Brésil : course féminine pour le fauteuil présidentiel

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Les candidats à la présidentielle au Brésil ont franchi une nouvelle étape dans la course électorale. Suite à l’impétueuse montée de la cote de popularité de Marina Silva, candidate du Parti Socialiste brésilien, la lutte principale se déroule essentiellement entre deux femmes candidates – l’actuelle présidente du pays Dilma Rousseff, porte-parole du parti des Travailleurs, et l`ex-ministre de l’écologie Marina Silva, candidate du Parti Socialiste.

Le Parti Socialiste a investi Marina Silva comme candidate à la place d’Eduardo Campos, qui a péri le 13 août dans un accident d’avion dans l`État de Sao Paulo. Silva avait participé à la campagne électorale de Campos en tant que candidate à la vice-présidence. Après une défaite aux élections en 2010, Marina Silva s’était occupée de son propre projet politique – le parti « Rede Sustentabilidade ». Ce parti n’est pas encore enregistré en raison des défauts bureaucratiques qui sont apparus. Ainsi, l’appartenance de Silva au Parti Socialiste était en quelque sorte « intérimaire ». Mais les dirigeants du parti l’ont choisie, et comme on peut le voir, ils ne se sont pas trompés.

Des réformes indécises

Tout de suite après sa nomination, Silva a commencé à voir accroître sa cote de popularité. Rapidement, elle est devenue deuxième dans les sondages préélectoraux, en reléguant au second plan le candidat du Parti Social-démocrate brésilien Aécio Neves. Vers la fin août, sa cote de popularité était égale à celle de Dilma Rousseff. De plus, selon les sondages, Silva devrait remporter le second tour avec 60% des voix contre 40% pour l’actuelle présidente.

L'effet de surprise a joué son rôle. Les électeurs qui votaient pour Rousseff et Neves par habitude ou faute de meilleur choix ont pu être attirés par la rhétorique écologiste de Silva. De plus, elle est une femme au teint basané d’une région peu avantagée (Silva est née dans l’État d’Acre, au Nord du pays, dans le bassin du fleuve de l’Amazonie), ce qui pourrait attirer une bonne part de l’électorat brésilien.

Néanmoins, le week-end dernier, Silva a été sèchement critiquée en raison d’un incident lié au programme électoral officiel. L’article consacré au soutien à l’énergie atomique a complètement disparu de la partie traitant de la science et des technologies. Cette branche n’est guère mentionnée dans le programme, ce qui pourrait témoigner de l’intention de la candidate de ne pas la développer. En outre, l’énoncé de l’article qui porte sur les droits des minorités sexuelles a changé : à la place du terme de « mariage égal en droits », le terme « alliance civile de personnes de même sexe » est désormais utilisé, ce qui est discriminatoire selon les défenseurs des droits LGBT et certains hommes politiques. Et les promesses de défendre de nouveaux projets de loi avec l'appui de représentants des minorités sexuelles ont aussi été supprimées.

Cette « reculade », comme les médias brésiliens l’ont qualifiée, a eu lieu quasiment juste après les déclarations furieuses du pasteur Silas Malafaia, homme politique et représentant de l'Église Évangélique. Ce dernier a écrit sur son Twitter que les évangélistes ne soutiendraient plus sa candidature si elle ne changeait pas son programme en le durcissant à l’égard des LGBT. Malafaia est un des hommes religieux les plus influents du pays parmi ceux qui se prononcent sévèrement contre les minorités sexuelles.

La course à la nouveauté

Rousseff a joué son va-tout en août, en commençant à prendre ses distances par rapport à l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, qui est un représentant permanent des campagnes du Parti des travailleurs. Lula a gouverné durant deux mandats avant de laisser la main à Rousseff. L’intention de celle-ci d’exercer un second mandat pourrait être considérée comme une stagnation politique.

Evoquant le quatrième mandat consécutif possible du parti des Travailleurs, Marina Silva utilise l’expression « crise politique ». Elle-même balance entre conservatisme et réformes écologiques progressives.

Il semble que le social-démocrate Aécio Neves, ex-gouverneur de l’État Minas Gerais, arrivera à la troisième place. Sa réputation a été salie par un scandale de corruption lié à un aéroport construit avec de l’argent public. De plus, la lutte pour la place de seconde femme-présidente de l`histoire brésilienne d’un côté, et de la première femme-présidente occupant deux mandats de suite de l’autre, est beaucoup plus impressionnante que la lutte électorale entre l’actuelle présidente et l’ex-gouverneur.

En tout cas, l’ensemble des candidats doivent amener quelque chose de nouveau pour attirer leur électorat. Les chances de Rousseff et de Silva sont à peu près égales. Pour le moment, on peut considérer d’une part que Silva a fait son ascension politique grâce à la mort du célèbre homme politique, mort qui a bouleversé tout le pays, et d’autre part que l’actuelle présidente maintient sous beaucoup de rapports sa popularité. /N 

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