Russie-Japon : Poutine dit « hikiwake »

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Le dialogue politique avec la Russie est très important pour le Japon, a déclaré au cours d'une récente conférence de presse le ministre des Affaires étrangères Kishida Fumio. Peu avant, lors du sommet de l'APCE à Pékin le président de Russie et le premier ministre du Japon Shinzo Abe se sont entendus que Vladimir Poutine se rendrait en visite à Tokyo en 2015.

Le premier ministre a noté que les sociétés japonaises coopéraient avec succès avec la partie russe dans le district fédéral d'Extrême-Orient. « Il ne s'agit pas seulement de l'énergie, de l'agriculture, de la médecine et d'autres domaines économiques, mais aussi de la culture et du sport. La coopération nippo-russe a des possibilités illimitées », a-t-il noté ayant rappelé que néanmoins, 70 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, un accord de paix n'est pas toujours conclu entre la Russie et le Japon. Le chef du gouvernement japonais a exprimé l'espoir dans l'élargissement de la coopération bilatérale et a confirmé l'intention de « poursuivre fermement les négociations sur la conclusion d'un accord de paix ».

Ce problème reste invariablement à l'ordre du jour des relations russo-japonaises de ces dernières décennies. Le sujet de l'accord de paix et de l'appartenance des Kouriles du Sud est soulevé par le Japon pratiquement lors de tout contact avec Moscou. Ces questions ne sont pas toujours réglées ce qui n'empêche pas de développer la coopération économique, militaire, scientifique, éducative et, d'autant plus, culturelle. Même à présent, après avoir introduit des sanctions anti-russes, le Japon tente de trouver un équilibre entre la nécessité de respecter l'unité corporative avec les pays du G7 et la volonté de ne pas détériorer les relations avec la Russie. Quant à l'intention de « pousuivre avec ténacité les négociations sur l'accord de paix », c'est une position de principe du gouvernement japonais et il est peu probable qu'il y renonce, estime le directeur du Centre d'études du Japon Valeri Kistanov :

« Les négociations sur la conclusion d'un accord de paix sont les négociations sur les territoires. Parce que les Japonais n'imaginent pas un accord de paix sans restitution des quatre îles : Chikotan, Habomai, Itouroup et Kounachir. La position de principe de Shinzo Abe consiste dans le fait que les quatre îles doivent être restituées par la Russie au Japon et qu'il oeuvrera pour l'obtenir. Le maximum de flexibilité et de concessions auquel le Japon est prêt est la restitution des îles par étapes. D'abord deux îles mentionnées dans la Déclaration de 1956 qui stipule que la Russie, mue par la bonne volonté et allant à la rencontre des souhaits du peuple japonais, est prête à remettre deux îles, Habomai et Chikotan, mais uniquement après la signature d'un accord de paix. Le fait que Poutine a confirmé à l'époque l'importance de cette Déclaration et la nécessité de la mettre à la base des négociations, est interprété par les Japonais dans ce sens qu'ils ont déjà reçu ces deux îles. Il ne reste qu'à renforcer la pression sur Poutine ou, pour reprendre le langage diplomatique des Japonais, à le convaincre de faire montre de la volonté politique et d'accepter la restitution des îles sous une forme ou une autre. Telles sont la tactique et la stratégie japonaises ».

La position russe a été une nouvelle fois confirmée en février dernier par le ministre des Affaires étrangères de Russie Sergueï Lavrov. Le ministre a déclaré qu'en ce qui concernait les territoires, la Russie partait de la réalité qui résidait dans les résultats de la Seconde guerre mondiale universellement reconnus et reflétés dans la Charte de l'ONU. Il est vrai que le président Poutine avait proposé précédemment de chercher une solution du problème territorial par le biais de l'essor des relations économiques. Il a utilisé un terme de judo, hikiwake (égalité), sans cependant préciser le sens concret. Cela a excité l'imagination des Japonais.

Le progrès est-il possible dans la solution de cette question pendant la visite de Poutine au Japon ? Le réaliste Poutine est-il prêt à s'entendre sur les territoires au nom de l'accord de paix avec le Japon ? La question est rhétorique.

La coopération avec le Japon est avantageuse pour la Russie qui souhaite rompre le blocus occidental et attirer des investissements pour développer l'Extrême-Orient et la Sibérie. En outre Moscou cherche à diversifier ses contacts en Asie sans affaiblir le rôle du partenariat stratégique avec Pékin. Le dialogue avec la Russie profite également au Japon. Il ne s'agit pas seulement des ressources naturelles, des voies maritimes et d'un marché immense. Le Japon est entouré des pays qui n'éprouvent pas les meilleurs sentiments à son égard : la Chine et les deux Corées. L'essor des relations russo-japonaises non seulement serait mutuellement avantageux pour les deux pays, mais aussi pourrait contribuer à la diminution des tensions en Asie-Pacifique. Les deux pays, pourront-ils bénéficier de cette opportunité en 2015 ?

Notons que 2015 est l'année du 160e anniversaire de la signature du traité de Shimoda, premier accord diplomatique entre la Russie et le Japon conclu le 7 février 1855. L'idée maîtresse du traité était l'instauration d'une « paix durable et d'une amitié sincère entre la Russie et le Japon ».

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