Lutte contre l’EI: la Turquie partagée entre Kurdes et islamistes

© REUTERS / Osman OrsalLes gens marchent sur les débris de bâtiments endommagés par l'EI en janvier de la ville syrien du Nord de Kobani
Les gens marchent sur les débris de bâtiments endommagés par l'EI en janvier de la ville syrien du Nord de Kobani - Sputnik Afrique
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La Turquie suit de près la défense de la ville syrienne de Kobané, qui revêt une importance stratégique.

La Turquie suit de près la défense de la ville syrienne de Kobané, qui revêt une importance stratégique.

Pourquoi Ankara n’intervient-il pas alors que les Kurdes de cette ville manquent de forces pour la protéger contre les islamistes?

Kobané, important centre de l’administration autonome kurde au Nord de la Syrie, se trouve à la frontière turque (on peut suivre les combats en ville depuis les collines du côté turc). La prise de Kobané serait une grande victoire pour l’Etat islamique et un grand défi lancé à Ankara: si la ville tombait entre les mains des islamistes, la situation dans la zone transfrontalière serait à coup sûr déstabilisée. Selon Alexeï Sarabiev de l’Institut des études orientales de l’Académie des sciences de Russie:

" L’Etat islamique constitue une menace directe pour la sécurité de la Turquie. Si des mesures urgentes ne sont pas prises dès aujourd’hui, après il pourrait être trop tard. Il ne faut pas oublier que depuis des années la Turquie essaye de contrôler les séparatistes turques sur son territoire, ce qui doit pousser Ankara à agir ".

Il est à noter que les Kurdes de Kobané ne résistent que grâce à l’appui aérien fourni par l’aviation américaine. Les réfugiés syriens et les Kurdes turques demandent la permission de venir en aide à leurs frères de l’autre côté de la frontière. En guise de réponse, Ankara s’est dépêché de fermer cette dernière et d’accroitre sa vigilance afin que rien ni personne ne passe en Syrie. L’Etat islamique ou l’Etat kurde, Ankara n’en veut résolument aucun.

C’est pourquoi l’alerte rouge terroriste a été décrétée dans de nombreuses villes et provinces de la Turquie, y compris à Ankara et à Istanbul. Avec cela les Turcs hésitent à donner le feu vert à l’utilisation de la base militaire d’Incirlik, située au Sud du pays, par les forces aériennes américains afin de frapper les positions des terroristes en Syrie, même s’ils utilisent cette base ainsi que d’autres bases militaires sur son territoire pour lutter contre le régime de Bachar el Assad, explique Boris Dolgov du Centre des études arabes et islamiques de l’Institut des études orientales de l’Académie des sciences de Russie.

" Les bases militaires turques sont depuis longtemps utilisées pour l’entraînement des combattants de l’opposition syrienne. Il n’y a rien de nouveau dans tout cela. Auparavant c’était les combattants de presque tous les groupes d’opposition confondus. Aujourd’hui ce sont en majorité ceux de l’Armée syrienne libre. Après l’entraînement, les combattants sont envoyés de l’autre côté de la frontière pour combattre l’armée gouvernementale syrienne. L’utilisation des bases turques ne modifie en rien l’équilibre des forces existant ".

On a l’impression qu’Ankara vise non pas l’Etat islamique mais Bachar el Assad. C’est aussi ce qu’on peut dire à propos de Washington. Les stratégies turque et américaine se ressemblent: laisser les extrémistes s’entretuer afin de tirer ensuite les marrons du feu par quelqu’un d’autre. Cette stratégie est inefficace, affirment les experts. Le recours à la politique des doubles standards éloigne les amis mais encourage les ennemis qui estiment à juste titre que la mauvaise foi est un signe de faiblesse et de courte vue.

 

La Voix de la Russie

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