La France va regretter les sanctions

La France va regretter les sanctions
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Gilles Rémy, à la tête de l’une des plus importantes boîtes de conseil sur le marché russe « CIFAL », faisant partie du club très fermé des meilleures sociétés françaises présentes à l’étranger, nous livre son analyse des sanctions à l’encontre de la Russie qui restent immuables et en parfaite corrélation avec l’idéologie washingtonienne.

Spoutnik. Les sanctions sont-elles méritées par la Russie ?

Gilles Rémy. Que ce soit du point de vue politique, diplomatique ou humanitaire, la situation est extrêmement préoccupante. En prenant en premier lieu la dimension économique, je crois que l’UE et ses dirigeants ont opté pour un jeu où il n’y aurait pas de gagnant ! Et ce à la différence des Anglo-Saxons qui essaient toujours de faire de la sorte que tout le monde puisse profiter du résultat. Leur jeu s’appelle gagnant-gagnant tandis que le nôtre est plutôt perdant-perdant ! il s’agit en l’occurrence des sanctions contre la Russie qui se retournent en partie contre nous c’est-à-dire contre nos agriculture, industrie, technologies de pointe y compris dans le domaine militaro-industriel… Alors force m’est de constater que nous en assumons les conséquences aujourd’hui sans que cela puisse changer grand-chose à l’évolution du dossier ukrainien.

Spoutnik. Comment voyez-vous le rôle de la France ? A-t-elle les moyens de se débrouiller sans marché russe ?

Gilles Rémy. Comme on parle des volumes qui sont relativement peu importants – quelques pourcents de tel ou tel type de production – il faut savoir relativiser les choses. Cependant il est à noter que ce pourcentage est à même de déséquilibrer un marché donné qui est extrêmement fragile. Comme cette marchandise ne part pas en direction de la Russie, elle revient sur les marchés européens et contribue à la baisse des prix et à la ruine de nos agriculteurs ! Notre marge de manœuvre est très réduite, car les nouveaux marchés sont inexistants de nos jours. En premier lieu, cet argument joue pour l’agro-alimentaire, secteur fragile par excellence, car les denrées doivent être écoulées le plus vite possible. Il est effectivement impossible de stocker des pommes et des poireaux !

Commentaire. La logique de l’UE échappe à la raison, mais, somme toute, correspond bien à la félonie de l’administration européenne. Ces fourberies à ne plus en finir ne datent pas d’aujourd’hui. A en croire les sources historiques Churchill a réussi à trahir les décisions prises lors de la Conférence de Téhéran une semaine après que la Conférence eut pris fin. Il le faisait pour torpiller la mise à exécution du Jour J c’est-à-dire débarquement en Normandie. Quoi d’étonnant alors que la seule logique qui joue avec les Occidentaux se résume, en fin de compte, à un bras de fer ? Au dix-neuvième déjà, ce fait fut d’ailleurs constaté par Alexandre III qui disait que les seuls alliés de la Russie sont son armée et sa marine. L’historien français Ratchinski nous a confié également sa conclusion sur les rapports franco-russes. D’après lui, non seulement ils ne furent jamais au beau fixe, mais systématiquement très mal en point. Jugez-en par vous-mêmes : la période de Louis XIV fut caractérisée par un jeu d’équilibre européen où le Roi de France soutenait la Turquie contre la Russie. Les guerres napoléoniennes et la Guerre de la Crimée (eh oui, la Crimée, toujours et encore !) firent un autre exemple de mauvaise entente. La participation de la France dans la tentative de partage d’une nouvelle Russie Révolutionnaire et la trahison par la garnison française des intérêts du commandant suprême Koltchak, chef des Russes blancs transmis aux Bolchéviques par le général français sont révélateurs de la même attitude. Autant d’exemples pour démontrer que la France aux côtés d’autres pays européens n’a jamais porté la Russie en son cœur. Dommage parce que de tout temps les Russes ont aimé la France et affectionné beaucoup l’Europe ! En bon pragmatique, Poutine se désintéresse royalement des causes psychologiques de ces réticences. Il a son pays à défendre, quoi ! C’est pour cela qu’il se tourne du côté de Pékin pour forger des relations durables. A bon entendeur salut !

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