La Croix-Rouge témoigne : aujourd’hui on tue plus de civils

La Croix-Rouge témoigne : aujourd’hui on tue plus de civils
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« Sur 10 victimes d’un conflit, neuf sont des civils qui prennent des armes et un va être un militaire », a annoncé à La Voix de la Russie Claude Fabbretti, responsable de la Section Humanitaire Internationale de la Croix-Rouge monégasque.

Dans un monde où les guerres se succèdent, les bénévoles de cette organisation s’exposent à un véritable danger. Près de 22 volontaires ont été tués en Syrie. Il est évident que l’intervention de la Croix-Rouge dans les conflits actuels est plus importante que jamais. A l’occasion de la Journée mondiale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge le 8 mai, nous avons a posé quelques questions à Claude Fabbretti.

La Voix de la Russie. Quelles sont les principes fondamentaux et les actions concrètes du mouvement en général ?

Claude Fabbretti. « Les principes fondamentaux sont au nombre de sept. Ce sont les principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité, d’universalité, d’indépendance, de volontariat et d’unité. La Croix- Rouge a été créée pour agir en temps de conflits armés il y a 150 ans. Henry Dunant était présent lors de la bataille de Solferino le 24 juin 1859 et il a porté secours aux différents militaires blessés sur le champ de bataille. A partir de cette initiative, il a décidé de s’entourer d’autres personnes de nationalité Suisse, et en 1863 la Croix-Rouge est née. Le but initial était de porter secours aux militaires sur les champs de bataille. Après la Première guerre mondiale, la ligue des nations de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a été créée. Rappelez-vous en 1919, on était persuadé qu’il n’y aurait plus jamais de conflits mondiaux et tout ce réseau de volontaires qui c’était constitué dans plusieurs pays entre 1863 et 1919 a décidé d’être opérationnel aussi en dehors des conflits armés. On commençait à avoir des grandes vagues d’épidémies, comme la fièvre espagnole, des incendies majeurs, des catastrophes. Et on a dit : le mandat du mouvement Croix-Rouge va être dorénavant d’intervenir aussi en dehors des conflits armés sur des grandes pandémies. Malheureusement, des conflits armés ont continué aussi, donc la Croix-Rouge a continué son action lors des conflits armés, mais a développé aussi son action grâce à son réseau de volontaires lors des catastrophes naturelles et autres problèmes : pandémies, sécheresses, catastrophes humaines. »

LVdlR. Quels rôles ont joué les interventions de la Croix-Rouge sur les conflits majeurs de 2013-2014, tel que la Syrie par exemple ?

Claude Fabbretti. « La Croix-Rouge monégasque a répondu financièrement à un appel du CICR en 2013 pour intervenir en Syrie, en Jordanie et au Liban en débloquant 40 000 euros pour soutenir l’action du mouvement dans ces pays-là. Donc certaines Croix-Rouges envoient des médecins ou des volontaires, ou une aide matérielle. Et d’autres soutiennent l’action à hauteur de leurs moyens par des aides financières. Dernièrement on a fait un triste bilan, le Croissant-Rouge Arabe Syrien a perdu plus de 22 à 23 volontaires qui ont été tué depuis le début du conflit en Syrie. Là je ne vous parle que de la Syrie. »

LVdlR. N’est-il pas difficile d’intervenir dans certain pays en proie à la guerre ? Comment faire dans ces cas là ?

Claude Fabbretti. « Ce qui est vraiment problématique aujourd’hui, c’est le type de conflit. Quand il y a un conflit armé aujourd’hui, ce n’est plus du tout comme quand il y avait un conflit en 1859. Le types de conflits à totalement évolué. Je vous donne juste une proportion : quand la Croix Rouge a été créée en 1859, s’il y avait un conflit armé entre deux pays, sur dix victimes neuf étaient des militaires et une victime était civile. Pendant la Seconde guerre mondiale, il y a eu autant de victimes militaires que de victimes civiles. Dans les conflits modernes, tels que la Syrie ou ce qui se passe en Ukraine actuellement, on est dans des proportions totalement inversées. C'est-à-dire qu’aujourd’hui sur dix victimes d’un conflit, neuf sont des civiles qui prennent des armes et un va être un militaire. Du coup, la reconnaissance et l’accès du mouvement Croix Rouge, pose souvent un problème, parce que les gens soit associent la Croix Rouge à une agence de l’Etat et ne reconnaissent pas forcément la neutralité et l’indépendance, mais on continue d’intervenir. »

LVdlR. Comment appréhendez-vous la situation humanitaire actuelle en Ukraine ? Y a-t-il dore et déjà une mission envoyée sur place ? Ou vous projetez d’y envoyez des bénévoles ?

Claude Fabbretti. « Il y a une Croix-Rouge ukrainienne qui est très active. Il y a eu un volontaire blessé à Kiev dès le début des actions au mois de février. La fédération Internationale et le CICR sont présents sur place.»

LVdlR. Les bénévoles de la Croix-Rouge font face chaque jour à des images horribles, que ce soit sur les champs de batailles ou en dehors des conflits. Comment peut-on rester stoïque face à cela ?

Claude Fabbretti. « Je pense que l’on n’est pas stoïque face à ces images, face à la misère humaine. On met en place des modules de soutien psychologique pour les populations que l’on soutient, mais également pour préparer nos volontaires à faire face à des situations critiques : comme on peut apprendre à porter secours, à sauver des vies, à écouter des gens qui sont en détresse ou à soutenir nos propres volontaires qui vont vivre ou voir une expérience traumatisante. » T

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