Le temps de créer une armée européenne est-il vraiment venu ?

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« Le temps est venu de créer une armée européenne », tel est le titre d’un commentaire paru ces derniers jours dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit.

« Les militaires d’Allemagne et de France se plaignent de problèmes en matière d’armement. Globalement, les forces armées européennes sont à l’abandon. Face à la menace islamique et à la crise ukrainienne, il faudrait changer la situation en mieux, et ce, par des efforts communs », écrit notamment l’hebdomadaire.

Au cours d’une réunion récente à Bruxelles du Comité militaire de l’Union européenne, le président de ce comité, le général Patrick de Rousiers, a déclaré que l’édification des structures militaires de l’UE était parvenue au stade où il fallait décider de leur rôle stratégique. Réunis la semaine dernière à Bruxelles, les ministres de la Défense de l’UE ont quant à eux souligné la nécessité urgente de « permettre à l’UE et à ses Etats membres d’assumer des responsabilités accrues en tant que pourvoyeurs de sécurité, au niveau international et dans le voisinage de l’UE ». Un document adopté pendant la réunion comporte une longue liste de mesures à prendre pour atteindre les objectifs fixés.

Inutile de deviner ce qu’on entend par « voisinage de l’UE ». La réponse à cette question a récemment été donnée par le partenaire supérieur au sein de l’OTAN. Des agences de presse ont annoncé que les Etats-Unis se proposaient d’accroître le nombre de leurs blindés stationnés en Europe au sein des forces alliées. Cela se produira pendant les exercices « Altantic Resolve ». Selon le lieutenant général Ben Hodges, commandant des forces terrestres de l’OTAN en Europe, il entend laisser tout le matériel en Europe de l’Est après les exercices. Cela doit « redonner de la certitude » aux alliés qui sont géographiquement les plus proches de la « source de danger », a dit le général.

Quant à la « source de danger », tout est clair avec elle. Mais voilà qui est intéressant : sur fond de la déclaration du général qui se sent de fait maître de la situation en Europe, il est difficile d’imaginer une armée indépendante de l’Union européenne qui mènerait des manœuvres à proximité. L’expert militaire connu Igor Korotchenko, rédacteur en chef de la revue Natsionalnaïa Oborona (Défense Nationale), est sceptique à ce sujet.

« L’UE déclare depuis longtemps vouloir mener des opérations militaires mais il est tout à fait évident que l’Europe ne peut pas le faire de son propre chef. Les Etats-Unis jouent toujours le rôle d’instigateur et de donateur principal au sein de l’OTAN. Quant au potentiel technico-militaire de l’Europe, il est bien restreint en comparaison avec le potentiel américain. »

Concernant le matériel, seulement 36 des 89 chasseurs « Tornado », huit des 109 chasseurs « Eurofighter », 21 des 56 avions de transport « Transall », sept des 67 hélicoptères de transport, etc. sont opérationnels selon le ministère allemand de la Défense. La situation des forces armées françaises n’est pas non plus meilleure. Sur cette toile de fond, la chancelière allemande Angela Merkel a récemment fait état de sa volonté de maintenir jusqu’au bout les sanctions antirusses qui se répercutent aussi sur l’économie de l’Allemagne et de l’UE. Sans commentaire. /N

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