Qu'est ce qui gène les députés dissidents dans la politique du président et du gouvernement

Qu'est ce qui gène les députés dissidents dans la politique du président et du gouvernement
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Le premier gouvernement Valls voué à être un gouvernement d’attaque et d’accélération de réformes n’a pas fait long feu. Le premier ministre a donné sa démission au président Hollande ce lundi après les propos incendiaires qu’a tenus le ministre de l’économie et des finances, Arnaud Montebourg sur la politique économique menée par le gouvernement. Le premier ministre a été tout de suite reconduit pour former un nouveau gouvernement dès aujourd’hui.

Mais dans toute cette histoire on oublie qu’un mouvement de contestation de la politique menée par la majorité est née bien avant les propos de Monsieur Montebourg, l’appel des 100 existe depuis plusieurs mois et a une opinion singulière et différente du gouvernement sur certains sujets au sein de l’assemblée nationale. Un membre du mouvement des 100, Jérôme Lambert député de la 3ème circonscription de la Charente, membre de la commission des finances et vice président de la commission des affaires européennes nous a expliqué quel est la nature du mouvement et quel est son opinion sur le nouveau gouvernement :

LVdlR : Est-ce que vous pouvez nous rappeler ce que c’est l’appel des 100 ? Est-ce que c’est un groupe dissident au sein de la majorité ?

Jérôme Lambert : On ne pas dire que l’appel des 100 est un groupe dissident au sein de la majorité, c’est un groupe d’élus parlementaires, essentiellement des socialistes, qui ont demandé et qui demandent encore un infléchissement de la politique économique et sociale. En particulier ça porte sur le fait que nous avons par exemple demandé que les dizaines de milliards qui sont donnés aux entreprises le soient avec une volonté de contrepartie. Aujourd’hui on voit que les entreprises qui ont reçu beaucoup d’argent et que les bénéfices des actionnaires ont augmenté de 30% ces derniers mois en même temps qu’elles recevaient de l’argent. Or l’argent qui était donné aux entreprises était pour créer des investissements pour créer des emplois. Avec l’appel des 100 on imaginait bien il y a quelques mois que si l’on donnait de l’argent aux entreprises sans même discuter de l’usage qu’elles pouvaient en faire, ça risquait de faire ce genre de situation qui est très mal vécue par les citoyens.

LVdlR : Votre seule divergence avec l’ensemble de la majorité c’est en faite sur la question du pacte de responsabilité.

Jérôme Lambert : Ça porte principalement sur le pacte de responsabilité. Plus généralement aussi sur la façon dont l’exécutif présidentiel et gouvernemental écoute ou n’écoute pas les parlementaires, les citoyens en fait. Nous étions très demandeurs à ce que de véritables discussions, de véritables débats s’engagent sur beaucoup de questions, plutôt que d’être mis devant le fait accompli de devoir voter comme l’indique le gouvernement. Il y a une volonté de redonner un place plus importante au débat parlementaire.

LVdlR : Est-ce que l’on peut aller jusqu’à dire qu’il y a une séparation au sein du parti socialiste ou pas ?

Jérôme Lambert : On est toujours membres du parti socialiste, mais il peut y avoir des divergences. Des divergences aussi bien d’opinion, aussi bien de politique économique et sociale que nous suivons que sur la pratique gouvernementale, oui il y a des débats. On ne va pas dire qu’il y a des fissions, mais on demande à ce que la politique soit différente. Alors qu’il y a d’autres socialistes qui considèrent que la politique qui est conduite est nécessaire et la seule à pouvoir être conduite. Il peut y avoir des divergences d’opinion entre nous.

LVdlR : Est-ce qu’il s’agit seulement de questions politiques ou de personnalités, comme le président ou le premier ministre ?

Jérôme Lambert : Non ce sont des questions politiques, mais ces questions politiques sont portées par des hommes. Quand tel ou tel responsable, président, ministre… nous fait telle réponse, ce sont d’abord des réponses politiques que nous prenons comme telles, nous constatons des divergences et des oppositions. Ce sont des divergences qui concernent des positionnements politiques, pas les hommes eux mêmes.

LVdlR : Arnaud Montebourg a eu des propos assez forts contre la politique d’austérité menée par la France, il a dit qu’elle est absurde et injuste, est-ce que vous êtes d’accord avec ces propos là ?

Jérôme Lambert : Globalement je suis d’accord avec l’analyse portée par Arnaud Montebourg, mais cette analyse il la développe aujourd’hui, alors que nous sommes assez nombreux au parlement déjà depuis des mois à exprimer ce point de vue. Arnaud ne fait que reprendre l’essentiel des points que beaucoup de parlementaires ont aussi exprimé il y a déjà des mois. Je ne peux pas être ne désaccord avec lui, je peux que souligner que le combat a commencé il y a déjà de nombreux mois, pour certains d’entre nous il a commencé pratiquement il y a deux ans au moment de la victoire, au moment où l’on a vu les orientations qui sont prises. J’aurais voulu que dès ce moment là certaines voix fortes s’expriment. Ca vient deux ans plus tard, on ne va pas faire la fine bouche, ce n’est jamais trop tard pour bien faire.

LVdlR : Le remaniement du gouvernement peut-il répondre aux questions et aux divergences que vous avez avec la majorité actuelle ?

Jérôme Lambert : Ça va clarifier les choses, dans la mesure où je pense qu’au gouvernement resteront que des personnalités qui sont en parfait accord avec la politique qu’Arnaud Montebourg qualifie d’austérité ou en tout cas cette politique néolibérale conduite par le gouvernement. Il risque de ne pas rester au gouvernement de partisans d’un débat et d’une autre politique. Ca ne fera pas avancer nos idées.

LVdlR : Vous seriez prêt à voter la non confiance au gouvernement si c’est le cas ?

Jérôme Lambert : Oui je m’apprête à ne pas voter la confiance au nouveau gouvernement si il continue la politique qui a été conduite depuis quelques mois. Si il n’y a pas d’inflexion, mais je n’en vois pas venir, au contraire je pense que le président et le premier ministre ont été clairs et souhaitent poursuivre cette politique. Quand je devrai me prononcer sur un vote de confiance, je n’accorderai pas ma confiance à ce gouvernement ou plus exactement à cette politique, qui a produit des effets que les citoyens n’attendent pas.

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