Europe de l'Est : les frontières défendues

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« 2014 restera dans l'histoire comme la période où, en ce centenaire du début de la Première guerre mondiale, l'ordre établi en Europe après la fin de la guerre froide a été remis en question ». C’est ce que le ministre des Affaires étrangères de Pologne Grzegorz Schetyna a déclaré récemment lors d'une réunion du parlement polonais.

L'ordre et les frontières européens, établis principalement après la Grande guerre, ont été remis en question par de nombreux pays. La Pologne n'est pas une exception. Après la Première guerre mondiale, entre 1919 et 1921, la Pologne qui a retrouvé son indépendance a trois fois aidé les Polonais de Silésie dans leur lutte pour quitter la République de Weimar et pour « rentrer chez eux ». Le partage d'une partie de la Silésie entre la Pologne et l'Allemagne n'a été obtenu qu'au troisième essai. Par la force et avec le soutien de l'armée polonaise. Violation de l'ordre ? Dans l'histoire de la Pologne, les trois insurrections de Silésie sont l'objet de fierté nationale.

L'idée d'obtention de frontières nationales par certains peuples d'Europe de l'Est, aussi belle qu'elle soit, a provoqué nombre de problèmes chez les autres. Même dans des petits Etats est-européens il y a d'importants groupes de représentants des pays voisins. En Europe de l'Est on ne veut même pas entendre parler d'un minimum d'autonomie culturelle pour eux. Ainsi le Premier ministre et candidat à la présidence Victor Ponta a récemment déclaré sans ambages à propos de l'autonomie hongroise en Roumanie : « il y a des barrières qu'il ne faut pas franchir ».

Néanmoins « l'ordre européen » permet de franchir certaines autres barrières. Ainsi, en 1923, l'Europe observait tranquillement comment deux millions de citoyens de Grèce, de Turquie et de Bulgarie, étaient chassés par la force des terres sur lesquels leurs ancêtres avaient vécu pendant des siècles. Le but était de « prévenir le développement du séparatisme des minorités religieuses et ethniques après la chute de l'Empire ottoman ».

D'aucuns diront que cela a eu lieu depuis longtemps. Mais après la fin de la guerre froide les représentants des nations indésirables ont été chassés de leurs terres par des méthodes beaucoup plus violentes. Ainsi après la désintégration de la Yougoslavie les Serbes constituaient 90 % des 1,5 million d'habitants de la république non reconnue de Krajina en Croatie. D'après les données de la Croix Rouge, en octobre 1995, après les opérations militaires de l'armée croate, il n'y restait qu'environ 5000 Serbes et représentants d'autres ethnies...

L'Europe unie pouvait-elle, après la fin de la guerre froide, résoudre les problèmes de ce genre par une voie pacifique ? Etant donné que les conflits n'y sont pas réglés, mais gelés, que les référendums sont proclamés illégaux et que les pays nouveaux ne sont pas reconnus, on a l'impression que les Européens cultivent à dessein la haine nationale et le rejet des droits des minorités nationales.

Dans cette ligne d'idées, la Cour suprême de Pologne a décidé de ne pas considérer comme une ethnie à part 850 000 compatriotes de Schetyna, les Silésiens. Les demandes de ces derniers de leur accorder une autonomie culturelle pour protéger leur langue et leurs traditions nationales ont été qualifiées de contraires à l'idée de l'unité de l'Etat polonais.

Les soulèvements de Silésie n'étaient-ils pas dirigés contre ce type d'unité ? /N

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