A qui profite le pétrole bon marche?

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La chute des cours de pétrole a mis en effervescence les tenants de l’économie et de la politique mondiale mais personne ne peut dire aujourd’hui avec certitude quelles en sont les vraies raisons. L’unique explication qui coule de source, c’est la baisse de la demande et l’excès de l’offre sur fond de ralentissement des rythmes de croissance industrielle.

Les versions concernant l’avenir du marché du pétrole ne se comptent plus depuis l’été 2014. Si certains analystes et financiers affirment que les prix bas sont temporaires et prédisent leur montée à plus ou moins brève échéance, d’autres estiment que la chute sera encore plus brutale. A qui profitent donc les bas prix de pétrole? La parole est à Roustam Tankaev, expert de l’Union des entreprises russes de pétrole et de gaz et directeur général d’ « Info TEK-Terminal » :

Les prix bas profitent aux pays consommateurs, surtout aux membres de l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE), c’est-à-dire à l’UE, aux États-Unis et au Japon. Viennent ensuite les pays émergents de la région d’Asie et du pacifique comme la Chine et l’Inde dont le prix de revient des produits dépend fortement des prix d’hydrocarbures.

Il existe aussi plusieurs explications du point de vie de conspirologie. La cause première serait la baisse artificielle résultant d’une collusion entre l’Arabie Saoudite et les États-Unis pour essayer de punir la Russie pour sa politique extérieure trop indépendante. Selon une autre version, les Saoudiens jouent à la baisse à eux seuls pour éliminer le concurrent américain avec son pétrole de schiste. Pourtant, les deux théories ne résistent pas arguments de poids. C’est que le budget de l’Arabie Saoudite se trouve menacé si le prix du pétrole descend à moins 80 dollars le baril, alors que Washington craint déjà la montée du dollar, réaction naturelle de la monnaie américaine au pétrole bon marché qui a aussi des retombées économiques. La réduction de l’offre servait auparavant de remède dans les situations semblables mais il n’y aura pas de réduction de production cette fois, estime Oleg Poddymnikov, directeur du département des opérations d’investissement de Lantra-Bank.

Les vendeurs peuvent réellement dire leur mot en réduisant l’offre mais les budgets des sociétés sont déjà programmés pour plusieurs années en avance. Par conséquent, la réduction de l’offre signifie les pertes directes parce qu’on ne peut pas arrêter la moitié des puits pour geler tout simplement les prix. Dans ces conditions, les vendeurs mettront sur le marché les mêmes quantités sans regarder aux prix, tout simplement pour rester à flot.

D’ailleurs, le pétrole à bas prix peut se répercuter sur les projets à long terme conçus par les producteurs. Dans ce cas, le rallongement du retour d’investissement exercera aussi un impact sur les consommateurs. En effet, de nombreux pays se sont investis dans les projets pétroliers pour profiter ensuite des ristournes. Mais, cette situation doit sûrement profiter à quelques-uns, comme le démontre l’étude présentée par l’édition Quartz. Il s’ensuit que plus le pays dépend du pétrole importé, plus l’efficacité énergétique de son économie est basse, plus il est dépendant géopolitiquement et plus il profite de la baisse du prix de cette ressource. Compte tenu de ces facteurs, les prix bas ont surtout fait le jeu des pays comme l’Ukraine, la Pologne, la Turquie, la Belgique et le Japon. Les États-Unis, la Corée du Sud, Singapour, la Grande Bretagne et l’Afrique du Sud font partie des dix pays qui s’en réjouissent le plus.

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