A tout malheur bonheur est bon ou de l’arroseur arrosé

A tout malheur bonheur est bon ou de l’arroseur arrosé
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La guerre des sanctions ou plutôt la course aux sanctions lancée suite à l’exacerbation des tensions dans le Sud-Est ukrainien et notamment au crash du Boeing 777 n’a pas abouti à l’effet recherché.

La réalité a pris le dessus sur les spéculations. L’arroseur a été abondamment arrosé. La Russie, quant à elle, a pu tirer bénéfice de la bouderie économique au fond ridicule que lui oppose l’UE.

L’Allemagne a déjà commencé à payer les pots cassés, son PIB ayant brusquement baissé de 0,2 %. Inquiète, Mme Merkel entend revenir à un dialogue constructif avec le Kremlin en soulignant l’importance des liens économiques qui unissent les deux pays (6000 entreprises allemandes implantées en Russie !). La Finlande vient de renoncer à l’application des sanctions arguant une perte de presque 7 milliards de dollars, la Russie étant son deuxième importateur après la Suède. En France, les maraîchers ont réclamé la mise en place d’un système de compensation des pertes subies suite aux sanctions infligées à la Russie (surproduction). Saint-Nazaire vit quant à lui au rythme des tergiversations de Hollande qui se demande s’il faut oui ou non honorer le contrat concernant la livraison du deuxième bâtiment, le Sébastopol, normalement prévue pour 2015.

Comme les dirigeants unionistes ont l’habitude de faire pression lorsqu’ils se savent épaulés par les USA, il ne leur est sans doute pas venu à l’esprit que la Russie pourrait imaginer répondre à des sanctions résultant au mieux de soupçons, au pire d’accusations mensongères. C’est ce qui advint au grand dam de Washington et de Bruxelles qui se croyaient tout permis. Aux dernières nouvelles, les pertes de l’UE se s’élèveront, ceci à court terme, à 11 milliards d’euros. Ce chiffre semble encore bien modeste si l’on sait que la Belgique a déjà perdu près de 40 millions d’euros suite à l’embargo russe sur la viande porcine. Par ailleurs, à plus grande échelle, Lufthansa et d’autres compagnies occidentales sont hautement préoccupées par le fait que la Russie n’exclurait pas de leur interdire le survol de la Sibérie.

Bref, on se demande s’il faut rire ou pleurer quand on sait que ces dégâts bien plus fâcheux pour l’Occident que pour la Russie résultent d’accusations entièrement infondées. On sait aujourd’hui que le Boeing malaysien avait été abattu par un missile de type air-air. On sait de même que les villes et villages des régions Lougansk et Donetsk sont détruits avec des bombes et des roquettes ukrainiennes et non pas russes. On n’a jamais vu un seul militaire russe sillonner les zones d’épuration dite « anti-terroristes » alors que même Kiev a dû reconnaitre l’implication d’un mercenariat plutôt important dans ces régions, notamment d’Américains et de Polonais. Il serait temps d’ouvrir les yeux et de comprendre que le seul but poursuivi par les USA est, était et sera de détourner l’UE de la Russie. Pour l’heure, ils n’ont pas raté leur coup.

Quant à la Russie, en parlant de malheur et de bonheur, qu’obtient-elle en pratique ? Plus qu’elle ne perd, elle gagne surtout sur deux plans.

Premièrement, le sentiment national n’a jamais été aussi fort que maintenant. Quand BHL, se préparant à faire un tour à l’opéra d’Odessa, affirme que « Poutine [mais] pas le peuple russe a attaqué l’Ukraine », non seulement il se réfugie dans une réalité qui n’est que la sienne (manifestement celle du Serment de Tobrouk) mais en plus il se trompe de rhétorique. Excepté certains bobos pour qui les sanctions contre la Russie se résument à la guerre de Poutine contre les huîtres, la majeure partie de la population se dit solidaire (certes à divers degrés) de la politique menée par le Kremlin.

Deuxièmement, s’il faut stimuler le développement des hautes technologies, c’est le moment. S’il faut relancer les bons vieux kolkhozes soviétiques, c’est également le moment. S’il faut compenser l’excédent budgétaire qu’on ne sait plus où placer, l’occasion se présente maintenant de le redistribuer de manière rationnelle.

Troisièmement, un dernier argument s’impose : c’est l’énergie et non le capital qui détermine la croissance. La Russie est indépendante sur le plan énergétique ce qui n’est pas le cas de l’UE ni même des USA. Les conclusion s’imposent d’elles-mêmes.

Quoi qu’il en soit, espérons que la douche froide que vient de prendre l’Europe – et ce ne sont que les premiers jets d’eau – ramènera ses dirigeants à la raison. La Russie croit encore qu’un axe Lisbonne-Vladivostok est traçable. La réalité, puisqu’il n’y a qu’à elle que l’on puit s’accrocher, démontrera-t-elle le contraire ?

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