Les difficultés de Samsung rappellent à la Corée du Sud sa fragilité

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Les données sur les résultats économiques des entreprises coréennes au troisième trimestre ont été publiées à la mi-octobre. Le chiffre d'affaires de Samsung Electronics a chuté de 20% par rapport à la même période de 2013, tandis que le résultat d'exploitation du leader mondial des smartphones a plongé de 60% sur un an, et que son bénéfice net a chuté de près de 50%. La division du groupe s'occupant des téléphones mobiles traverse une crise.

Samsung est un des principaux producteurs mondiaux de smartphones. Mais si récemment encore il détenait 31 % du marché mondial, à présent sa part a baissé jusqu'à 25 %.

Ce recul tient à plusieurs raisons. D'une part, Samsung souffre de la concurrence des producteurs chinois. La qualité de leurs téléphones est inférieure à celle des équivalents coréens, en revanche ils sont bien moins chers. D'autre part, Samsung subit la pression d'Apple, un des pionniers de la technologie des smartphones. Apple continue de fabriquer des produits de haute qualité, bien que chers.

Le facteur humain a également joué son rôle négatif : des rumeurs circulent que le patron de Samsung Lee Kun-hee est gravement malade.

Dans une grande mesure les difficultés de Samsung sont un reflet de deux problèmes auxquels est confrontée l'économie de la Corée du Sud. Ces deux problèmes sont évidents non seulement pour les analystes, mais aussi pour de nombreux Sud-Coréens, ce qui ne signifie pas qu'ils y soient résolus.

La Corée du Sud a commencé sa croissance économique grâce à la main-d’œuvre bon marché. Avant 1990, elle jouait dans l'économie mondiale à peu près le même rôle que la Chine joue à l'heure actuelle en produisant en grandes quantités des articles de qualité moyenne, mais par chers. Cependant la Corée ne peut plus se le permettre. Les salaires y sont depuis longtemps presqu'à hauteur des salaires européens et une main-d’œuvre bon marché n'y existe plus, à l'exception des travailleurs immigrés.

Parallèlement le marché mondial fait face à l'offensive des produits provenant de la Chine, du Vietnam et des pays d'Asie du Sud-Est où le niveau des salaires demeure très bas.

D'autre part, la Corée, malgré ses importants succès technologiques, est toujours en retard par rapport aux Etats-Unis, au Japon et aux pays d'Europe du Nord dans le domaine des hautes technologies. En d'autres termes, les entreprises sud-coréennes sont incapables de produire aussi bon marché qu'en Chine et de garantir une qualité supérieure aux équivalents allemands et japonais.

Il y a aussi un autre problème. Il s'agit de la concentration du capital par un nombre réduit de grands groupes, les chaebols, dont Samsung est le plus important et le plus typique. Il réalise environ 20 % des bénéfices de l'ensemble des entreprises coréennes.

La gauche sud-coréenne considère les chaebols comme un phénomène négatif. Ce n'est pas tout à fait juste. A l'époque le fait d'avoir tablé sur les chaebols a joué un grand rôle dans la transformation d'un pays en développement en un pays industrialisé, qualifiée par la suite de miracle économique. Cependant la concentration des ressources et du capital par des sociétés peu nombreuses et extrêmement centralisées rend l'économie coréenne suffisamment vulnérable. C'est ce qui a été une nouvelle fois confirmé par les problèmes de Samsung.

Qu'y aura-t-il si les dirigeants de Samsung ne pouvaient plus, pour des raisons différentes, gérer la société avec le dynamisme démontré depuis plusieurs décennies ? Dans la plupart des pays du monde cela ne poserait pas de problème. Tout d'abord parce que dans ces pays les entreprises qui jouent un rôle aussi important pour l'économie n'y existent pas. Ensuite, parce que dans la plupart des cas, les plus grandes sociétés des pays évolués sont des sociétés par actions. Tandis que Samsung comme d'autres chaebols est une société familiale et les problèmes de direction peuvent avoir des conséquences imprévisibles.

Ces problèmes de l'économie sud-coréenne ne sont pas apparus aujourd'hui. Ils sont plutôt chroniques. Mais cela ne les rend pas moins graves. /N

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