Face à la menace de l’État islamique, l'Europe renoue avec l’Égypte

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Pour la première fois depuis son accession au pouvoir controversée, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a entamé hier une tournée européenne, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Pour la première fois depuis son accession au pouvoir controversée, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a entamé hier une tournée européenne, écrit mardi le quotidien Kommersant.

Il rencontrera le président français François Hollande et le premier ministre italien Matteo Renzi. Le coup d’État qui l'avait mené au pouvoir avait particulièrement compliqué les relations entre le Caire et l'Occident mais la montée de l'influence des organisations terroristes en Afrique du Nord a poussé les Européens à fermer les yeux sur la nature du nouveau régime égyptien. Après une brève période d'isolement, le Caire recouvre ainsi la réputation de garant de la sécurité dans la région, et avec celle-ci la reconnaissance et les investissements internationaux.

La lutte contre la menace terroriste et l'influence de l’État islamique (EI) en Afrique du Nord sera le thème central des entretiens entre les trois hommes politiques, alors que des affrontements ont éclaté dans le Sinaï entre l'armée égyptienne et les troupes d'Ansar Bait al-Maqdis, qui a fait serment de fidélité à l'EI – une organisation qui contrôle déjà de nombreuses régions d'Irak, de Syrie et de Libye.

Les autorités égyptiennes, françaises et italiennes s'entendent sur le fait que la Libye demeure le principal foyer d'extrémisme en Afrique du Nord depuis la révolution de 2011: les islamistes contrôlent la capitale et aucun gouvernement central n'est en place. Comme l'affirme le Caire, les terroristes du Sinaï et de Libye coordonnent leurs actions et circulent librement entre les deux États. Une intervention militaire étrangère permettrait de mettre un terme à ces mouvements, a déclaré Abdel Fattah al-Sissi lors de sa visite à Rome.

Selon les médias, en octobre l'aviation égyptienne a déjà attaqué les positions des islamistes en Libye. La France ne s'empresse pas encore d'envoyer son armée de l'air pour combattre les extrémistes libyens mais le gouvernement français est manifestement prêt à soutenir le Caire s'il endossait la responsabilité principale de rétablir l'ordre dans le pays voisin. L'Italie, pour sa part, a l'intention d'accorder au Caire une aide économique et d'investir des fonds importants dans l'économie égyptienne.

Les experts pensent que la période de froid entre l’Égypte et l'Occident est terminée. "L'Occident connaît l'importance du Caire pour la sécurité régionale. L'instabilité en Afrique du Nord est une menace pour le sud de l'Europe. Les pays de cette région sont prêts à aider activement l’Égypte", pense Theodore Karasik de l'Institute for Near East and Gulf Military Analysis (Institut d'analyse militaire du Proche-Orient et du Golfe/Inegma) de Dubaï. Les dirigeants occidentaux ont donc fermé les yeux sur les persécutions des islamistes par les nouvelles autorités, qui ont fait 1 500 morts après le renversement du président Mohamed Morsi en 2013, qui risque la peine capitale.

Selon les experts interrogés, le renforcement des liens entre le Caire et l'Occident de devrait pas se refléter sur les relations entre l’Égypte et la Russie. "La tournée européenne du président al-Sissi pourrait même renforcer la coopération russo-égyptienne dans le domaine de la sécurité. Moscou joue un rôle clé dans la vente d'armements au Caire et à l'Algérie. L'Italie et la France ne s'y opposent pas. Au contraire, elles reconnaissent l'importance de la Russie pour la stabilisation de la région. Les événements en Ukraine n'ont pas poussé Paris et Rome à revoir leur approche", affirme Theodore Karasik.

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