se rappelle les déclarations d’Erdogan affirmant que la Syrie et la Turquie sont des ennemis, et les revendications de l’opposition de créer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie. Si on veut que la conférence soit efficace, il faut assurer à la place d’une opposition amorphe la présence de chefs de guerre concrets qui représentent les plus grandes forces de l’opposition. Il faut aussi qu’y soient représentés les pays qui influent sur l’opposition et les dirigeants syriens. A savoir, en plus de la Russie et des États-Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie, l’Iran, l’Irak et éventuellement le Liban. »

Des négociations entre les politiques et les diplomates de ces pays sont déjà en cours. Tout dépend maintenant de la tendance qui prendra le dessus : les intérêts particuliers et égoïstes des États, ou l’arrêt du bain de sang, même au prix de certaines concessions géopolitiques. N

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