Jacques Sapir : « Dans la question des sanctions contre la Russie il faut distinguer la logique politique et économique »

Jacques Sapir : « Dans la question des sanctions contre la Russie il faut distinguer la logique politique et économique »
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Alors que le candidat à la présidentielle ukrainienne Ioulia Timochenko appelle le monde occidental à infliger des sanctions économiques à la Russie, un nombre croissant d'économistes occidentaux arrivent à la conclusion que cette guerre économique ferait en Europe des dégâts bien pires qu’en Russie.

Pour en avoir une analyse éclairée, nous avons interrogé sur ce sujet Jacques Sapir, l’économiste français et Directeur de l’Ecole supérieure des sciences sociales.

Jacques Sapir. « Economiquement, il est évident que les sanctions sont contreproductives et de toute manière inadaptées à la nature des problèmes qu’il y a aujourd’hui autour de la question de l’Ukraine. Ces sanctions en réalité perturbent tout autant l’économie des pays d’Europe occidentale que l’économie de la Russie. Bref, du point de vue économique, il voudrait mieux oublier les sanctions. Mais politiquement il est clair que les gouvernements européens se sont avancés au profit du gouvernement de Kiev, mais ils se sont avancés dans les mots et rien n’a suivi. Et donc d’une certaine manière il faut montrer que l’on fait quelque chose. C’est pour cela que ces sanctions ont été prises et se sont les sanctions sans réelle efficacité économique. Le vrai problème qui se pose pour la France et l’Allemagne est suivant: est-ce qu’ils continuent le discours qu’ils tiennent depuis plusieurs semaines en passant à des sanctions véritables ou ils trouvent un accord raisonnable sur la question ukrainienne. Il est intéressant de voir un nombre important de responsables économique que ce soit en Allemagne, en France ou en Italie font pression sur les gouvernements pour leurs dire que cet histoire des sanctions n’a pas de sens et il est indispensable de revenir aux choses beaucoup plus raisonnables. Mais les gouvernements européens sont piégés par le discours qu’ils ont tenu dans les semaines précédentes. »

Rappelons que c'est le refus de Viktor Ianoukovitch à signer un accord d'association avec l'Union européenne qui a mené à une crise politique et économique en Ukraine, plongeant le pays dans le chaos de la guerre civile. Toutefois, selon Jacques Sapir, la signature de cet accord n'était pas si nécessaire et urgent. Ainsi, « une erreur, commise par les dirigeants européens » avait des conséquences tragiques.

Jacques Sapir. « La question de l’adhésion de l’Ukraine à cet accord de libre-échange aurait pu être repoussé d’un an ou deux et elle n’était pas urgente. Les dirigeants européens ont commis une erreur qui a des conséquences tragiques parce qu’il y eu des morts en Ukraine à cause de cela. L’UE est en crise maintenant et les leadeurs européens ont voulu à avoir quelque chose de positive à présenter à la population de l’Europe occidentale. Mais ils n’ont pas pu mesurer quelles seraient les conséquences potentielles de cela. Donc on a eu un engagement de l’UE par rapport aux révoltés de Maidan ; après on a eu des gens très différents qui ont commencé à utiliser la situation dont l’extrême-droite ukrainienne qui n’était d’ailleurs pas très bien présente au début. On a une situation qui a beaucoup évoluée à partir de son origine et l’UE a une responsabilité importante dans la crise ukrainienne. »

Le FMI a reconnu que le plan d'aide de 17 milliards de dollars qu'il a accordé à l'Ukraine devrait être « remanié « en cas de perte de l'Est du pays. Le Fonds estime donc une «augmentation » de l'aide financière. Selon l'économiste français, le FMI a commis une grosse erreur, en l'exposant ainsi « les intérêts politique dans la région» qui, même dans cet exemple, «contredisent à la logique élémentaire ».

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