L’Union Européenne s’efforce de rester entre deux chaises

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Des experts du Conseil indépendant des économistes auprès du gouvernement allemand ont revu à la baisse leurs évaluations de la croissance économique dans le pays en 2014 : 1,2 % contre 1,9 % du PIB. En réalité cela peut signifier une vraie récession.

Les auteurs du rapport l’expliquent par une série de causes se résumant à la formule suivante : « L’actuelle ligne en politique économique freine le développement économique du pays ». Les experts de l’Association fédérale des chambres de commerce et d’industrie d’Allemagne y ajoutent d’autres facteurs. Ils voient dans la détérioration des rapports économiques et commerciaux russo-allemands l’une des raisons essentielles de la complication de la situation économique dans leur pays.

Angela Merkel semble avoir entendu les conclusions des économistes. La chancelière allemande a déclaré considérer les « défis géopolitiques, qui ont frappé aussi l’Allemagne » comme la principale cause du ralentissement de la croissance économique nationale. Les pertes totales dues aux sanctions sont toujours calculées, mais il est dès à présent clair qu’elles se chiffrent à des milliards d’euros. Le conseiller du président de Russie pour l’intégration eurasienne, Sergueï Glaziev, estime que si les sanctions occidentales contre la Russie se poursuivent, l’UE aura un manque à gagner de près d’un billion d’euros. On comprend que la part du lion de ces pertes sera assumée par l’économie allemande, vu ses proportions et l’importance de ses liens avec la Russie.

Il est donc logique qu’Angela Merkel ait commencé à s’opposer toujours plus activement à un nouveau paquet de sanctions antirusses, proposé par Washington. Elle cherche visiblement à canaliser le problème dans un lit plus sécurisé pour son pays. En prévision de la réunion la semaine prochaine des ministres des AE de l’UE elle a annoncé qu’un éventuel élargissement des sanctions contre la Russie ne concernerait que la « liste noire » des fonctionnaires interdits d’entrée dans l’UE sans toucher la « sphère économique ».

D’ailleurs, il ne faut pas exagérer l’indépendance de tel ou tel autre pays dans l’UE, même aussi économiquement puissant que la RFA. Voici ce que Mikhaïl Déliaguine, qui dirige l’Institut russe des problèmes de globalisation, a dit à notre correspondant :

« Votre indépendance économique dépend des contours dans lesquels vous êtes insérés et non de l’assortiment des biens que vous posséder. Dans le cas de l’UE, il n’est plus question d’une indépendance économique d’un Etat. Tout ce qui concerne les règles du jeu est déterminé par l’UE. »

Il y a quelques jours un groupe d’analystes avec à sa tête le professeur à l’Université de Californie à Berkeley, Steven Weber, a publié dans l’édition américaine de renom The National Interest un article curieux. Ses auteurs écrivent que tandis que les Etats-Unis cherchent à « adapter » d’autres pays à l’organisation mondiale, ordonnée par Washington, un modèle alternatif gagne en popularité dans le monde. Ce modèle peut être caractérisé comme le « monde sans les Etats-Unis ». Il s’agit de mettre en place une « architecture multilatérale parallèle ». Parmi les manifestations d’une telle architecture l’édition mentionne des organisations comme BRICS et OCS, mais n’évoque pas délibérément l’Union Européenne. En effet, tant que l’UE cherche à rester entre deux chaises et s’évertue à « croiser » les sanctions antirusses avec ses propres intérêts économiques, on n’a pas à parler de son rôle indépendant dans les affaires mondiales.

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