Guerre 1914-1918: la Russie, victime involontaire des ambitions étrangères

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La Première guerre mondiale a éclaté au moment où la Russie effectuait sa modernisation et se transformait de la société agraire qu'elle était en une société industrielle.

Les premiers tirs de la Première guerre mondiale ont été fait il y a 100 ans, mais leur écho est entendu jusqu'à aujourd'hui. La carte de l'Europe a été redécoupée, tous les empires continentaux ont été détruits, des contradictions nouvelles ont été engendrées. Les initiateurs de la Grande guerre n'ont pas prévu qu'elle s'éterniserait pour plusieurs années et aurait des conséquences aussi destructrices.

La Première guerre mondiale a éclaté au moment où la Russie effectuait sa modernisation et se transformait de la société agraire qu'elle était en une société industrielle. Ses rythmes de croissance économique et de réarmement étaient élevés, mais insuffisants pour s'engager dans une guerre d'usure. Le premier ministre Piotr Stolypine a dit : « Nous avons besoin de la paix : si la guerre éclate dans un proche avenir, surtout pour une raison incompréhensible à la population, elle sera fatale pour la Russie et la dynastie. Par contre, chaque nouvelle année de la paix renforce la Russie non seulement du point de vue militaire et naval, mais aussi du point de vue financier et économique ».

Le membre de l'Association russe des historiens de la Première guerre mondiale Konstantin Pakhaliouk signale que tout le monde comprenait en effet que la Russie n'avait pas besoin d'une guerre, mais qu'elle ne pouvait pas rester à l'écart :

« Dans la situation de l'époque le succès du développement de la Russie dépendait de son statut de grande puissance. La Russie ne pouvait pas ne pas s'engager dans la guerre qui lui avait été imposée. Elle faisait tout son possible pour l'éviter. En témoignent, entre autres, la correspondance entre Nicolas II et Guillaume II, les tentatives pour localiser la crise des Balkans et la soumettre à une discussion internationale ».

Néanmoins il était impossible d'arrêter les événements tragiques. L'Autriche-Hongrie a déclaré la guerre à la Serbie. La Russie a été confrontée à un dilemme : renoncer à la défense des intérêts dans les Balkans ou se défendre.

La professeur de l'Université fédérale de l'Oural Olga Porchneva signale que la Russie ne pouvait pas faire des concessions en dépit de nombreuses craintes relatives à une issue tragique éventuelle :

« La Russie n'était pas intéressée dans la guerre, à l'opposé d'autres belligérants. Mais elle a honoré le principe de fidélité à son alliance avec la France et de soutien de la Serbie. En plus, l'opinion existait que sans intervenir dans le conflit la Russie perdrait le statut de grande puissance et deviendrait féal de l'Allemagne ».

En résultat la Russie a perdu le statut d'empire. Mais elle n'était pas seule : tous les empires continentaux se sont disloqués. La Première guerre mondiale a mis le point final sur l'histoire du XIX siècle avec ses idées du progrès et du développement pacifique. Elle a accéléré les contradictions internes et a provoqué des bouleversements sociaux dans plusieurs pays. Konstantin Pakhaliouk est convaincu que la guerre a modifié la conscience mondiale en généra.

« Nous pouvons parler de l'apparition du phénomène de masse propre uniquement au XX siècle, de la destruction d'anciennes structures sociales et de l'apparition d'amples communautés marginalisées. Les masses susmentionnées sont devenues la base sociale des mouvements totalitaires : des nazis en Allemagne et des bolcheviks en Russie. La guerre a interrompu le mouvement progressif de la société dans lequel l'apparition de telles dictatures était peu probable ».

Ce premier conflit militaire de dimension mondiale s'est achevé par la victoire de l'Entente. Pour l'Allemagne la guerre a abouti au Traité de Versailles et à l'obligation de rembourser aux pays sinistrés le préjudice causé pendant les hostilités. En outre, l'Allemagne a perdu des territoires importants. Olga Porchneva trouve que cette situation aggravée par les restrictions relatives aux forces armées et les réparations a causé un regain de popularité des idées du national-socialisme :

« En Allemagne, l'humiliation subie par la population suite aux conditions du Traité de Versailles a donné lieu à l'esprit de revanche. Dans l'entre-deux-guerres l'Allemagne s'est mise à nouveau à briguer l'hégémonie en Europe, voire au monde. Cela a eu pour effet la catastrophe de la Seconde guerre mondiale. La Première guerre mondiale a prédéterminé le développement mondial au XX siècle ».

Depuis, des changements intervenant dans le monde poussent l'humanité à de nouvelles guerres. La crise syrienne aurait pu conduire à un ample conflit militaire, mais les dirigeants russes sont parvenus à trouver une solution diplomatique et à éviter l'effusion de sang. A présent, le conflit en Ukraine est accompagné de nombreuses provocations à l'encontre de la Russie. Mais le pays qui a tiré les enseignements des guerres mondiales précédentes ne permettra pas de se faire entraîner dans une nouvelle confrontation inutile.

La Voix de la Russie

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