La France, est-elle prête à se remettre d’aplomb ?

La France, est-elle prête à se remettre d’aplomb ?
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Dieu rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes, disait Bossuet. Ce constat aussi condensé qu’universel illustre fort bien les soubresauts nerveux de la classe dirigeante actuelle qui prétend traiter les effets de la crise en s’enfonçant encore plus dans l’ornière que celle-ci a creusée. Mais voici qu’une voix s’élève, de profundis, celle de Serge Federbusch. Président du Parti des Libertés, auteur du livre « Français, Prêts pour votre prochaine révolution ? », il analyse les prémisses d’une catastrophe inéluctable qui finalement devrait préparer les Français à une nouvelle Révolution.

La VdlR. Dans votre essai, vous relevez une similitude plus ou moins éloignée entre le climat insurrectionnel latent qui règne dans la France de Hollande et celui qui a précédé la révolution de 1789. Vous évoquez notamment la "valse-hésitation" de Louis XVI peu avant sa fuite. Or, nous avons actuellement devant nous un Président sans cesse hésitant, mou, girouette, tiraillé entre les desiderata de Washington et un certain sens des intérêts nationaux. Se pourrait-il que François Hollande, dépassé par la montée des colères populaires et confronté à son incapacité de gérer la crise, soit finalement destitué en vertu de la loi sur la destitution du Président signée fin octobre?

Serge Federbusch. Non, je ne crois absolument pas qu'Hollande parte prématurément à l'issue d'une procédure législative ou constitutionnelle standard. Le système politique se protège lui-même et la fonction présidentielle est sa clé de voûte. La condition de majorité à réunir est quasi-impossible à trouver. Je pense plutôt au scénario d'une dissolution ratée. Hollande n'a aucun intérêt à attendre placidement 2016 et la tenue de primaires à gauche qui lui seraient fatales. Une dissolution lui permettrait de rebattre les cartes même si le PS est laminé. Le seul problème est qu'il lui faut éviter une victoire sans appel de l'UMP qui pourrait réclamer sa démission immédiate, consciente des chausse-trappes que le président en embuscade chercherait à mettre sous ses pas. Puisque Sarkozy, qui aura également intérêt à éviter les primaires, cherchera à empêcher la cohabitation, Hollande n'a guère de solution immédiate. Ce qui risque de le faire chuter c'est plutôt l'impossibilité dans laquelle il va se trouver de faire voter les réformes que Bruxelles et Berlin finiront par exiger.

La VdlR. Le PS ne semble plus avoir d'avenir au-delà de 2017, l'UMP est divisée par deux tendances, - l'une plus proche du FN, l'autre atlantiste à fond - quant au FN, malgré une progression sensible, il n'est pas certain qu'il obtienne une majorité suffisante du fait de son passé et de la campagne de marginalisation tenace dont il est l'objet. Quels pronostics faites-vous pour les prochaines présidentielles dans ce contexte complexe?

Serge Federbusch. Les médias et l'oligarchie pensent avoir trouvé le candidat apte à perpétuer leur pouvoir : Alain Juppé. Mais paradoxalement, le président en place, Hollande, et le futur chef du principal parti d'opposition parlementaire, Sarkozy sont en position de challengers et ont les moyens de torpiller ce scénario. Nous sommes donc dans une situation où les gens au pouvoir dans la majorité comme dans l'opposition deviennent peu à peu les adversaires du système. Cela préfigure souvent un effondrement et fait un peu penser à l'Union soviétique à bout de souffle.

La VdlR. Vous parlez d'une "réforme radicale de la France" comparable à celle de 1958 qui a donné lieu, entre autres, à la naissance d'un gouvernement d' "union nationale" ainsi qu'au passage de l'ancien franc au nouveau. Estimez-vous que des réformes d'une telle envergure soient envisageables tant que la France continue à subir la technocratie du Parlement européen?

Serge Federbusch. Non, il faut à la fois se libérer du carcan de l'euro et entreprendre les mesures d'assainissement d'un Etat obèse. Le problème est qu'en France ces deux actions complémentaires ne sont proposées par aucun des grands partis au pouvoir : soit ils obéissent à l'Europe technocratique, soit ils ambitionnent de défendre la bureaucratie, comme le FN après son ralliement à une sorte de discours postcommuniste.

Celui ou celle qui remettra la France d'aplomb sera celui ou celle qui la libèrera à la fois de son assujettissement extérieur et de ses démons intérieurs.

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