Mostar, pierre de touche des accords de Dayton. Partie I

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Le 9 février 2014 le Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine Valentin Inzko a averti que l'UE pouvait introduire ses troupes en cas de hausse de la violence dans le pays. Au total, en cinq jours, 348 personnes ont été blessées dans les heurts. Dans une interview accordée au Kurierautrichien M. Inzko a dit que la situation en Bosnie rappelait celle d'après la guerre de 1992-1995. Il s'agit de la révision des accords de Dayton. Une bonne occasion pour se rappeler comment tout a commencé.

La Bosnie-Herzégovine est un Etat dans lequel ont vécu et devaient vivre trois peuples égaux en droits : les Musulmans bosniaques, les Croates et les Serbes. Selon les auteurs des accords de Dayton sur la Fédération de Bosnie-Herzégovine, la capitale Mostar devait devenir le pivot du futur Etat uni. Pourtant en 1996 la ville est devenue une arène de contradictions et de conflits incessants entre les Croates et les Musulmans. Les passions s'exacerbaient de jour en jour et les militaires espagnols ont dû bloquer le centre de la ville avec des chars. L'Allemand Hans Koschnick, administrateur de la ville nommé par l'Union européenne, a longtemps négocié avec les dirigeants locaux sur le tracé des frontières entre les communes nouvelles de Mostar.

Les accords de Dayton sous-entendaient l'unification de la ville, la levée du système de laissez-passer et la libre circulation. Mais ni les Musulmans ni les Croates ne voulaient céder. Alors le ministre allemand des Affaires étrangères Klaus Kinkel, le secrétaire général de l'OTAN Javier Solana et l'amiral américain Leighton Smith commandant la SFOR se sont joints à la solution du problème. La « crise de Mostar » a même été examinée par une réunion spéciale du comité européen à Bruxelles.

A la fin de janvier 1996 Hans Koschnick s'est rendu spécialement à Zagreb. A l'issue de sa rencontre avec le président croate Franjo Tudjman il a communiqué aux journalistes que tout serait calme à Mostar. Mais il a été soupçonné de nourrir des « sympathies pour les Musulmans » quand il est devenu clair que le centre de la ville par lequel passait la ligne de démarcation entre les parties musulmane et croate aurait un statut spécial. Le maire de Mostar-Ouest Mijo Brajkovic a déclaré que l'Union européenne avait trahi les Croates et s'était rangée du côté des Musulmans.

Le statut provisoire de la ville concerté par les dirigeants supérieurs de Croatie et de Bosnie sur la base Wright-Patterson n'a pas satisfait Mijo Brajkovic. Il a annoncé la rupture de toutes les relations avec l'UE. La population croate a entamé des protestations et Hans Koschnick pris à parti par une foule en colère s'est sauvé dans sa limousine blindée. Les Croates étaient convaincus que l'administrateur européen, au lieu d'unifier Mostar, avait divisé la ville à sa guise. Les Musulmans ont longtemps bloqué toutes les propositions des Croates et ont tout fait pour pouvoir placer l'ensemble de la ville sous leur contrôle à l'issue des prochaines élections locales.

Boro Pulic, l’un des dirigeants de l'administration municipale croate, a affirmé à l'époque : « Nous nous prononçons pour une ville unie qui doit être divisée en communes équitablement. Il ne faut rien mélanger, car personne ne sait à qui appartient quoi. Une telle décision serait une bombe à retardement et un prétexte pour l'instabilité future ».

La question des frontières dans la ville n'était pas une simple affaire de principe. Les intérêts matériels des gens étaient en jeu. Cela concernait surtout ceux qui devaient rentrer dans leurs appartements et maisons d'où ils avaient été chassés dès 1992. Les papiers officiels ont été signés, mais les affaires ne bougeaient pas. Le même problème s'est posé à Sarajevo où les Musulmans et les Serbes ne parvenaient pas à s'entendre.

Le face-à-face de Mostar au début de 1996 a une nouvelle fois montré aux Européens l'instabilité de la situation dans la région. Il est devenu évident que l'Union européenne et la SFOR avaient du mal à honorer leurs engagements.

Les Américains eux aussi voulaient dénouer le principal nœud de contradictions régionales le plus vite possible. Bill Clinton qui avait assumé le rôle de principal médiateur régional ne voulait pas accepter que chacune des parties ne respecte que le volet des accords de Dayton qui lui plaisait sans accomplir toutes les clauses. T


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