Ukraine: une coalition sans Iatseniouk envisagée (journal)

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Le Bloc du président ukrainien Piotr Porochenko n'écarte pas la possibilité de constituer une coalition sans le Front populaire d'Arseni Iatseniouk, actuel premier ministre du pays, en le remplaçant par les groupes de députés majoritaires.

La formation de la coalition parlementaire et les négociations à suivre pour la répartition des portefeuilles ministériels ont mis en évidence les contradictions entre Piotr Porochenko et Arseni Iatseniouk, écrit le quotidien ukrainien Vesti.

L'Ukraine risque de connaître une nouvelle phase de cohabitation. Les intérêts du président et du premier ministre sont entrés en profonde divergence dès qu'il a été question de la répartition des sièges ministériels entre leurs partis. Aujourd'hui, Porochenko et Iatseniouk mettent en jeu le poste de ministre de l'Intérieur, de président du parlement et ministre de la Justice, dont les deux équipes voudraient s'emparer. Dans le même temps, certains pensent que le maintien de M.Iatseniouk au poste de premier ministre n'est pas avantageux pour le président ukrainien car le leader du Front populaire aurait la mainmise sur les principaux leviers de contrôle du pays et bénéficierait d'une hausse de popularité aux dépens du président.

"Si Arseni Iatseniouk reste premier ministre, le président Porochenko se retrouve à coup sûr dans une position de dualité du pouvoir, sachant que le chef du gouvernement est en train de devenir une figure plus influente que le président", a déclaré à Vesti une source du milieu parlementaire.

Selon cette dernière, le contrôle des flux budgétaire fait de Iatseniouk une figure plus importante pour les affaires. Et sa capacité à utiliser ces flux pour la promotion de son image garantit au premier ministre une hausse de popularité, tandis que la cote de Porochenko chutera inexorablement à cause de ses échecs sur la scène internationale, dans le domaine militaire et économique.

"Iatseniouk ne pourra pas être neutralisé au gouvernement par une majorité pro-présidentielle: il présentera tous les points positifs comme son propre mérite, et toute décision du gouvernement nécessite la signature du premier ministre", souligne la source.

La constitution d'une coalition sans le Front populaire d'Iatseniouk est tout à fait possible, mais peu plausible selon les politologues.

Évidemment, le Bloc de Porochenko pourrait former une coalition parlementaire en remplaçant le Front populaire par des groupes majoritaires et obtenir au final un nouveau parlement représenté par le Bloc de Porochenko, le Parti radical d'Ukraine d'Oleg Liachko, du parti Patrie d'Ioulia Timochenko et des groupes majoritaires avec à leur tête Igor Eremeev, Vitali Khomoutnikov et le groupe de Sergueï Berezenko, allié du Bloc de Porochenko.

"La fraction de Porochenko ou les groupes de députés majoritaires loyaux peuvent proposer d'organiser un vote parmi les députés pour la candidature du premier ministre, et Iatseniouk pourrait ne pas obtenir la majorité des voix ce qui serait un prétexte pour l'écarter du jeu", annonce la source de Vesti.

Le politologue Vadim Karassev pense que ce scénario est toutefois peu probable car il serait trop risqué pour la coalition d'agir sans le soutien du parti vainqueur, dans le contexte d'une économie en déclin et des opérations militaires au sud-est du pays.

"Tout échec sera reproché au président, alors que M.Iatseniouk restera dans l'opposition pour cueillir les récoltes électorales. Une coalition sans le Front populaire forcerait Piotr Porochenko à s'entendre ouvertement avec le Bloc d'opposition, ce qui pourrait lui valoir des accusations de trahir le Maïdan. Mais je pense que l'Occident ne laissera pas Porochenko jouer ce scénario", estime Vadim Karassev.

Comme l'a déclaré la porte-parole du Front populaire Viktoria Sioumar au quotidien Vesti, l'accord de coalition devra être signé le vendredi 14 novembre. Conformément à ce document, cinq fractions constitueront une coalition: le Bloc de Piotr Porochenko, le Front populaire, Samopomochtch, le Parti radical et Patrie. Le Bloc d'opposition et les députés populaires qui ont voté pour les lois répressives le 16 janvier n'en feront pas partie.

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