En Ukraine, Washington réunit les conditions pour un bain de sang (expert)

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Cherchant à faire de l'Ukraine un avant-poste militaire près des frontières russes, les Etats-Unis cherchent à encercler la Russie stratégiquement; dans le même temps leur "flirt" avec les mouvements fascistes en Ukraine est susceptible d'entraîner une guerre fratricide selon le scénario yougoslave, écrit l'expert politique et philosophe indien Aijaz Ahmad dans un article publié sur le site de la plus grande revue politique du pays Frontline.

Cherchant à faire de l'Ukraine un avant-poste militaire près des frontières russes, les Etats-Unis cherchent à encercler la Russie stratégiquement; dans le même temps leur "flirt" avec les mouvements fascistes en Ukraine est susceptible d'entraîner une guerre fratricide selon le scénario yougoslave, écrit l'expert politique et philosophe indien Aijaz Ahmad dans un article publié sur le site de la plus grande revue politique du pays Frontline.

Coup d'Etat euro-nazi

"Le coup d'Etat euro-nazi à Kiev en février 2014 financé par les Etats-Unis et la réintégration de la péninsule de Crimée à la Russie, qui a suivi en mars, marquent un tournant dans l'ère postsoviétique. Après la grande propagande de la doctrine l'"Axe asiatique" du président Barack Obama, qui visait à encercler la Chine, on assiste à un tournant rapide accompagné de violence sur l'"Axe européen" de l'Amérique destiné à achever au plus vite l'encerclement de la Russie et la suppression d'une zone tampon cruciale entre la Russie et le réseau de bases de l'Otan, qui s'introduit sur le territoire de l'ex-Pacte de Varsovie et, dans certains cas, de l'ex-URSS", écrit Aijaz Ahmad dans un article intitulé "Le grand jeu en Europe".

Selon le politologue, l'Ukraine est une sorte de zone frontalière partagée par ces deux civilisations "à l'instar de la région serbo-croate en ex-Yougoslavie".

"Nous savons comment la Croatie avec sa majorité catholique a été poussée à se séparer de la Serbie orthodoxe, ce qui a entraîné des massacres partout, voire un génocide. En s'efforçant de transformer l'Ukraine en un avant-poste pour déployer des bases de l'Otan afin de contrer la Russie, inconsciemment ou sciemment les Etats-Unis ouvrent la voie au génocide et au nettoyage ethnique. Par le passé, ils ont déjà formé une armée internationale de jihadistes en Afghanistan pour contrer le communisme; nous en ressentons encore les conséquences à travers le monde. Mais qu'arriverait-il si un équivalent d'Afghanistan faisait son apparition dans un pays crucial géographiquement situé entre l'Orient et l'Occident?", s'interroge l'auteur.

Effondrement économique

Aijaz Ahmad doute que l'assistance économique occidentale promise aidera réellement l'Ukraine. D'après lui, au cours des deux dernières décennies les subventions russes pour les achats pétrogaziers de l'Ukraine s'élèvent à 200 milliards de dollars, sans compter les prêts et le soutien financier de la Russie non seulement pour aider l'Ukraine, mais également pour y assurer la neutralité. De son côté, l'Occident propose des sommes et des crédits du FMI largement inférieurs en échange de l'accord de l'Ukraine pour instaurer le même régime d'austérité que celui qui a été imposé à la Lettonie, la Slovaquie, la Grèce et d'autres pays.

"L'économie ukrainienne serait aujourd'hui en ruines sans la générosité de la Russie. Le régime d'austérité imposé par le FMI à l'économie effondrée et la militarisation sous l'égide de l'Otan pour une confrontation directe avec la Russie est un mélange explosif qui pourrait entraîner une guerre civile, une guerre régionale et on ne sait quoi encore dans un pays où 70% de la population s'oppose à l'adhésion à l'Otan, selon un récent sondage de Gallup", écrit l'expert.

De plus, les conséquences des mesures du FMI provoqueraient des cataclysmes aux retombées imprévisibles, estime Aijaz Ahmad.

Les bons et les mauvais radicaux

Aijaz Ahmad explique qu'il existe de "bons" et de "mauvais" radicaux aux yeux de l'Occident.

"Il n'est plus à la mode de se qualifier de "nazi" ou de "fasciste". Faisant partie du paysage politique de l'Europe, ils se font appeler "nationalistes", et les médias les appellent "nationalistes de droite", "extrémistes", "xénophobes" et ainsi de suite. Cependant, la rose sent la rose, peu importe le nom qu'on lui donne. Les successeurs des fascistes ont largement participé à la mise en place de gouvernements dans plusieurs pays postsocialistes tels que la Croatie, la Hongrie et la Slovénie. Cependant, l'Ukraine est le premier pays européen à avoir au gouvernement au moins trois mouvements politiques qui s'identifient ouvertement à l'héritage nazi et qui contrôlent la sécurité de l'Etat sous le patronat non dissimulé des Etats-Unis et avec le consentement absolu de l'Union européenne. Cette marche de néonazis vers les plus hautes fonctions dans un pays européen crucial avec le soutien total des Etats occidentaux sera un élixir enivrant pour les partis fascisants à travers l'Europe", écrit Ahmad.

Il considère le recours au "coup d'Etat sous la direction de nazis" comme une toute nouvelle étape de la promotion de la démocratie par l'Amérique par le biais de l'extrême-droite. On constate des parallèles historiques à cela.

