Visages de l’histoire russe : Pierre II

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Le destin n’a donné à l’empereur russe Pierre II que 14 années de vie. Le souverain ne fut pas le fruit d’amour heureux de ses parents, le tsarévitch Alexis et la princesse allemande Sophie-Charlotte.

Les jeunes époux ne s’allièrent pas par amour mais par la volonté de fer du tsar russe Pierre Premier qui voulait s’apparenter avec une dynastie européenne. La malheureuse Sophie-Charlotte qui se retrouva dans un pays étranger et mariée à l’homme qu’elle n’aimait pas, décéda 10 jours après la naissance de son fils en prononçant ces paroles chargées d’amertume : « Je meurs bien volontiers ». Le petit Pierre resta sans mère et fut bientôt privé de son père : Alexis s’enfuit à l’étranger mais Pierre Premier le fit revenir et exécuter pour haute trahison.

Privé de tendresse parentale, le jeune Pierre poussait comme une herbe de prairie et son éducation était négligée. Pierre Premier décéda entre-temps, sa veuve Catherine Première monta sur le trône mais le pouvoir réel était concentré entre les mains du prince Alexandre Menchikov, homme de confiance de Pierre Premier. Ce courtisan rusé était aux petits soins avec Catherine et son successeur, le jeune Pierre. Assoiffé de tendresse, le gamin développa une affection pour Menchikov. Il se mit même à l’appeler « petit père » sans se douter que celui-ci avait signé l’arrêt de mort de son vrai père, le tsarévitch Alexis. Le « petit père » calculateur s’empressa de fiancer le petit prince à sa fille Maria en espérant prendre ainsi ascendant sur le tsar.

Catherine Première décéda en 1727 et le gamin âgé de 11 ans devint empereur Pierre II. Pourtant, c’était toujours Menchikov qui gouvernait le pays et le petit souverain qui faisait confiance au « petit père » signait sans murmurer tous les décrets rédigés de sa main. Menchikov commit cependant une grave erreur. Il nomma au poste de précepteur de Pierre l’Allemand fourbe du nom d’Osterman qui se faisait passer pour son partisan dévoué. Or, Ostreman haïssait en réalité le régent tout-puissant et préparai sa chute avec le clan princier des Dolgorouki. L’Allemand rusé était un bon psychologue et ses leçons passionnèrent Pierre au point qu’à peine réveillé, il attendait avec impatience ses leçons. Le perfide pédagogue en profitait pour dresser le jeune empereur contre Menchikov.

Menchikov fit une longue et grave maladie en été 1727. Il guérit mais perdit son influence sur Pierre. De plus, le gamin s’éprit de sa tante Elisabeth âgée de 18 ans. Cette beauté expérimentée, la fille de Pierre Premier, briguait le trône, la raison pour laquelle elle se montra bienveillante envers les galanteries naïves de son jeune parent. Pierre II et Elisabeth partaient tous les jours se promener ou allaient à la chasse et le soir le jeune empereur composait des poèmes d’amour dédiés à sa tante. Séduit par les charmes d’Elisabeth, Pierre se déprit de Maria Menchikova. Le prince s’en aperçut et décida de donner une leçon au « gamin effronté ». Un jour, les courtisans offrirent à l’empereur une grosse somme d’argent et Pierre donna l’ordre de l’envoyer à sa dame de cœur Elisabeth. L’ayant appris, Menchikov fit intercepter l’estafette et empocha carrément le cadeau. Pierre était hors de lui. Il convoqua le prince et lui passa un sacré savon. « Je vais te monter qui de nous est l’empereur ! », tempêtait le jeune souverain rattrapé par le tempérament impétueux de son grand-père Pierre Premier. Surpris par la réaction aussi véhémente, Menchikov fut obligé de rendre gorge.

Bientôt le prince offrit une réception fastueuse dans son domaine, Pierre avait promit de venir mais ne vint pas. Dépité, Menchikov commit une erreur fatale en prenant ostensiblement la place du tsar pendant l’office divin. Ses malveillants en firent immédiatement leur rapport au souverain. Cette incartade effrontée mit fin à la carrière de Menchikov qui fut arrêté et exilé en Sibérie avec sa famille. Un autre prince et notamment Ivan Dolgorouki, noceur impénitent connu dans toute la capitale, devint le nouveau favori du tsar.

Après la chute de Menchikov, Pierre se sentit entièrement indépendant. Il cessa d’étudier et abandonna les affaires d’État. Dolgorouki habitua le jeune souverain aux débordements et à la débauche. Son caractère changea également : il devint capricieux et irascible. Le jeune homme se passionna surtout pour la chasse et passa des semaines à chasser le gibier dans ses domaines accompagnés d’une suite huppée. Et pendant ce temps l’État était gouverné par le clan des Dolgorouki. A la fin de 1729, se croyant tout permis, Ivan Dolgorouki répéta l’erreur de Menchikov en imposant à Pierre les fiançailles avec sa sœur. Le jeune empereur consentit de mauvaise grâce mais les courtisans remarquèrent qu’au bal donné en l’honneur des fiançailles Pierre avait une mine renfrognée et boudait sa fiancée. Le gamin grandi sentait que Dolgorouki se servait de lui comme le faisait Menchikov. Pierre ne put trouver pas un seul homme de confiance dans son entourage. Le souverain tomba gravement malade en décembre. Elisabeth rendit visite à son neveu. Le gamin de 14 ans était triste, disait qu’il était las de la vie et allait bientôt mourir. Ses paroles s’avérèrent prophétique et le 19 janvier 1730 Pierre II décéda de variole. Sa mort mit fin à la lignée mâle directe de la dynastie des Romanov.

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