La coalition occidentale quitte l'Afghanistan

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La Force internationale d'assistance et de sécurité (ISAF) a fait un pas décisif vers l'achèvement de sa mission militaire en Afghanistan en transmettant aux forces nationales de sécurité les bases de Camp Leatherneck et de Camp Bastion, écrit mardi le quotidien Kommersant.

La Force internationale d'assistance et de sécurité (ISAF) a fait un pas décisif vers l'achèvement de sa mission militaire en Afghanistan en transmettant aux forces nationales de sécurité les bases de Camp Leatherneck et de Camp Bastion, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Le transfert de ces deux sites stratégiques de l'ISAF à Kaboul met fin de manière officielle à 13 ans de présence militaire britannique et américaine sur le sol afghan. Le bilan de cette mission fait débat. Malgré le coût exorbitant de la guerre en Afghanistan, la coalition chapeautée par les États-Unis s'est avérée incapable de supprimer la résistance des talibans, résolus à reprendre le pouvoir suite au retrait du contingent de l'ISAF à la fin de l'année.

Le 26 octobre, les militaires afghans ont reçu les deux sites les plus importants de l'ISAF dans la province rebelle de Helmand lors d'une cérémonie solennelle. Le drapeau tricolore afghan a remplacé les insignes américains et britanniques sur les bases de Camp Leatherneck et de Camp Bastion, clôturant officiellement la présence au pays du contingent militaire britannique et de l'infanterie de la marine américaine depuis 2001.

"Nos amis nous manqueront mais nous sommes heureux qu'ils puissent revenir chez eux", a déclaré le général Sher Mohammad Karimi, chef de l'état-major de l'armée afghane. Il a également remercié les militaires étrangers pour leurs sacrifices. Le général John Campbell, commandant des forces américaines en Afghanistan, a dressé un bilan préliminaire des opérations de l'ISAF: "La province de Helmand a été un lieu particulièrement dangereux. Aujourd'hui la situation en Afghanistan est bien meilleure qu'auparavant, et les choses s'améliorent d'année en année".

Les bases de Camp Leatherneck et de Camp Bastion constituent un site militaire uni d'environ 3.000 hectares de superficie: c'est une sorte de petit bourg avec une infrastructure très développée allant du centre de détention aux cantines et cafés. Au cours des opérations les plus intensives de la coalition en Afghanistan ces deux bases abritaient à elles-seules près de 40. 000 militaires américains et britanniques - le maximum du contingent de l'ISAF ayant atteint environ 140.000 personnes. La base de Camp Bastion a également été une porte d'entrée aérienne pour la coalition dans la province de Helmand, lieu des combats les plus violents contre les talibans. Cette région est mondialement connue non seulement comme un bastion traditionnel des talibans mais aussi comme le centre de la production afghane d'opium.

L'avenir de Camp Leatherneck et de Camp Bastion suite à ce transfert reste incertain. Quoi qu'il en soit, leur utilisation sera sûrement très réduite et l'avant-poste des États-Unis et de l'Otan en Helmand pourrait donc se transformer en ville fantôme. 

"Le retrait des forces de la coalition d'Afghanistan est une mesure longtemps attendue.

Leur présence de plus en plus prolongée soulevait de plus en plus de questions sur leur mission stratégique", fait remarquer Dmitri Polikanov, vice-président du centre PIR. D'après lui, "les seuls succès incontestables des militaires étrangers sont la protection du gouvernement central de Kaboul et l'élimination d'Oussama ben Laden". "Al-Qaïda et les talibans n'ont pas été liquidés, les deux organisations restant assez fortes,  alors que les exportations des stupéfiants se sont multipliées, poursuit-il. La formation et l'équipement des forces de sécurité afghanes constitue un acquis important, mais la loyauté de ces dernières envers le gouvernement central est incertaine".

"La situation en Afghanistan reste calme mais l'avenir du pays est en question. Surtout au moment où les talibans sont témoins de la "success story" islamiste représentée par l’État islamique en Syrie et en Irak", conclut Dmitri Polikanov. 

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