La tournée du président français au Caucase du Sud

La tournée du président français au Caucase du Sud
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Bakou, Erevan, Tbilissi – tel est le programme de la tournée de trois jours du président français François Hollande au Caucase du Sud : Azerbaïdjan, Arménie et Géorgie.

Il a commencé sa tournée le 11 mai en se rendant à Bakou où il s’est entretenu avec son homologue azéri Ilkham Aliev. Lundi le 12 mai François Hollande est arrivé à Erevan où sont prévus des pourparlers avec le chef de l’Etat arménien Serge Sarkissian. La tournée du président français au Caucase du Sud se terminera mardi à Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Il est à noter, écrit notre commentateur Igor Yazon, que la visite à Erevan a coïncidé avec le 20ème anniversaire de la signature de l’accord de cessez-le-feu dans le conflit armé de Haut-Karabagh. Cette signature emblématique pour l’Azerbaïdjan et l’Arménie est intervenue le 5 mai 1994 à Minsk. La France a contribué au règlement politique de ce conflit en co-présidant avec la Russie et les Etats-Unis le groupe de Minsk.

De nombreux observateurs font remarquer que ce qu’on appelle « diplomatie économique » se trouve au premier plan dans la majorité de déplacements étrangers du président Hollande. La tournée au Caucase du Sud n’est pas une exception le chef de l’Etat français étant accompagné par des présidents et directeurs d’une trentaine entreprises de l’Hexagone. Toutefois le président n’a pas manqué de faire quelques déclarations assez rudes sur les événements en Ukraine notamment lors d’une conférence de presse à Bakou. Dans une interview téléphonique à La Voix de la Russie le directeur du Centre des études françaises de l’Institut de l’Europe de l’Académie des sciences de Russie Iouri Roubinskiy a parlé du contexte dans lequel se déroule la tournée du Françaois Hollande au Caucase du Sud.

« En ce qui concerne l’économie de trois républiques sud-caucasiennes c’est certes l’Azerbaïdjan qui présente le plus grand intérêt pour les Français parce que les échanges commerciaux avec ce pays sont considérables et présente un déséquilibre côté français la France important principalement les hydrocarbures : le pétrole et le gaz. Cette questions restera donc sur l’ordre du jour pour la France quant à ses relations tant avec l’Azerbaïdjan qu’avec d’autres pays producteurs du pétrole. Quant à l’aspect politique de cette visite, la crise ukrainienne en constitue un fil rouge. Mais en l’occurrence il y a aussi le Haut-Karabagh. Avec les Etats-Unis et la Russie la France fait partie du Groupe de Minsk pour le règlement de ce conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Ce groupe existe depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu entre ces deux pays voisins et la France voudrait montrer son approche constructive à la résolution de ce conflit en plus de ses intérêts économiques. D’autant plus qu’en France le diaspora arménien a un poids considérable, plutôt politique qu’économique. Sur le fond des événements au sud-est de l’Ukraine la France voudrait se poser un peu en pacificateur dans l’espace postsoviétique ce qui se comprend aisément. Après Bakou le président Hollande se rendra à Erevan pour essayer encore de jouer le rôle de médiateur. D’autant plus que les événements en Ukraine – la Crimée et tout le reste – risquent de conduire à une certaine déstabilisation dans le conflit du Haut-Karabagh. Bien évidemment la France voudrait anticiper et prononcer sa parole de pacificateur ».

« Ne croyez-vous pas que la France cherche à asseoir son poids politique au Caucase du Sud ? », a demandé notre commentateur à Iouri Roubinskiy.

« Ce sont peut-être de grands mots mais la France a de véritables liens ici. Il est à noter que Mme Zarabechvili, ex-ambassadrice géorgienne en France qui est par la suite devenu ministre des Affaires étrangères sous Saakachvili, était née en France et avait travaillé au ministère français des Affaires étrangères. Il est vrai qu’elle ne joue pas un grand rôle dans la vie politique géorgienne mais le fait est là. De ces trois républiques c’est la Géorgie qui a déjà manifesté sa volonté de s’associer à l’Union européenne. La question de l’association de l’Azerbaïdjan reste ouverte. L’Arménie a refusé et vise l’adhésion à l’Union douanière. Chaque pays a ses objectifs et ceux-ci sont différents. Difficile à dire où il sera le mieux accueilli. Je peux seulement dire que partout il sera facile de trouver des sujets de conversation tant pour lui que pour ses interlocuteurs ».

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