"Nous avons vu de "bons jihadistes" dans la campagne antisoviétique en Afghanistan ; de "bons miliciens narcoterroristes" qui se battaient contre la gauche au Salvador, au Nicaragua et en Amérique Latine ; de "bons terroristes d'Al-Qaïda" en Syrie. Cette fois, nous avons de "bons nazis" en pleine Europe", écrit le philosophe.

Les Etats-Unis ont annoncé à plusieurs reprises que les accusations de fascisme portées contre les partisans de la "révolution" ukrainienne n'étaient qu'une étiquette collée par leurs opposants politiques, écrit Ahmad. Néanmoins, les faits ne laissent pas l'ombre d'un doute: les principales forces impliquées dans le coup d'Etat ukrainien – le parti nationaliste Svoboda (Liberté) et l'association d'organisations nationalistes radicales Secteur droit – sont des organisations fascisantes. Svoboda était initialement appelé Parti social-nationaliste d'Ukraine. De plus, ses leaders déclaraient avoir hérité des idées de Stepan Bandera, fondateurs de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), qui avait coopéré avec les occupants allemands, rappelle le politologue.

Selon lui, la "haine extrême de tout ce qui se rapporte à la Russie" émanant des nouvelles autorités de Kiev signifie qu'un tiers des Ukrainiens ou plus vivent aujourd'hui dans la peur et songent même à la réalisation du scénario criméen. L'unique alternative au conflit est la fédéralisation de l'Ukraine avec l'octroi de larges pouvoirs aux gouvernements régionaux, affirme Ahmad.

Diabolisation du gouvernement russe

Depuis Joseph Staline, aucun dirigeant russe n'avait été aussi diabolisé en Occident que l'est aujourd'hui Vladimir Poutine, écrit l'expert. D'après ce dernier, les Etats-Unis peuvent utiliser dans les circonstances actuelles le mensonge sur l'"invasion russe en Ukraine" pour faire passer la Russie comme une menace militaire pour ses voisins, ce qui justifierait une augmentation conséquente de la présence militaire américaine non seulement en Europe, mais aussi en Asie centrale. De plus, les USA, dont la propagande rangera Poutine aux côtés des personnalités telles que Staline, l'ayatollah Khomeini, Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi et Bachar al-Assad, œuvrera pour organiser une "révolution de couleur" en Russie au nom de la "démocratie" et contre la "dictature" et la corruption.

La Russie et la Chine

Ahmad souligne également l'importance du soutien accordé à la Russie par la Chine et l'Inde dans le cadre de la situation en Crimée.

"Une alliance stratégique étroite entre la Russie et la Chine pourrait tout à fait être l'une des issues positives du fiasco ukrainien des USA", écrit l'expert en soulignant qu'une telle alliance pourrait avoir des conséquences "fatales" pour l'"empire américain", car la Russie possède les plus grandes réserves naturelles et la Chine détient le plus grand nombre de liquidités. Les actions de Washington aussi bien contre la Russie que contre la Chine ne feront qu'accélérer la formation de leur union, affirme l'expert.

Une crise politique a éclaté en Ukraine fin novembre 2013 lorsque le cabinet a annoncé la suspension de l'intégration européenne du pays. Des manifestations importantes, baptisées EuroMaïdan, se sont déroulées à travers l'Ukraine et ont dégénéré en janvier en affrontements entre des radicaux armés et les forces de l'ordre. Les affrontements de rue, où l'opposition a fait à maintes reprises usage d'armes à feu et de cocktails Molotov, ont fait de dizaines de victimes.

Le pouvoir en Ukraine a été pris de force le 22 février. En transgressant l'accord entre le président Viktor Ianoukovitch et les leaders de l'opposition, la Rada, le parlement ukrainien, a modifié la constitution, changé la direction du parlement et du ministère de l'Intérieur et destitué le chef d'Etat, qui a dû ensuite fuir l'Ukraine en craignant pour sa vie. Le 27 février, le parlement ukrainien a approuvé la composition d'un gouvernement dit "de confiance populaire", dirigé par Arseni Iatseniouk.

Pour sa part, la Crimée n'a pas reconnu la légitimité du nouveau gouvernement et organisé un référendum pour décider du sort de la région. Le vote s'est déroulé le 16 mars. Le bulletin de vote comportait deux questions : "Êtes-vous favorable à la réunification de la Crimée avec la Russie dans les droits de la Fédération de Russie?" et "Êtes-vous favorable au rétablissement de la Constitution de la République de Crimée de 1992 et pour le statut de la Crimée dans le cadre de l'Ukraine?".

La grande majorité (96,77% des voix) s'est prononcée en faveur du rattachement à la Russie, avec un taux de participation de 83,1%. Un accord d'unification a été signé le 18 mars, puis approuvé par la Douma (chambre basse du parlement russe) et le Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe). Ils ont également adopté une loi constitutionnelle fédérale sur la création de deux nouveaux sujets de la Fédération de Russie – la République de Crimée et la ville fédérale de Sébastopol. Le président russe Vladimir Poutine a signé les deux documents. Plus tôt, Poutine avait déclaré que l'organisation du référendum en Crimée répondait aux normes du droit international et de la Charte de l'Onu.

Dans une allocution devant les députés, les gouverneurs et les représentants de la société civile, le président Poutine a remercié l'Inde et la Chine pour leur compréhension de la position russe vis-à-vis de la Crimée.

"Nous sommes reconnaissants envers tous ceux qui ont fait preuve de compréhension à l'égard de nos démarches en Crimée, nous remercions la population de Chine, dont le gouvernement percevait et perçoit la situation en Ukraine et en Crimée dans son intégralité historique et politique, nous apprécions particulièrement la retenue et l'objectivité de l'Inde", avait déclaré Vladimir Poutine.

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