Alsace : « La future région est une annexion »

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Andrée Munchenbach : C'est une fusion pas consentie. C'est une espèce de viol, un mariage forcé. On a appelé cela une annexion.

La manifestation de Colmar de ce 30 novembre, qui a été une manifestation contre la fusion de l'Alsace avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne, avait été autorisée au départ contrairement à ce qui a été écrit dans les médias. La personne qui avait porté la responsabilité de la demande et de la manifestation a été dissuadée, selon Andrée Munchenbach, présidente de Unser Land, parti politique alsacien régionaliste centriste qui compte 300 encartés. « On lui a fait peur en fait ou elle a été maladroite dans sa demande en signalant le blocage de plusieurs rues ». Cette personne a annulé la manifestation mais Unser Land a pris la relève au dernier moment, une sorte de tolérance a été faite pour laisser la manifestation avoir lieu. Les manifestants, 4000 selon les organisateurs et 1500 selon la préfecture, sont venus pour exprimer leur désaccord face à une réforme qui ne leur convient pas. « Il est question d'une annexion par la force ce qui est une action brutale », pour la présidente de Unser Land. Dans un entretien, Andrée Munchenbach nous montre comment Paris méprise sa population en appliquant ses choix de manière non démocratique.

LVdlr : Une annexion ?

Andrée Munchenbach : C'est une fusion pas consentie. C'est une espèce de viol, un mariage forcé. On a appelé cela une annexion. C'est un terme d'autant plus justifié car l'Alsace a subi une annexion par les nazis en 1940, par Louis XIV au XVIIe siècle.

LVdlr : Le gouvernement français ne respecte pas les citoyens vivant en Alsace ?

Andrée Munchenbach : Ce que je peux dire c'est que le gouvernement français ne respecte pas l'expression des élus alsaciens, que cela soit les députés qui (tous les élus alsaciens sauf deux qui s'abstiennent) ont voté contre cette réforme. Le gouvernement français ne respecte pas 96 % des élus régionaux et départementaux qui ont voté contre cette fusion et ne respecte pas non plus des dizaines de milliers de pétitionnaires qui ont signé des pétitions contre cette fusion. Tout n'est pas terminé car ce projet de fusion passe encore devant l'Assemblée nationale. L'objectif de ces manifestations est de montrer au gouvernement que le peuple alsacien ne veut pas de cette réforme.

LVdlr : Avez-vous prévu de faire un référendum ?

Andrée Munchenbach : Nous pensons qu'il aurait fallu faire un référendum. La charte de la démocratie locale a été ratifiée par la France mais elle ne la respecte pas. Cette charte prévoit un référendum. On ne respecte pas l'avis de la représentation politique alsacienne et on ne consulte pas la population à travers un référendum. A ces deux niveaux, il y a un manquement démocratique.

LVdlr : Vous aviez à cette manifestation des Bretons, des Corses ... ?

Andrée Munchenbach : Oui, nous avions des régionalistes bretons. Ils faisaient partie du collectif qui a organisé dans un premier temps la manifestation.

LVdlr : Que répondez-vous à ceux qui disent que Unser Land veut faire un Land version allemande ?

Andrée Munchenbach : Unser Land souhaiterait effectivement qu'on s'inspire des modèles européens voisins où les régions disposent d'une réelle autonomie politique et fiscale. C'est ce que nous avons en Suisse, en Belgique, en Allemagne, en Espagne ou en Grande Bretagne. On ne demande rien d'extraordinaire. La France est le dernier pays centralisé de l'Europe.

LVdlr : Unser Land a-t-il des soutiens du côté de Berlin, d'autres partis politiques européens ou d'autres mouvances ?

Andrée Munchenbach : Nous n'avons rien à l'extérieur de la France. Nous sommes dans une fédération française qui se nomme régions et peuples solidaires et qui est en contact avec des partis régionalistes européens. (Sur le site de régions et peuples solidaires on voit pourtant bien sur une carte de l'Europe l'Alsace disparaître dans le giron allemand).

LVdlr : Est-ce que Unser Land veut faire sécession ?

Andrée Munchenbach : Non, nous voulons que l'Alsace devienne une région autonome au sein de la France.

LVdlr : Quel est votre recours si Paris reste sourd à votre demande de référendum ? Que pouvez-vous faire techniquement ?

Andrée Munchenbach : Techniquement je ne sais pas. Nous ne sommes pas certains de gagner en faisant un recours par le biais de la charte des démocraties locales. Si l'Assemblée nationale vote la fusion de l'Alsace avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne, nous ne savons à ce jour pas quoi vous dire. /N

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