Nouvelles sanctions antirusses, nouvel effet boomerang

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En dépit de la trêve dans le sud-est de l'Ukraine, les Etats membres de l'Union européenne ont tout de même adopté de nouvelles sanctions contre la Russie, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

En dépit de la trêve dans le sud-est de l'Ukraine, les Etats membres de l'Union européenne ont tout de même adopté de nouvelles sanctions contre la Russie, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Ces nouvelles mesures élargissent la liste des individus que l'UE considère comme impliqués dans le rattachement de la Crimée à la Russie et les actions des "républiques populaires" dans l'est de l'Ukraine. Elles restreignent également l'accès des compagnies russes aux marchés du capital européens, aux produits à double usage, aux "technologies sensibles" et prévoit de nouvelles sanctions contre les entreprises de l'armement russes. Le processus d'adoption des sanctions semble avoir acquis sa propre dynamique et n'a plus rien à voir avec la situation dans le sud-est de l'Ukraine.

Il est évident que les leaders occidentaux veulent punir la Russie et prévenir ses éventuelles manoeuvres négatives dans le conflit ukrainien - du point de vue de l'Occident - mais aussi empêcher un changement du référentiel de valeurs. Ils utilisent pour l'instant l'arme la plus accessible, c'est-à-dire celle des sanctions. Comment les représentants des entreprises, allemandes par exemple, voient-ils la situation? Jusqu'à récemment, l'Allemagne était le principal partenaire économique de la Russie - aujourd'hui elle a cédé sa place à la Chine.

Selon Michael Harms, président de la Chambre de commerce et d'industrie germano-russe à Moscou, ces sanctions visent à faire changer la ligne politique de la Russie vis-à-vis de l'Ukraine. L'Allemagne joue, d'après lui, un rôle modérateur lors de l'examen et de l'adoption des sanctions antirusses. Même si c'est la chancelière allemande Angela Merkel qui a déclaré soutenir l'adoption de nouvelles sanctions de l'UE contre la Russie. Selon l'agence AP, elle a reconnu que la situation s'était améliorée dans l'est de l'Ukraine, mais elle "reste floue" quant à l'application à terme du plan pour la normalisation de la situation. Merkel a qualifié cette absence de certitude de "cause suffisante pour rendre publiques les sanctions approuvées".

"Je suis convaincu à 100% que la politique de l'Allemagne ne vise pas à changer le gouvernement en place en Russie. Mes contacts parmi les politiciens allemands indiquent qu'ils ont conscience de l'importance absolue de la Russie comme partenaire stratégique de l'Allemagne, et tous veulent revenir vers ce partenariat", a souligné Michael Harms. Dans ce sens il rappelle l'idée de créer un espace économique commun de Lisbonne à Vladivostok, en soulignant que la création d'un tel espace, intégrant l'Ukraine, serait le meilleur moyen de régler les problèmes existants.

Seulement 4% des sociétés allemandes travaillant en Russie et interrogées par la Chambre de commerce germano-russe considèrent les sanctions comme "absolument nécessaires", et 29% pensent qu'elles "nuisent au commerce mais sont nécessaires". Par ailleurs, pratiquement 80% pensent que les restrictions adoptées par l'UE sur le plan politique sont "inefficaces".

Cependant, les mesures adoptées sont déjà entrées en vigueur et ont eu un premier effet boomerang: elles se reflètent négativement sur l'activité des sociétés allemandes en Russie. Selon le Comité oriental de l'économie allemande (Ost-Ausschuss der Deutschen Wirtschaft - OADW), au premier semestre les exportations en Russie ont chuté de 15,5%  par rapport à la période précédente, soit de 2,8 milliards d'euros. A l'heure actuelle la balance commerciale de l'Allemagne avec la Russie est négative. La réduction des exportations est également enregistrée dans d'autres pays de l'Union douanière: en Biélorussie et au Kazakhstan. Il se pourrait qu'à l'issue de l'année la baisse des exportations en Russie atteigne 25%, ce qui se traduirait par la perte de 50 000 emplois en Allemagne. Les mesures de rétorsion russes ont déjà affecté les secteurs économiques agraire et alimentaire de l'Allemagne.

Jusqu'à aujourd'hui, plus d'un tiers des sociétés allemandes travaillant en Russie ont confirmé que les sanctions avaient impacté leur activité commerciale. Près de 40% d'entre elles s'attendent à une baisse du chiffre d'affaires de leur compagnie en Russie. Plus de 70% des sociétés allemandes en Russie prédisent une récession de l'économie russe d'ici la fin de l'année.

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