Berlusconi encore pour longtemps sur les devants de la scène politique ?

© © Photo: RIA Novosti/ Sergey GuneevBerlusconi encore pour longtemps sur les devants de la scène politique ?
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Le collaborateur de Silvio Berlusconi Dario Rivolta répond aux questions de La Voix de la Russie .

Il semble éternel. Après trois décennies sur la scène politique, Silvio Berlusconi continue à faire parler de lui. Et malgré de nombreux scandales, il n’a pas l’intention de quitter l’espace médiatique. Voilà pourquoi le livre du journaliste français Eric Jozsef Il vero Berlusconi. L'uomo, L'imprenditore, Il politico (Le véritable Berlusconi. L’homme, l’entrepreneur, le politicien), dans lequel le parcours de Berlusconi est commenté par Dario Rivolta, l’allié de Berlusconi et député du parlement italien de Forza Italia pendant trois mandats, semble particulièrement intéressant. M. Rivolta a accepté de répondre à nos questions.

La Voix de la Russie : Vous affirmez dans votre livre que toute structure que dirigeait Belsuconi, il la prenait pour son entreprise. Il avait la même approche lorsqu’il était au gouvernement. Est-ce la raison pour laquelle les électeurs ont cru en lui ?

Dario Rivolta : Oui, sa réussite en tant qu’entrepreneur était une raison pour certains de penser qu’il serait un bon chef du gouvernement. Mais diriger une société et diriger un pays, ce sont des choses différentes. Et il n’a pas été vraiment capable de se reconvertir. Berlusconi comprenait la valeur et l’importance des institutions publiques et leur « nature sacrée » (inviolable, ndlr), mais il mélangeait souvent le public avec le privé. Cela l’a fait commettre de nombreuses erreurs et a donné à l’opposition des possibilités de détruire son image.

En Russie, on ne voit rien de mauvais à ce que le leader du pays tente de prendre la responsabilité pour tout ce qui se passe dans le pays pendant une longue période. Mais c’est plutôt inhabituel pour une démocratie occidentale. Est-ce la raison principale de la défaite politique de Berlusconi ?

Dario Rivolta : Il se plaignait toujours que la durée du mandat et les procédés de la politique parlementaire ne lui permettaient pas de mettre en oeuvre ce qu’il voulait réaliser, et notamment de mener à bien les réformes qu’il évoquait pendant la campagne électorale.

Malheureusement, même si cela est vrai, la démocratie parlementaire est moins efficace par rapport au pouvoir exécutif fort, comme c’est le cas en Russie. Cependant, un homme politique habile aurait pu atteindre ses objectifs en ayant à sa disposition la majorité des voix que possédait le gouvernement de Berlusconi.

Mais il ne faut pas oublier que le premier ministre Bettino Craxi, possédant une majorité moins nombreuse au parlement, a fait beaucoup plus en 5 ans que Berlusconi en 20 ans au sommet de la scène politique. Cette incapacité de réaliser ses promesses s’est évidemment reflétée sur la confiance des électeurs en lui. Mais il faut aussi tenir compte du fait que ses adversaires politiques, la presse d'opposition et même certains gouvernements européens l’ont constamment diabolisé. Et puis, il s’est retrouvé au milieu d’une série de scandales sexuels, réels ou fictifs, qui ont accompagné les derniers mois de son gouvernement.

Pourquoi a-t-il conservé de bonnes relations avec Vladimir Poutine, et non pas avec les leaders européens ?

Dario Rivolta : Il n’a jamais été vraiment sympathique pour les leaders des pays européens. Berlusconi est trop différent de ses prédécesseurs, dans le bon sens et dans le mauvais sens du terme. Il voulait que l’Italie ait un rôle dominant sur la scène internationale comparé à celle que les autres pays avaient l’habitude de lui accorder. Il a pu cependant garder de bonnes relations avec Blair, Bush, Erdogan, Kadhafi, et Poutine. Mais Blair et Bush ne sont plus des leaders dans leur pays. Quant à Erdogan, il ne voulait plus afficher son amitié avec Berlusconi après les scandales sexuels de peur de voir son image en Turquie, un pays islamique, ternie. Kadhafi a été tué dans la guerre que Berlusconi ne voulait pas. Poutine a pu apprécier cette amitié, qui a été commencée pour des raisons politiques, mais s’est ensuite transformée en une sympathie personnelle entre les deux hommes.

Berlusconi est le seul président du Conseil des ministres dans l'histoire de l’Italie à occuper ce poste à quatre reprises. On parlait de sa volonté de devenir président, mais ce désir n’a pas pu être réalisé à cause d’une décision judiciaire. Aujourd’hui, il a 78 ans. Peut-il encore jouer un rôle dans la vie politique italienne ?

Dario Rivolta : Je ne suis pas sûr que Berlusconi soit le seul à avoir été premier ministre à quatre reprises. Mais il est le seul à avoir été chef du gouvernement pendant cinq ans en tout. C’est ce que j’évoque dans mon livre. Berlusconi, par son caractère, et pour d’autres raisons, va essayer de garder un rôle dominant dans la vie politique, si la santé le lui permet. Et pour y parvenir, il va essayer de passer des compromis avec ceux qui se trouvent au pouvoir. Aujourd'hui, il a conclu un accord avec Matteo Renzi et cela lui assure une certaine protection. Mais le problème, c’est que Renzi, est du moins aussi rusé et peu scrupuleux par rapport les moyens à mettre en œuvre que Berlusconi. Je pense que sous certaines circonstances, cet accord pourrait être dissout au bout d’un certain temps. Cela forcerait Berlusconi à chercher de nouvelles possibilités, mais il ne voudra pas être mis à l’écart de la vie politique italienne. Sa carrière politique va donc se poursuivre, même si cela n’aura presque aucune utilité pour l’Italie.

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